Angélique, marquise des Anges – Avis +/-

Présentation officielle

Le destin incroyable d’Angélique de Sancé…

Une jeune fille aussi belle qu’insoumise, qui trouvera dans son amour pour Joffrey de Peyrac la force de combattre l’injustice et la tyrannie dans un siècle en proie aux luttes de pouvoir, aux inégalités et à l’oppression…

Avis de Claire

Angélique, marquise des Anges… Dans l’imaginaire collectif français, dans le patrimoine culturel français même, cette éternelle grande amoureuse est symbolisée par le regard enamouré de l’inoubliable Michèle Mercier. Difficile, semble-t-il, de lui succéder en charme et en sex-appeal

L’icône Michèle Mercier a presque fait oublier au monde que les films qui l’ont rendue célèbre au point de la confondre parfois avec son personnage, sont adaptés d’une saga littéraire au succès international, dont l’auteur, Anne Golon, a connu bien des revers de fortune. Longtemps privée de ses droits, elle vient de les récupérer il y a à peine quelques années et s’apprête à être ré-éditée aux éditions de l’Archipel, du moins les sept premiers tomes, et plus si le succès est au rendez-vous.

Il est de notoriété publique que le réalisateur Ariel Zeitoun est un grand admirateur des romans d’Anne Golon, dont il avait toujours rêvé d’en restituer l’essence romanesque, au contraire des films de Bernard Borderie, qui sont sans doute plus la marque d’une mode et d’une époque, celle d’un cinéma populaire (dans le sens le plus noble), divertissant, dépaysant et en opposition radicale avec la Nouvelle Vague frémissante.

Pari risqué donc, car les fans de la première heure, lecteurs et cinéphiles, attendaient cette nouvelle adaptation soit avec impatience, fébrilité, angoisse, voire -pour les plus extrêmes- dégoût. Nous insistons bien ici sur la différence entre « nouvelle adaptation » et remake, ce que le film n’est pas et dont nous abreuvent pourtant la plupart des articles à son sujet.

Pourtant, dans cette nouvelle réinterprétation de l’oeuvre, ce pari n’est pas totalement réussi. Difficile de condenser en un peu moins de deux heures un roman aussi riche, aussi fouillé, aussi palpitant. Les fans des livres comprendront.

Des choix scénaristiques ont donc été faits, s’éloignant nettement du livre, et pourtant cette version reste quand même paradoxalement plus proche de l’esprit du roman que les films de Bernard Borderie… Ridicules détails ? Agaçantes futilités ? Sans doute, mais les amateurs purs et durs ne s’y tromperont cependant pas. Le film vraiment très fidèle au texte originel, ce n’est pas encore celui là.

La comparaison entre les deux versions dénoncera certainement ensuite le décalage entre la flamboyance et le luxe des costumes et des perruques des films des années 60, dont c’est en quelque sorte la marque de fabrique. A l’inverse, l’effet tombe à plat dans le film d’Ariel Zeitoun, les perruques notamment souffrent d’un cruel manque de réalisme. Il faut malheureusement s’efforcer de les oublier pour apprécier pleinement le film.

Autre fait sujet à polémique : l’âge de l’acteur qui interprète le rôle qui a fait de Robert Hossein une star, le comte Joffrey de Peyrac, en l’occurrence le talentueux Gérard Lanvin. Ariel Zeitoun nous impose une flagrante différence d’âge entre les deux amoureux, qui est loin d’être aussi radicale dans le livre [[Seulement douze ans d’écart séparent Angélique de Joffrey]]. C’est un parti-pris, qui a le mérite de recentrer l’intrigue autour d’une histoire d’amour compliquée, et qui justifie pleinement le refus d’Angélique de s’unir à cet homme, outre le fait qu’il soit défiguré et boiteux.

Pourtant, il faut avouer que les deux rôles titres ne déméritent pas, et l’on oublie presque de penser aux anciens films[[Dommage qu’une reprise du thème imaginé par Michel Magne et qui est indissociable du thème d’Angélique vienne faire un petit clin d’oeil dans une scène charnière, l’hommage est appréciable, mais n’était vraiment pas utile si l’on veut se démarquer pleinement des autres films]]. Alors que reste-t-il ? Une adaptation finalement plutôt sombre, une belle histoire d’amour, portée par deux comédiens principaux qui se donnent à fond, un casting international plutôt inégal mais qui réserve de bonnes surprises, comme Simon Abkarian ou encore l’Allemand David Kross en Louis XIV (qui illumine littéralement le film de sa présence), de plaisants châteaux, d’agréables décors, des scènes de capes et d’épées comme à la belle époque ou presque[[Un bémol toutefois sur les ralentis durant ces scènes, aussi inutiles que dérangeants]]…

Le film s’achève avec la promesse d’une seconde partie, que l’on souhaite voir absolument, ne serait-ce que pour le plaisir d’entendre à nouveau parler d’Anne Golon, de sa fabuleuse saga qui mérite d’être redécouverte, de revoir Nora Arnezeder dans ce personnage si complexe de femme frondeuse, débordant de force, de feu et de fougue, à l’image de l’héroïne du livre.

Fiche technique

Sortie : 18 décembre 2013
Durée : 113 minutes
Avec : Nora Arnezeder, Tomer Sisley, Gérard Lanvin, Mathieu Kassovitz, Simon Abkarian, David Kross, Salomé Degeer, Florence Coste, Mathieu Boujenah, Alain Robert
Genre : romance