Lady Susan – Avis +

Présentation de l’éditeur

Une veuve spirituelle et jolie, mais sans un sou, trouve refuge chez son beau-frère, un riche banquier. Est-elle dénuée de scrupules, prête à tout pour faire un beau mariage, ou juste une coquette qui veut s’amuser ? Le jeune Reginald risque de payer cher la réponse à cette question…

Grande dame du roman anglais, Jane Austen trace le portrait très spirituel d’une aventurière, dans la lignée des personnages d’Orgueil et préjugés et de Raison et sentiments.

Avis de Claire

Alors que l’adaptation cinématographique (très réussie) de cette nouvelle de Jane Austen arrive bientôt sur nos écrans, le 22 juin, sous le titre de Love & Friendship, les éditions Folio la rééditent encore une fois dans la petite collection à 2 euros, dans l’excellente version de Pierre Goubert, son traducteur dans la Pléiade.

Lady Susan est une novella épistolaire que Jane Austen a probablement écrite vers 1794, mais qui n’a pas été publiée avant 1871. Elle n’a alors que 18 ou 19 ans, mais fait montre dans ce texte d’une maturité exceptionnelle, et d’un sens de l’ironie délicieusement féroce.

La Morgan Library possède le manuscrit original de ce texte, une copie « au propre », réalisée en 1805, la version qui a été publiée en 1871, en même temps que la biographie A Memoir of Jane Austen, de son neveu James Edward Austen-Leigh. C’est lui qui a choisi le titre Lady Susan.

L’histoire retrace le parcours de Lady Susan Vernon, fraîchement veuve de Sir Vernon, encore jeune (environ 35 ans), et très très belle. Si sa beauté aveugle la plupart des hommes, ceux qui voient clair dans son jeu comprennent que la jeune femme est une redoutable manipulatrice, égoïste, tyrannique et redoutablement intelligente.

Elle aime flirter, torturer ceux qui lui résistent, son occupation favorite étant de séduire les hommes qui lui semblent dignes d’un peu d’intérêt, soit à cause de leur bonne mine, ou de la taille de leur portefeuille. Sa seconde occupation est de martyriser sa fille, pour qu’elle épouse un riche héritier sans cervelle.

C’est une femme libre, dénuée de scrupules. Mais elle appartient à une époque où la gente féminine n’avait d’autre choix que de faire un bon mariage ou être dans la nécessité. Si elle manipule son monde, c’est que certes, elle aime cela, mais également, elle n’a d’autre pas d’autre option.

Jane Austen montre d’ailleurs très bien le contraste entre Lady Susan, et sa respectable belle soeur, qui vient d’une famille aisée, qui a épousé l’homme qu’elle aime, et qui est de surcroît fortunée. Mais qui sait également manipuler son mari, si besoin… C’est un thème qui sera plus tard largement exploité chez Jane Austen, où ses héroïnes devront choisir entre un mariage d’argent ou d’amour, on pense notamment à Orgueuil et préjugés.

L’arrogante Lady Susan n’obéit qu’à ses propres règles, qui se sont imposées à elle sous la pression de cette société patriarcale et masculine. Elle utilise toutes les armes à sa portée pour arriver à ses fins, et Jane Austen prend visiblement beaucoup de plaisir à aller jusqu’au bout des travers de son personnage.

Lady Susan est une vraie héroïne, que l’on adore détester, tout en contraste, mais surtout avec une grande force morale… A découvrir, pour connaître un aspect inattendu de l’écriture austenienne.

Fiche technique

Format : poche

Pages : 128
Editeur : Folio
Collection : Folio 2
Sortie : 11 mai 2016

Prix : 2 €