A Beautiful Day – Avis +/-

Présentation officielle

La fille d’un sénateur disparaît. Joe, un vétéran brutal et torturé, se lance à sa recherche. Confronté à un déferlement de vengeance et de corruption, il est entraîné malgré lui dans une spirale de violence…

Avis d’Anna

Lynne Ramsay revient avec A Beautiful Day sur un thème qui lui est cher, l’enfance.
C’est à travers la jeune Nina qu’elle explore ce sujet. Cette petite fille livrée à des prédateurs au cœur d’un vaste trafic pédophile est aussi le biais par lequel la réalisatrice aborde les souffrances de son héros. Elle incarne l’innocence perdue et réveille chez Joe des souvenirs d’enfance douloureux.

Ce personnage souffre du syndrome de stress post-traumatique (ou PTSD : post-traumatic stress disorder), en lien avec ses années de service. Pourtant, la guerre et ses horreurs ne sont pas les seuls maux qui l’habitent. Sa relation et son comportement avec sa mère renferment un secret qui pointe à un autre mal.

Sa mère est, à l’exception de son patron McCleary, son seul lien social. Cette isolation le fragilise et paradoxalement le protège de lui-même et de ses flashbacks qu’il tente de refouler à coup de médicaments. Son traumatisme est un élément qui le rapproche de cette petite fille.

Davantage, leur rencontre le bouscule et invoque des souvenirs de son enfance, marquée par les violences conjugales que subissait sa mère. Ainsi, il reconnaît en elle son propre traumatisme d’enfant, et se développe en lui l’envie de la protéger, quitte à mettre en péril sa propre vie.

Toutefois, si ces thématiques servent ce thriller, elles ne sont pas suffisamment creusées par la réalisatrice. De nombreuses questions importantes restent sans réponses, ce qui est particulièrement dommage car le duo d’effarouchés formé par Joaquin Phoenix et Ekaterina Samsonov fonctionne bien.

Autre particularité notable dans ce film, c’est le montage assez rapide des scènes qui permet de faire monter la tension et ainsi de maintenir un certain suspens. Cette tension est accentuée par l’imprévisibilité du personnage de Joaquin Phoenix.

Quant à la violence, elle est traitée avec beaucoup de maîtrise. Ce Phoenix à la barbe grisonnante dégage une grande sensibilité et une vulnérabilité qui le rendent d’autant plus convaincant dans la peau de ce hitman. Sans grande surprise, l’acteur délivre une performance remarquable, toute en subtilité, qui lui a valu le prix d’interprétation à Cannes en avril.

À noter également que la bande-originale du film, signée Jonny Greenwood (Radiohead), qui avait déjà travaillé avec la réalisatrice sur We Need to talk about Kevin (2011), est superbe.

Lynne Ramsay délivre ici un thriller psychologique réussi sur la souffrance et les pouvoirs des traumatismes d’enfance. Dommage que A Beautiful Day nous laisse un goût de trop peu.

Fiche technique

Sortie : 8 novembre 2017
Durée : 85 minutes
Avec : Joaquin Phoenix, Ekaterina Samsonov, Alessandro Nivola …
Genre : Drame, Thriller
Distributeur : SND