TCM – Boulevard du crépuscule

Comme elle le raconte dans ses mémoires, Gloria Swanson, âgée de 50 ans, a besoin d’argent pour faire vivre sa famille. Sans aucun état d’âme ni scrupule, l’actrice accepte ce rôle de star déchue du muet, qui va sombrer dans la folie. Pourtant ce personnage semble si proche de sa propre histoire, de son propre vécu, que nous pourrions ressentir un vrai malaise en l’observant évoluer, les yeux vides, froids… soudain hantés par un passé obsédant.

Cependant, cette grande dame qu’était Gloria Swanson n’est pas Norma Desmond. Impériale et hallucinée, elle traverse l’écran avec une classe inimitable. Un des plus importants hommes de sa vie, Erich Von Stroheim, joue son chauffeur et ancien… amant et réalisateur. Un extrait de Queen Kelly, son film inachevé qui contribua à ruiner les studios et accessoirement le grand homme tout en enterrant leur liaison passionnée, est montré dans le film. Si la saisissante scène d’ouverture est culte, la partie de cartes avec Buster Keaton, dans son propre rôle, personnage de cire imperturbable ressemblant soudain à un fantôme oublié, l’est tout autant.

N’oublions pas le célèbre final, la descente de l’escalier, apothéose magnifique ! Cecil B. de Mille ou H.B. Warner interprètent comme d’autres, leur propre rôle, apportant une authenticité tragique. Enfin, le talent indéniable de William Holden, révélation du film, traverse les années, en cynique et séduisant apprenti écrivain et authentique gigolo qui se trouvera pris à son propre piège…

Billy Wilder nous démontre ici qu’il est tout aussi brillant dans le drame profond et noir, que dans la comédie !