Interview de Topher, mangaka français

Comment s’est déroulé votre travail sur le manga Hajimé ! relatant la vie du dieu vivant Teddy Riner ?

En tant que dessinateur, mon rôle est de faire passer les mots de Tiers (le scénariste) de la manière la plus claire et énergique possible sur le papier. Je reçois donc son script, et procède à mon propre découpage, que je transpose sous forme de story-board. Une fois celui-ci validé par l’équipe éditoriale, je dessine les pages au propre. J’ai pu également prendre des libertés sur les designs des personnages, ce qui était bien plaisant !

Comment Christophe Cointault est-il devenu Topher ?

Le « moi » d’avant a disparu, à la suite d’un divorce et de grands changements de vie. J’ai remis beaucoup de choses en question, mais surtout, j’ai voulu tordre cette réalité déprimante qui s’imposait à moi. Je me suis donc rapidement remis en mouvement, pour explorer les possibilités de ce nouveau chemin inattendu. J’ai inclus beaucoup de sport dans ma vie, au point d’en faire mon sujet de prédilection pour mes futures productions. Issu du judo, je revenais en fait à mes premiers amours : les sports de combat. Et puis, je voulais que mon fils soit fier de moi, qu’il n’ait pas un père défaitiste comme modèle. Ce genre de carburant, ça aide. Mon pseudo symbolise cette nouvelle vie.

Pourquoi avoir choisi la voie du manga plutôt que celle de la franco-belge ?

Une réponse courte serait « pour Dragon Ball » ! Mais dans le fond, c’est mon mode d’expression favori. Un format simple et généreux, qui propose des histoires captivantes, pour pas cher… Ce côté « populaire » du manga m’a toujours attiré.

Comment définiriez-vous le manfra ?

C’est un mot que je n’emploie pas.

Pourquoi utiliser un sens de lecture japonais ?

Car cela fait partie de la grammaire du manga. J’ai déjà travaillé dans le sens de lecture occidental, mais l’expérience m’a montré que les lecteurs préfèrent le sens japonais. Et il est important de penser au plaisir des lecteurs !

Auparavant, vos mangas Central Yuniverse, Tinta Run et Wind Fighters appartenaient au domaine de l’imaginaire. Pourquoi être passé à des mangas plus réalistes comme Eightfull et Hajime ! ?

Cela va de pair avec mes changements de vie cités plus haut. La grosse couche de naïveté qui m’enveloppait a disparu, si bien que j’ai préféré parler du « vrai monde », que je connais mieux maintenant, par l’expérience, plutôt que de rester dans des mondes inspirés de mes lectures d’enfance. Et puis, ancrer ses histoires dans la France que l’on connaît, avec les sports de combat en toile de fond, me paraît être une excellente piste à suivre.

Quelle est votre « base culturelle » dans le domaine de l’imaginaire ?

Je cite toujours des gros shonens, comme Dragon Ball, Naruto, Baki… Mais j’ai également beaucoup été inspiré par l’univers Disney, notamment les BD de Don Rosa, les vieux Strange (magazines où l’on retrouvait Spider-Man, les X-men…), et aussi bien sûr les jeux vidéos (la N64 est ma console mythique). J’adore le cinéma et j’essaie d’y aller régulièrement. La puissance créative de James Cameron m’impressionne, mais aussi Spielberg, Scott, Cronenberg, Burton, Miller, Fincher… Mon film culte est le premier Robocop, de Verhoeven !

Quelle a été l’idée de base pour les mangas où vous étiez également scénariste ?

Assez naïvement, je dirais la liberté. Je voulais tout simplement créer des héros à l’image de ceux qui m’ont accompagné durant l’enfance. Ceux pour qui la vie est un grand voyage rythmé de combats, de découvertes, de joies et de peines… mais avec la victoire au bout du compte, toujours !

Le manga Hajime! doit comporter trois tomes. Quelle sera votre prochaine production ?

Je travaille en parallèle sur Eightfull, un manga de MMA, que j’aimerais pouvoir sortir après l’aventure Hajime. J’ai le luxe de pouvoir prendre mon temps… même si je préfère le rush !


Bibliographie

Central Yuniverse (auto-édition, 2013)
Tinta run (Glénat,2018)
Wind Fighters (Glénat, 2020)
Eighfull (auto-édition, 2022)
Hajimé !(Pika, 2024)