Fiançailles à Dutchman’s Creek – Avis +

Présentation de l’éditeur

Colorado, 1899
Devenir Mme Seavers, Hannah en rêve depuis toujours. Et voilà que Quint, l’amour de sa vie, s’en va très loin, sur la piste des chercheurs d’or. Il a certes promis de revenir l’épouser mais lorsqu’elle découvre qu’elle est enceinte, Hannah ne peut plus attendre. Une grossesse hors mariage, quel déshonneur ! En outre, jamais ses pauvres parents ne pourront assumer une nouvelle bouche à nourrir. Aussi, lorsque Judd Seavers, le frère de Quint, lui propose une union de pure forme en attendant le retour de son cadet, y consent-elle, résignée. Non sans réticence cependant, car elle va devoir partager le quotidien d’une belle-mère revêche et d’un époux taciturne qu’elle aurait espéré un peu moins attirant…

Avis de Marnie

La collection Les Historiques se modernise et ce roman en est un parfait exemple. Non, vous ne lirez pas de scandaleuses scènes érotiques ! Non, vous n’avez pas droit à un récit d’une originalité surprenante. Elizabeth Lane vise plutôt le quotidien de petites gens. A mille lieux de l’univers de la Régence, de nobles ou de riches héritières, nous retrouvons avec plaisir et une réelle attention une époque fort intéressante : nous voici dans une petite bourgade perdue aux fins fonds du Colorado après la grande ruée vers l’or. Seuls sont restés, les fermiers, les ranchers, leurs employés, les saisonniers, l’école, l’église et les petits commerçants.

L’auteur a l’aplomb de ne pas utiliser les artifices d’usage : pas de bandit, pas d’expropriation, pas de mystère, pas de secret ou de révélation fracassante, juste le quotidien d’une jeune fille pauvre à peine éduquée, aînée d’une famille émigrée norvégienne, qui passe sa journée en durs labeurs, ses parents exploitant une terre qui leur rapportent à peine de quoi subsister. Enceinte du jeune homme dont elle est amoureuse depuis sa plus tendre enfance, son voisin issu d’une plus riche famille que la sienne, Hannah accepte d’épouser le frère aîné de son amoureux pour donner un nom à l’enfant qu’elle porte et éviter ainsi un déshonneur aux siens tout en leur apportant une aide financière.

Par petites touches, Elizabeth Lane nous parle de petites différences qui dans ce microcosme de la société, constituent de véritables gouffres… ou des épreuves qu’il faut surmonter. Que faire de sa journée ? Comment boire ou manger ? Comment s’adresser aux autres employés ? Hannah doit tout apprendre, perdue entre une belle-mère aigrie et malade, et un mari taciturne et lointain. Judd est un homme moins séduisant que son jeune frère, plus réservé, qui a passé la plus grande partie de sa vie à se sacrifier pour les siens. La seule fois où il a cédé à son esprit de rébellion, c’est pour s’engager aux côtés de Theodore Roosevelt pour se battre à Cuba. Quelques semaines plus tard, il a été grièvement blessé et a passé de longs mois à l’hôpital, ses cauchemars le poursuivent, et il ne peut donner de nom à ses tourments : un stress post-traumatique.

Nos deux héros vont apprendre à mieux se connaître. Chacun attend pourtant le retour de Quint, afin que la situation redevienne normale et qu’ils puissent reprendre le cours de leur existence mais l’évolution inéluctable et profonde de leurs relations va s’interférer dans ces projets si bien ordonnés ! Elizabeth Lane, comme plusieurs auteurs actuels, axe les liens sentimentaux dans une dure mais tangible réalité. Cela sonne juste, les personnages sont touchants, courageux et surtout d’une honnêteté et d’une droiture qui font vibrer la corde sensible.

Il faut remercier l’éditeur qui nous précise à la fin du récit que nous retrouverons les frère et soeur de nos héros en février pour leur propre histoire… Sachez déjà qu’elle se déroule six ans plus tard, à San Francisco, à l’aube… du fameux et gigantesque incendie qui ravagea la presque totalité de la ville ! Alléchant non ?

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 343
Editeur : Harlequin
Collection : Les historiques
Sortie : 1 octobre 2009
Prix : 5,95 €