De la nécessité de regarder Heartstopper (encore et encore)

Il y aurait tellement de choses à dire, à disséquer, à analyser sur cette série qu’il est finalement impossible d’en tirer une chronique. On a longtemps hésité, on a tergiversé, on s’est trituré le cerveau, mais force est de constater que l’impact est tel qu’on y aurait écrit que des banalités d’usage, du style A découvrir absolument, voire A ne pas manquer, ou encore le pragmatique A ne rater sous aucun prétexte !

S’il existe une série quasi-parfaite, c’est Heartstopper, s’il existe un adaptation intelligente et fidèle (juste ce qu’il faut) d’une oeuvre, c’est Heartstopper, s’il n’existe qu’une seule raison pour vous abonner à Netflix, c’est Heartstopper. Le site de référence américain Rotten Tomatoes (redoutable pour ses critiques) le gratifie d’un taux de satisfaction de 100%. Mais depuis quand écoute-t-on les critiques ? Le meilleur moyen de se faire une idée est de regarder et de juger par soi-même. Et on vous encourage fortement à le faire.

La série est adaptée des deux premiers volets de la série de romans graphiques[[Publiés chez Hachette]] à succès signés par la britannique Alice Oseman, qu’on avait découverte avec son tout premier roman, L’Année Solitaire, publié chez Nathan, en 2015. Écrit alors qu’elle n’avait que dix-sept ans, ce roman met en scène une ado bordeline, Victoria ‘Tori’ Spring, sorte de Mercredi Addams 2.0, dans laquelle l’autrice avouait avoir mis beaucoup d’elle-même. Dans le roman apparaissaient déjà Nick et Charlie, l’archétype du couple idéal, malgré la dépression de Charlie, qui avait dû faire face à du harcèlement suite à la révélation de son homosexualité, alors qu’il n’avait que quatorze ans.

Les romans graphiques se passent quelques temps avant L’Année solitaire, et racontent en détail la rencontre (magique) entre Charlie (Joe Locke, une révélation) et celui qui deviendra (sans doute) son grand amour, Nick Nelson (l’incroyable Kit Connor). Dans une scène au début de la série, Tori demande à Charlie de lui décrire le garçon de ses rêves, et l’adolescent dresse sans le savoir le portrait parfait de celui qui fera battre son coeur. « Coeur », c’est le maître-mot de cette série qui respire littéralement la bienveillance, qui pose les bonnes questions, qui rassure et qui pousse à s’interroger. On est nombreux à se dire qu’une telle série était décidément nécessaire, et que mieux vaut tard que jamais.

Heartstopper, c’est l’histoire d’un garçon qui tombe amoureux d’un garçon. Mais pas que. C’est tellement plus. L’homosexualité adolescente n’est plus un sujet confidentiel, et Heartstopper n’est certainement pas la première série à l’aborder[[Young Royals (Netflix), par exemple, est excellente aussi mais plus tragique]]. Mais elle a ceci de particulier qu’elle met en lumière différentes thématiques à travers des personnages extrêmement positifs. On pense tout spécialement à Olivia Coleman, qui joue la mère de Nick. Elle a ces mots que tout ado dans le doute et la confusion voudrait entendre, «Thank you for telling me. And I’m sorry if I ever made you feel like you couldn’t tell me that (Merci de me l’avoir dit et pardon si je t’ai donné l’impression que tu ne pouvais pas)».

On évoquait l’idée de série parfaite, et on n’en est pas loin. Rien n’est laissé au hasard, le moindre petit détail a du sens. Vous voulez des preuves ? Quand Charlie imagine que Nick va lui déclarer sa flamme, il le voit entouré d’un halo rose et des petits coeurs rouges ornent l’écusson de son école qu’il porte sur son uniforme scolaire. Quand les deux (petites) amies Tara et Darcy assistent à un match de rugby sous la pluie, leur parapluie est aux couleurs du drapeau de la fierté pansexuelle. Nick a même une coque de téléphone (design Alice Oseman, comme dans le roman graphique) aux nuances qui tempèrent sa personnalité, il est souvent représenté dans des tons orange/bleu, qui font de lui une personnalité lumineuse. Ce sont également les couleurs de l’affiche. Dans le même ordre d’idées, on ne compte plus les occurrences des couleurs de l’arc-en-ciel, et même tout spécifiquement l’éclairage magenta, deep lavender et royal, qui sont les symboles de la bisexualité.

On pourrait continuer pendant des lignes et des lignes, sur comment les paroles des chansons (la bande originale est littéralement survitaminée) reflètent exactement les pensées des personnages, et accessoirement restent trotter dans notre tête. On pourrait également insister sur l’omniprésence et la force de l’amitié, qui tient autant de place que l’amour. En cela, la série bénéficie d’un casting de haut vol porté par des acteurs quasiment tous débutants, le trio d’amis de Charlie est tout simplement épatant et juste à chaque moment (Yasmin Finney, William Gao, Tobie Donovan). En l’espace de quelques semaines, ces jeunes adultes sont devenus de véritables icones des ados et tout spécialement de la communauté LGBT+. On ne compte plus les comptes Twitter, Instagram ou Facebook (et le reste) qui leur sont dédiés. Chacune de leurs apparitions est scrutée et véritablement disséquée par les fans.

La série vient officiellement d’être reconduite pour deux saisons supplémentaires, on s’en réjouit d’avance ! Quand on connait un peu l’intrigue des romans et des romans graphiques (Alice Oseman met une chronologie des tomes à la disposition de ses lecteurs sur son site, tous ses livres évoluant dans le même univers), cela promet beaucoup d’émotions en perspective ! Et peut-être un tournage imminent dans notre belle capitale ? Comme on l’avait déjà précisé ici, on n’a jamais assez de Nick et Charlie. D’aiileurs, si vous en voulez encore, n’hésitez pas à aller scroller la page Instagram d’Alice Oseman, ou encore son compte Tapas (il y a de vraies pépites), elle est très généreuse en petits détails (et on adore ça les petits détails) sur la vie actuelle et même future de Nick et Charlie, couple parfait. Et pour aller encore plus loin et la soutenir et avoir accès à des contenus inédits, c’est !