Rencontre avec Kim Kyoung-Won pour ‘The Artist Reborn’

Lors du Festival du Film Coréen à Paris (FFCP), le film The Artist Reborn a été projeté deux fois sur grand écran. Et après chacune de ses projections, une session de questions-réponses était programmée avec le réalisateur du film (Kim Kyoung-Won). Nous avons pu assister à celle du mercredi 25 octobre.

Kim Kyoung-Won (réalisateur du film) : Bonjour je suis très content d’être parmi vous, je suis curieux de votre réaction.

Question : C’est un film qui tourne beaucoup autour de l’art, pourquoi avoir choisi ce cadre ?

Kim Kyoung-Won : en fait au début, je n’avais pas une conscience personnelle sur l’art. Je me posais surtout des questions par rapport à ma vie. Et quand j’ai commencé à écrire le scénario, j’ai pris le point de vue d’un artiste. C’est l’histoire d’une personne qui suit ses idées et qui va jusqu’au bout pour les réaliser.

Question : La tonalité de votre film a beaucoup d’humour. Vous avez choisi d’en faire plus une comédie sans choisir le thriller. Comment êtes-vous arrivé à ce résultat rafraîchissant et étonnant ?

Kim Kyoung-Won : Dès le départ, lorsque j’ai commencé à écrire le scénario, j’avais cette idée d’humour noir, ce côté très cynique. C’est quelque chose que j’aime voir dans les films, de très personnel. Du coup, quand j’ai commencé à travailler, les membres de l’équipe, les acteurs, ne voyaient pas vers où je les amenais. Et finalement, je leur ai montré ce que j’attendais d’eux.

Question : Hors du côté comique, l’héroïne a beaucoup de persévérance, est-ce une idée que vous avez des artistes ? D’ailleurs, vous êtes vous inspiré de Achille et la tortue de Takeshi Kitano ?

Kim Kyoung-Won : Ce que l’héroïne pense de l’art, je pense que c’est interne et qu’il n’y a pas à épiloguer. Certains artistes, pas tous, ont plus ou moins de conviction. Elle aussi est tiraillée entre l’art brut qu’elle poursuit et qu’elle a envie de faire, mais aussi de l’autre monde, celui de la spéculation. C’est quelque chose qu’on peut voir lorsqu’elle se vend dans ses entretiens, quand elle se présente, elle se dévoile. Mais c’est aussi en avançant dans le film qu’elle se découvre elle-même. Autrement, oui, l’humour sec vient un peu de Takeshi, mais aussi d’autres réalisateurs.

Sinon de mon côté, je ne sais pas si j’ai un avis concernant les spéculations sur le marché de l’art. Mais je me demande si les artistes ont vraiment besoin d’instrumentaliser leur vie à ce point pour en faire un business. Pour moi, l’art doit aider les gens à réfléchir, les émouvoir, je pense que c’est là où ça se place.

Question : J’ai mal compris la fin du film, qu’est-ce qui arrive au personnage principal masculin à la fin ?

Kim Kyoung-Won : C’est effectivement une fin ouverte car on peut avoir différents points de vue. Un spectateur m’a dit que pour lui Jae-Beom se suicide ou bien il a dû être puni. Dans les deux personnages principaux, il y en a un qui n’a plus de raison d’être et du coup il disparaît. L’acteur a dit lui que son personnage est sûrement redevenu un petit enfant qui fait pipi au lit.

Question : C’est un film très frais. Vous avez aussi écrit le film, je veux savoir ce que vous avez mis de vous dans le film ? Et par extension, que pensez-vous entre le marché de l’art et le marché du film ?

Kim Kyoung-Won : C’est curieux de me demander s’il y a un peu de moi dans mon premier long-métrage. Je pense que comme tout réalisateur pour son premier film, oui il y a beaucoup de moi. Je pense que lorsque j’ai créé Giselle, j’ai mis une partie de moi. De mon moi plus jeune, quand je n’étais pas connu et que je voulais l’être, ce petit côté d’hystérie et de dépression. Il y a aussi d’autres éléments émanant de ma vie personnelle.

Pour votre seconde question, personnellement, je pense que les deux marchés sont très différents. Le spectateur consomme le film dans le sens de l’entertainment, du divertissement. Maintenant en Corée, on trouve assez peu de cinéma d’autres ou d’art et d’essai. C’est vraiment une richesse que vous avez encore en France. C’est un peu dommage pour nous, car ça devient très commercial. Et c’est quelque chose qu’on ne retrouve pas forcément dans le milieu de l’art.

Question : J’ai une question par rapport à l’acteur principal, Park Jung-Min. C’est un peu une étoile montante, on le voit déjà dans trois films projetés dans ce festival (The King et The King’s Case Note). Et ça fait quelques années qu’il se fait remarquer. Parlez-nous de lui, comment il a accepté le rôle et quel type d’acteur il est ?

Kim Kyoung-Won : Bonsoir et merci beaucoup, je lui répéterai, ça lui fera plaisir. Par rapport au casting, je suis tombé sous son charme quand je l’ai vu dans Bleak Night[[La frappe en français. Lee Je-Hoon qui joue dans I Can Speak en est le héros. Et le film est sorti en DVD en mai 2014.]]. Il a un côté très intéressant, il arrive à transmettre des expressions très fortes, mais aussi il a un côté très tendre. C’est vraiment bien de travailler avec lui. Je lui ai proposé le rôle avant qu’il ne tourne Dongju[[Dongju : The Portrait of a Poet est un biopic sorti en 2016, le rôle principal est incarné par Kang Ha-Neul]], il n’était pas sur que son emploi du temps correspondrait.

Mais le moment venu ça s’est parfaitement goupillé. Il est venu sur deux semaines, et c’est d’ailleurs pour ça qu’il a les cheveux courts, c’est sa coupe de Dongju. C’est un acteur qui va certainement avoir beaucoup de succès. Les réalisateurs l’ont déjà dans le collimateur.

Merci beaucoup d’être venus pour voir ce film, j’espère qu’on se reverra pour un nouveau.