Sho : calligraphes de Kyoto – Avis +

Présentation de l’éditeur

« Kyoto, rue des Temples, été 1993. Longue marche, dans le soir qui tombe, le long de la rivière Kamo, jusqu’au vieux saule qui, sous le Shogunat, marquait la borne Nord-Est de la Cité Impériale. La ville s’illumine peu à peu lorsqu’on parvient aux abords du Palais. Un gong sonne, gravement, tout près de là. En face de la source sacrée, à l’Est du Palais, une petite maison traditionnelle de bois sombre, discrète, séparée du monde par trois jardins de méditation. La porte coulissante glisse et crisse sur son rail, livrant un passage trop bas, où le visiteur doit, humblement courber la tête.

Respectueux salut.

Le Maître Tanaka Shingai a réservé la plus belle pièce de la demeure familiale à ses élèves ; et pour son épouse, ils sont un peu comme des fils. Ces derniers travaillent dans un silence à peine troublé par le bruit d’un bâton d’encre que l’on frotte sur la pierre : frottement régulier, presque monotone, comme une respiration ou une psalmodie, qui facilite la concentration. De temps à autre, un élève présente son travail à Shingai, qui apprécie, hoche la tête, corrige à l’encre vermillon ; une brève remarque parfois, rarement un commentaire, comme un indice pour approfondir sa recherche.

 » Lorsque ton pinceau vole sur la feuille, n’as-tu pas la volonté de réussir ton trait, de réaliser un chef-d’oeuvre ? C’est déjà une erreur : cette simple attitude de ta conscience à supprimé toute grandeur, toute liberté à ton tracé. N’oublie pas que le Sho est don, que personne ne peut le dérober, et qu’il jaillit de toi miraculeusement « .

Dehors la nuit est tombée. Le vent souffle au travers des vieux pins du jardin impérial. Non loin de là, le quartier Borne s’anime. Les étudiants de l’université voisine emplissent peu à peu les auberges familiales devant lesquelles un grand blaireau de terre cuite indiquait jadis aux hommes d’armes qu’ils pouvaient boire à crédit. Seul demeure le signe, sédiment de l’Histoire. »

Avis de Valérie

Lorsque que l’écriture est également semblable à un dessin, le choix est double pour représenter un mot. Naturellement vient l’envie d’ouvrir le symbolisme du mot à une vision esthétique, de coupler sa signification intellectuelle a une émotion liée à sa beauté de transcription.

Les idéogrammes japonais sont parfaits pour transcender l’imagination de ceux qui les admirent et l’ouvrage de Benoît Rengade permet justement au profane de s’approcher de plus prêt de la beauté des interprétations de Shingai Tanaka.

Il faut l’avouer, sans les explications de l’auteur, il serait particulièrement difficile de saisir à quel point le talent du calligraphe est grand. Un peu comme une lumière qui permettrait de montrer la pureté d’un diamant, par exemple. Cette lumière est de toute beauté et elle magnifie la parole, la pensée, l’objet ainsi définit.

Volontairement, le livre choisit de ne pas être trop fermé pour que le lecteur puisse apprécier les démonstrations qu’il soit connaisseur ou pas. Une courte bibliographie permettra au passionné d’approfondir cette découverte. On pourra juste regretter que la couverture du livre ne soit pas plus épaisse pour offrir un écrin à ce trésor.

A découvrir pour s’ouvrir à un autre monde.

Fiche Technique

Format : broché
Pages : 62
Editeur : Centon
Sortie : 6 novembre 2006
Prix : 22 €