Bombes H sur Alméria – Avis +

Editeur : Casterman

de Roger Seiter, Jacques Martin & Régric

Lefranc : tome 35

– Pour moi, il s’agit d’une bombe H.

Guy Lefranc a toujours cru que son oncle était mort en 1938, mais une rencontre avec Ernest Hemingway1 l’a détrompé. Antoine Lefranc se trouvait au sein des Brigades internationales qui ont combattu durant la guerre civile espagnole. Il serait décédé en Espagne en 1946.

Se rendant sur place, Guy Lefranc fait la connaissance de l’ancienne compagne de son oncle. Mais la rencontre est interrompue par une explosion dans le ciel. Deux avions se sont percutés en vol. L’un d’entre eux était un bombardier B-52 de l’US Air Force transportant plusieurs bombes à hydrogène.

Suspendues à leurs parachutes, les bombes descendent vers le sol ou bien se dirigent vers la mer. À la démarche altruiste de Lefranc, s’oppose celle d’un ancien combattant phalangiste qui y voit d’abord une opportunité financière. Puis, motivé par la haine, il décide de s’en prendre à l’US Navy qui effectue des recherches dans la zone. Pendant ce temps Lefranc louvoie entre les forces américaines et les autorités locales pour faire un reportage sur les événements tout en menant l’enquête sur la mort de son oncle.

Cet album est basé sur l’incident de Palomares s’étant déroulé en 1966. Le décalage temporel entre les deux événements (fictif et réel) peut s’expliquer par les cinq ans qu’il a fallu à Lefranc pour retrouver la trace de son oncle. Cela fait déjà beaucoup, mais peut-être, n’avait-il pas en 1958 les contacts nécessaires pour retrouver la trace d’un membre de sa famille se faisant discret dans l’Espagne franquiste.

Les circonstances de la catastrophe aérienne sont les mêmes. D’ailleurs dans l’album deux des membres d’équipage des avions portent les noms des victimes de 1966. C’est également le cas pour certains navires de pêche des deux époques qui, ayant secouru les rescapés en mer, portent le même nom. De même l’antagoniste de Lefranc dans cette histoire récupère une bombe H grâce à sa connaissance des fonds marins. En 1966, la bombe n’a été retrouvée que lorsque les Américains ont fini par écouter un pêcheur espagnol qui avait identifié le point d’impact.

Historien de formation, Seiter utilise au mieux un événement historique et le contexte de l’Espagne fasciste du général Franco. Dans cette atmosphère sombre nul besoin d’un génie du mal comme Axel Borg, une simple malfaisance individuelle suffit.


  1. cf. l’album Cuba libre (2014) se déroulant en 1958 ↩︎

Fiche technique

Format : broché
Pages : 58
Scénario :  Roger Seiter et Jacques Martin
Dessin : Régric
Couleurs : Bruno Wesel
Éditeur : Casterman
Sortie : 13 mars 2024
Prix : 12,50 €