La nuit des autres – Avis +

Présentation de l’éditeur

Marville, petite ville des côtes normandes. La Société des Amis d’Aubin Corbier, qui entretient la mémoire du célèbre auteur local, vient de perdre deux de ses membres dans des conditions mystérieuses. Chargée de l’enquête, le capitaine Carole Riou doit composer avec une administration qui compte régler cette affaire au plus vite et réprimer les sentiments confus que suscite en elle le fils de l’écrivain, vers lequel convergent tous les soupçons. Déterminée à explorer d’autres pistes, Carole est loin d’imaginer qu’elle va découvrir des abîmes de noirceur et de terribles secrets enfouis derrière la façade honorable des notables de la ville…

Avis de Marnie

Changeons d’atmosphère ! Si vous en avez assez des thrillers glauques, façon roman noir américain, avec le flic désabusé alcoolique à la recherche du serial killer qui a croisé son chemin, ou de l’ambiance étouffante des remises en questions britanniques, vous serez alors dépaysés par cette écriture très soignée, classique et sage, mettant en scène la description des us et coutumes d’une petite petite ville moribonde de Normandie, où comme dans toute ville de province, le quartier résidentiel d’une richesse passée, mais immuable côtoie la cité où chômage et misère submergent ses habitants.

C’est ici qu’est venue se réfugier le capitaine Carole Riou, traumatisée, après la mort accidentelle de son mari, et surmontant difficilement un deuxième décès, celui de son père. Seuls les démêlés conjugaux de son adjoint lui donnent l’impression d’exister. C’est dans ce contexte que la mort accidentelle d’un vieux notable de quatre-vingt ans, puis la découverte d’un chien égorgé, vont soudain déranger la morosité ambiante.

D’un récit intriguant mais sans énorme surprise, Yvonne Besson va peu à peu tisser une toile très solide, qui retiendra notre intérêt au fur et à mesure que l’action se déroulera. L’attention est focalisée sur le personnage très attachant de Carole Riou, qui soudain sort de sa torpeur pour se passionner de façon irraisonnée pour un homme avec lequel elle n’a échangé que quelques mots anodins. En fait, cette histoire se construit autour du non-dit, la révélation de secrets enfouis dans le passé déclenchant alors une réaction en chaîne, que le capitaine va tenter de comprendre puis de stopper, tout en se fiant à une intuition qui peut-être l’aveugle.

Les autres caractères possèdent une vraie personnalité, même s’ils ne sont certaines fois qu’ébauchés, ainsi l’adjoint de Carole, Alain Modard qui vit une crise conjugale qui se répercute sur son travail, leurs supérieurs qui sont soit ambitieux et serviles, soit négligents attendant passivement leur retraite, un politicien abjecte du Front National, des vieilles dames plus ou moins indignes, une bonne possessive, effrayée à l’idée d’être placée dans une maison de retraite, un ancien footballeur mal reconverti, un jeune procureur besogneux, le commandant Dubreuil chargé de prendre l’enquête en main… Aux termes de ces rencontres, Carole Riou va peu à peu renaître à la vie, tenter de se faire de nouveaux amis, de nouveaux amours, tâtonnant, mais avançant malgré les inévitables déceptions, prête à poursuivre enfin son existence.

Même si cette histoire a été écrite en 1999, elle reste d’actualité tout en possédant un charme suranné des plus agréables. Loin de la noirceur anglosaxonne, Yvonne Besson préfère les aspects doux-amers d’une renaissance.

Fiche Technique

Format : poche
Editeur : Pocket
Collection : Pocket Policier
Sortie : 12 juin 2008
Prix : 6,40 €