L’antre du mal – Avis +

Présentation de l’éditeur

Dans une Louisiane loin des cartes postales, entre narcotrafic et ultraviolence, la descente aux enfers d’une femme rongée par son passé. Un style nerveux et un suspense furieusement prenant, par une nouvelle grande voix du polar américain. Pour oublier la terrible agression dont elle a été victime quelques mois plus tôt, Maureen Coughlin va plaquer New York et son job de serveuse, et intégrer la police de La Nouvelle-Orléans.

Aux côtés du sergent Boyd, vieux routier placide, la jeune femme apprend le métier, tente de canaliser sa rage. Mais dans cette ville, gangrenée par le crime, la misère et la corruption, où les plaies de l’ouragan Katrina sont encore béantes, comment garder l’esprit clair ? Surtout quand de jeunes ados, guetteurs pour les cartels, disparaissent les uns après les autres.

Et qu’un nom revient sans cesse, murmuré comme une malédiction : Bobby Scales. Protéger les enfants, réduire à néant ce baron de la drogue : Maureen veut prouver qu’elle est un bon flic. Mais pour pénétrer l’antre du mal ne faut-il pas être prêt à vendre son âme ?

Avis de Linagalatee

Maureen Coughlin, après une terrible agression, décide de rentrer dans la police. Elle va devoir s’exiler de New York, où elle vit avec sa mère depuis que son père les a quittées, vers la Nouvelle-Orléans, après le passage de l’ouragan Katrina.

Elle va faire son stage d’évaluation et d’intégration auprès du sergent Preacher Boyd, un vieux de la vieille. Il a connu l’avant Katrina, et exerce dans ce qu’il reste de cette Nouvelle-Orléans qu’il aime, des quartiers délabrés, des gangs avec ses membres de plus en plus jeunes, et ceux qui essaient de s’en sortir comme ils le peuvent sous cette chaleur écrasante, qui véhicule moustiques et autres bestioles.

Maureen va faire ses armes, sous le regard parfois acide de Preacher, mais en tire un enseignement sorti quelque peu des sentiers battus. C’est un endroit particulier la Nouvelle-Orléans pour qui vient de New York, ce sont d’autres habitudes, une autre façon de vivre, et cette chaleur qui vous colle à la peau comme la misère sur le monde.

Quel étrange roman ! Dès le début on s’attend à un vieux polar bien écrit, bien ficelé, avec ce vieux flic trop gros et fatigué, qui a l’air de vouloir plutôt se la couler douce et survivre, plutôt que de former une jeunette fraîchement débarquée du nord. Mais c’est un personnage attachant sous ses airs d’ours mal léché, bienveillant sans en avoir l’air, ronchon comme une bonne pâte.

Maureen va être mêlée une enquête policière, mais c’est surtout de son apprentissage dont il va être question. On sera à ses côtés lorsqu’elle va s’immerger dans cette cité chargée d’histoire et dévastée par Katrina.

Mais il n’y a pas que la ville qui ait été dévastée, il y a aussi ses habitants, résignés, pauvres, vivant de combines dans des maisons à moitié délabrées. Et il y a surtout les gangs, impossible d’y échapper même si la ville tente de sauver ses jeunes comme elle le peut.

C’est un très beau roman, sur l’amour porté à une ville. On sent beaucoup de tendresse à son égard, l’auteur en parle avec douceur comme s’il s’agissait d’une vieille dame dont il faut prendre soin et qui parfois n’a pas toute sa tête.

Le personnage de Maureen est également bien brossé, fonceuse, téméraire, irréfléchie. On s’attache à elle facilement, elle voudrait tout changer, reconstruire cette ville, mais elle devra apprendre à se modérer, à vivre au rythme du cœur de cette ville, sinon elle va y laisser sa peau et peu à peu, voir disparaître tous ceux qu’elle approche.

Une belle et entraînante écriture.

Fiche technique

Format : broché
Pages : 366
Editeur : Belfond
Collection : Belfond Noir
Sortie : 21 mai 2015
Prix : 20,50 €