Un désir trouble – Avis +

Présentation de l’éditeur

En trouvant dans sa boîte aux lettres une carte qui ne lui est manifestement pas adressée, Paige ne peut s’empêcher d’en déchiffrer les lignes tracées d’une écriture élégante au verso, sans se douter que ces quelques mots vont bouleverser sa vie. Car cette carte, et toutes celles qui vont bientôt suivre, comportent des ordres à chaque fois plus précis et plus osés. Et contre toute attente, Paige décide de leur obéir. A la lettre.

Qu’il s’agisse de s’habiller d’une certaine façon, ou de se caresser d’une autre… Même si elle sait que, tôt ou tard, elle finira bien par découvrir celui qui se cache derrière ces exigences toujours plus intimes, elle aime la discipline que ces mots lui imposent, le trouble qu’ils font naître en elle, réveillant un désir refoulé depuis très longtemps. Car il y a quelque chose de particulièrement excitant et d’étrangement libérateur à se soumettre entièrement à la volonté d’un autre…

Avis de Marnie

Influencés par une quatrième de couverture astucieuse et non mensongère mais qui nous entraîne sur une fausse piste, nous pouvons penser entrer dans une histoire banale de sado-masochisme. Or, cette étiquette est très très éloignée de ce que nous allons découvrir, avec cet habile scénario imaginé par la talentueuse Megan Hart, qui une fois de plus, a su créer une atmosphère envoûtante.

Récit initiatique raconté à la première personne, il provoque certaines frustrations puisque nous ne saurons jamais ce que pensent les autres personnages, mais en même temps, cela permet au lecteur de s’immerger profondément dans les méandres de l’introspection d’une héroïne aux multiples facettes qui avant tout, va apprendre à se connaître… et à s’apprécier !

Nous retrouvons tout à fait la Megan Hart du Secret, c’est à dire, une héroïne assez froide, qui raconte une succession d’évènements et de rencontres de manière impersonnelle, toute en émotion retenue. Peu à peu, Paige dévoile des petits indices, à la manière d’un suspense, qui vont soudain transformer et enrichir l’opinion que l’on se fait un peu trop rapidement de cette jeune femme, qui se juge avec une brutalité surprenante et dérangeante.

Si elle ne provoque pas immédiatement l’empathie, cette violence rentrée, ce manque de confiance en elle, ce désespoir sous-jacent nous toucheront peu à peu de façon poignante. Ce que Paige ne veut pas, c’est ressembler à sa mère, une « fille facile » aux multiples liaisons, qui a passé son existence à être sa copine alors qu’elles survivaient dans des caravanes délabrées.

Pourtant, notre héroïne a jusqu’ici pris exactement le même chemin. Mariée à dix-huit ans avec son copain de lycée, Austin et Paige ont poursuivi une existence d’adolescents attardés et un peu désœuvrés, se trompant mutuellement au gré de crises ou séparations avant que la jeune femme ne le quitte, décidant enfin d’avoir la vie qu’elle rêvait lorsqu’elle était enfant.

Paige a mis une cinquantaine de kilomètres entre ses échecs et elle, emménageant dans un appartement dont elle n’a pas vraiment les moyens de payer le loyer avec son salaire de secrétaire de base. Ce résumé nous est raconté dans les deux premiers chapitres, inutile de dévoiler une suite bien plus subtile qu’il ne paraît, toujours sur un ton froid et réaliste alors que le fantasme va entrer brutalement dans son existence.

La domination et la soumission sont au centre de son récit. Paige va approfondir tout ce qui gravite autour du mot « pouvoir » jusqu’à comprendre où se situent ses limites. Que ce soit ses relations sentimentales, amicales, familiales et professionnelles, notre héroïne va apprendre à trouver sa place mais aussi prendre conscience de ce qu’elle veut vraiment.

Nous ne pouvons que saluer la finesse de l’analyse, la justesse de l’évolution de ce caractère féminin sans concession, qui tour à tour avec les mêmes personnages sera dominante ou dominée, blessée ou indifférente, cruelle ou compatissante, égoïste ou protectrice, jusqu’à ce que mature elle s’accepte comme elle acceptera ses proches, le récit devenant de plus en plus intense et chaleureux au fur et à mesure du déroulement de l’intrigue.

Megan Hart va ainsi nous raconter au début une scène éprouvante d’une façon anodine pour la réécrire dans le dernier tiers du livre d’une manière fondamentalement différente avec une intensité qui prend sa source dans le récit qui a précédé. Comme toujours avec cet auteur, la force et la puissance émotionnelle de la relation sentimentale est formidablement réussie, avec notamment une superbe scène érotique à la clé. Cependant, le lecteur sera touché par l’originalité surprenante de la relation professionnelle.

Un très beau roman sur la découverte de soi-même.

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 376
Editeur : Harlequin
Collection : Spicy
Sortie : 1 mars 2011
Prix : 8,10 €