Résumé de l’éditeur
Now her would-be rapist is getting out of prison. Early. And Skye knows that Dr. Oliver Burke hasn’t forgotten what her testimony cost him.
Avis de Callixta
Trust me inaugure une nouvelle trilogie de Brenda Novak et comme la précédente s’était révélée particulièrement innovante et réussie, ce premier tome était très attendu. Cette fois, elle nous entraîne dans les histoires douloureuses de trois jeunes femmes unies par leur travail au sein d’une association pour aider des victimes : The last stand.
Toutes ont été confrontées directement ou par l’intermédiaire d’un proche à une agression. Skye Kellerman a subi, quatre ans auparavant, une tentative de viol particulièrement dure. C’est lors de l’enquête qui a suivi qu’elle a fait la connaissance de David Willis, détective dans la police de Sacramento. Maintenant, quatre ans après, elle lutte encore pour retrouver une vie normale, lorsqu’elle apprend que Burke va être libéré sur parole pour son comportement exemplaire bien avant les huit ans qu’il devait effectuer. Cette annonce va complètement bouleverser sa vie mais aussi celle de nombreuses personnes.
Il est souvent difficile de trouver un équilibre dans les romantic suspenses entre l’histoire d’amour et le suspense. Brenda Novak privilégie sans aucun doute l’intrigue mais la relation entre David et Skye est originale et poignante. Cela fait presque regretter de ne pas trouver davantage de passages sur eux, mais il n’y a rien de banal ni de commun entre eux et c’est ce qui compte. De plus l’intrigue est très bien menée avec une montée de la tension vers une issue que l’on devine très vite. Mais c’est justement l’attente de ce qui va arriver inéluctablement qui est passionnante. Cela et le soin avec lequel Brenda Novak décrit le l’explosion nucléaire que va être la sortie de Burke auprès de Skye mais aussi de la propre famille de l’agresseur.
De plus, Brenda Novak a situé son roman à un moment intéressant d’un suspense. Il n’y a pas de coupable à identifier : Burke a laissé suffisamment de traces. David et Skye sont persuadés qu’il a tué trois autres jeunes femmes avant de l’agresser mais aucune preuve n’a pu être trouvées. S’ils parviennent à produire des faits impliquant Burke, il retournera en prison et cette fois pour longtemps. Ce qui est intéressant est la course contre la montre pour faire arrêter Burke avant sa sortie ou avant qu’il recommence. De même, le roman se situe à un moment inhabituel d’une histoire d’amour : Skye et David s’aiment depuis l’enquête quatre ans auparavant mais Willis est pris dans un divorce difficile et refuse de s’impliquer avec elle. Rien n’a été promis, rien n’a vraiment commencé entre eux mais tous deux semblent bloqués dans leur histoire.
Brenda Novak écrit des romans profondément psychologiques, fins et parfaitement pensés. Tous les personnages – et il sont nombreux – ont leur dose de problèmes, de défauts et de qualités. Elles nous offrent des portraits nuancés de chacun : David, homme droit et honnête qui veut faire ce qu’il y a de mieux pour son ex-épouse, la mère de son fils qui souffre en plus de sclérose en plaque. Il résiste à Skye les plongeant tous deux dans une douleur bien involontairement. Skye reste très marquée par son agression et s’est reconstruite autour de sa peur, se barricadant chez elle armée jusqu’aux dents. Elle pose de façon douloureuse le problème de la vie après un drame. Mais la femme de Burke, Jane, est très touchante aussi. Elle a soutenu son mari et ne doute de lui que tardivement. Il y a également l’ex-femme de David, Lynette, qu’il n’aime plus et qui souffre terriblement de la fin de son mariage mais aussi de sa maladie… David rappelle d’autres héros de Brenda Novak notamment celui de l’Etrangleur de Sandpoint lui aussi aux prises avec une ex-femme.
Tous ces personnages sont attachants et fouillés. Ils prennent vie et leurs actes bons ou mauvais deviennent explicables. Même Burke, en psychopathe, propre sur lui, bon père et bon mari a un côté pitoyable. Il révulse mais il y a suffisamment de détails pour comprendre le cheminement qui l’a conduit à ce qu’il est.
Brenda Novak a décidément bien du talent surtout lorsqu’il faut trousser des intrigues aussi psychologiques. Elle parvient très bien également à tenir le suspense et à nous faire trembler pour les différents protagonistes. Attention, il y a très peu de scènes d’amour entre les deux héros. Leur relation est impossible lors d’une grande partie du roman mais, personnellement, j’ai beaucoup apprécié la tension entre eux et la tendresse qui couve.
Brenda Novak se permet même de toucher à des sujets que les Américains évitent : l’adultère et la séparation par exemple. Plusieurs couples sont confrontés à la gestion de ce douloureux problème et au choix que l’on peut être amené à faire. D’une manière assez allusive, il est question du port d’armes et du droit si américain de se défendre soi-même. Brenda Novak a le grand talent de ne jamais juger et de toujours nuancer ses propos. C’est une grande qualité. Le livre est violent et parle parfois de sujets pénibles. Il vaut mieux la savoir avant de le commencer même si il n’y a aucune complaisance dans ces scènes.
Enfin, il faut terminer en parlant des deux amies de Skye qui seront les prochaines héroïnes. Dans Stop me, c’est Jasmine, une métisse indienne qui a des pouvoirs psychiques et dans le Watch me, c’est Sheridan. Nous les voyons assez peu dans ce roman mais elles semblent aux prises avec les mêmes problèmes que Skye : la reconstruction et les limites des associations de victimes. Tout cela laisse augurer de très bons moments de lecture ! Espérons qu’Harlequin les traduira au plus vite pour en faire profiter les lectrices françaises.
Fiche Technique
Format : poche
Pages : 448
Editeur : Mira Books
Langue : anglais
Sortie : 1 juin 2008
Prix : 4,48 €