Editeur : 10/18
de Anaïs Renvier
Présentation de l’éditeur
Juin 2017, réserve des Blackfeet, Montana. Ashley Loring Heavyrunner, 20 ans, part à une fête. Quelqu’un l’attend en bas de chez elle, sa famille ne la reverra plus.
C’est à sa sœur, Kimberly, que revient le devoir de naviguer à travers le flot de rumeurs pour tenter de démêler les faits. Car sur ces terres indigènes, au cœur des montagnes, les mères et les sœurs doivent résoudre seules les disparitions des femmes de leur communauté.
La police reste sourde à toutes les demandes, ignore l’ampleur des histoires, où chaque famille connaît des disparitions. Avec acharnement, Kimberly persévère, organise des battues, interroge les témoins, portant même l’affaire jusqu’au Congrès, à Washington, luttant pour qu’Ashley ne soit pas oubliée comme tant d’autres avant elle.
La journaliste Anaïs Renevier brise le silence qui entoure ces affaires et dessine les contours d’une crise nationale meurtrière. Être une femme amérindienne dans une réserve, c’est être une victime potentielle, des hommes, des réseaux de traite sexuelle et de drogue. C’est aussi avoir dix fois plus de risques de se faire tuer que la moyenne aux Etats-Unis. Péniblement, l’Amérique ouvre les yeux sur ces zones de non-droit, gangrenées par une violence, qui jaillit avant tout sur les femmes.
Avis de Chris
Dans le Montana, en juin 2017, une jeune femme de vingt-deux ans disparaît après avoir assisté à une fête. Ses parents inquiets en informent la police, mais pour cette dernière ce n’est qu’une fugue ou une disparition volontaire. Pour Kimberly, c’est le début d’un long parcours du combattant, car elle sait que les autorités compétentes n’ont que faire de sa petite sœur. Ashley Loring Heavyrunner est une Amérindienne Blackfeet et fait partie des milliers de femmes disparues sans que quiconque ne s’en soucie.
Anaïs Renevier se penche sur une injustice qui perdure encore de nos jours et qui prend ses racines à partir du XVe siècle, lorsque les premiers colons envahissent le continent américain et destituent peu à peu les terres ancestrales des autochtones. Après des massacres perpétrés durant plusieurs siècles, les Amérindiens sont parqués dans des réserves où la criminalité y est ahurissante, avec un nombre d’homicides bien plus élevé que la moyenne nationale. Et avec un taux de résolutions d’affaires proche de zéro.
Les féminicides sont même légion, et tout le monde s’en accommode, même les grands-mères, mères, sœurs, tantes complètement impuissantes face à une évidence quasi absolue : la plupart des femmes ont subi une agression et beaucoup d’entre elles n’ont jamais pu la raconter. Personne, pas même le FBI, ne veut se charger de ces cas pourtant nombreux dans les réserves. Car toutes, celles des Blackfeet, des Cheyenne, des Lakota, etc., subissent le même sort.
Mais Kimberly, la grande sœur d’une énième disparue ignorée, ne compte pas en rester là. Elle va remuer ciel et terre pour que justice se fasse, d’autant qu’elle a trois suspects en ligne de mire, les trois dernières personnes à avoir vu vivante Ashley. Leurs alibis ne volent pas haut, mais les langues ont du mal à se délier et la police cumule erreur sur erreur, enlisant l’affaire.
A l’instar de L’Affaire Emmett Till de J.M. Pottier, cet ouvrage nous plonge dans l’histoire américaine avec un grand H. Celle qui détruisit petit à petit la culture, les traditions, les origines de peuples ancestraux. Celle qui, aujourd’hui encore, voit sa population amérindienne maltraitée, voire laissée à l’abandon, alors même que les réserves aux paysages fabuleux sont des territoires de non-droits.
La Disparue de la réserve Blackfeet est un ouvrage qui allie à la perfection l’enquête criminelle et l’Histoire de l’Amérique. Il donne envie d’en apprendre davantage sur l’histoire des Amérindiens et provoque aussi un sentiment d’impuissance et de dégoût face à autant de dédain et de mépris de la part des envahisseurs.
Fiche technique
Format : poche
Pages : 240
Editeur : 10/18
Sortie : 17 octobre 2024
Prix : 8 €