Mein Kampf (farce) – Avis +/-

Présentation Officielle

Mein Kampf, Mon combat, est la réponse de George Tabori à la barbarie nazie.

Dans son asile de nuit, Schlomo Herzl, un vieux juif recueille un soir un artiste raté, un certain Adolf Hitler. Un jeune homme capricieux, colérique et déjà antisémite mais contre toute attente Schlomo l’aime…

Avis de Valérie

L’une des pires tragédies de notre temps vue sous le regard de l’ironie est bien sûr une bonne idée car quoi qu’on dise, il est plus que nécessaire de se rappeler certaines circonstances qui ne sont pas des détails de l’Histoire.

Le texte de George Tabori est dense, philosophique, quelques fois peut-être peu accessible si vous ne connaissez pas la mythologie hébraïque ou biblique. Mais c’est souvent poétique et profond avec un gros zeste d’ironie caustique.

La mise en scène n’évite pas les longueurs liée à de tels écrits, mais elle est vive et joue avec tous les éléments mis à sa disposition. L’action commence dans la salle avant de s’installer sur scène. Les décors font également preuve de cette ingéniosité qui tire cette pièce vers le haut.

Le parti-pris est de créer une ambiance assez arty mais qui reste bien accrochée aux racines du sujet et ne voile pas l’intérêt de la pièce. Les acteurs eux restent quelques fois académiques, sauf l’époustouflant Alexandre Lhomme qui vaut à lui seul le déplacement.

Alors qu’il joue le rôle ingrat d’Hitler, il créé son personnage en associant la naïveté du provincial arrivant à la capitale ainsi que les tics nerveux et agressif que l’on lui connaît.

Nous avons tous vu les images d’archives des années 40, le führer gesticulant lorsqu’il haranguait la foule. Pourtant, l’action de la pièce se situe lors de sa période « bohème », soit au tout début du siècle. C’est intelligent et surtout ça captive le public.

L’autre rôle principal joué par Teddy Atlani, manque lui de charisme, ce qui est dommage car il s’agit du vieux juif Shlomo sur qui se pose le plus gros de la pièce. Il ne commet aucune faute mais on ne voit jamais en lui un vieux juif philosophe et écrivain amateur.

Alors qu’il est affublé d’un énorme nez pour bien stigmatiser les traits judaïques, le spectateur voit bien qu’il est jeune, vigoureux et peu mûr. Et son interprétation ne compense pas ce manque visuel. On souligne au passage le petit rôle de Madame Lamort, joué par la convaincante Jeanne Carnec.

Si le résultat final est un peu mitigé car s’adressant à un public cultivé et attentif, et que la troupe bien qu’exemplaire ne possède pas un niveau équilibré de jeu, la beauté du texte, son intérêt historique – que visiblement il est bon de continuer de rappeler – et la performance de Alexandre Lhomme mérite l’intérêt et même le déplacement. A voir !

Fiche Technique

Date : du 9 janvier au 2 février 2014, les jeudi, vendredi, samedi à 20H et dimanche à 15H

Adresse : Théâtre Douze – 6 avenue Maurice-Ravel – 75012 Paris

Réservation indispensable : 01 44 75 60 31 ou theatredouze@laligue.org

Texte : George Tabori

Traduction : Armando Llamas

Scénographie et conception des accessoires : Stéphane Zbylut

Avec Teddy Atlani, Jeanne Carnec, Isabelle Corbran, Rémy Delattre,
Kimiko Kitamura, Pauline Lacombe, Alexandre Lhomme, Pauline
Raineri, Louve Reiniche-Larroche & Stéphane Zbylut (collectif Les Âmes Visibles)