L’appel des morts – Avis +

Présentation de l’éditeur

A huit jours du G8 de juillet 2005, Edimbourg est sur les dents: on a déployé des forces de police considérables pour contenir les milliers de manifestants qui sont attendus.

À l’occasion d’un dîner officiel au château, un député tombe des remparts. Accident, suicide, meurtre? Quoi qu’il en soit, cela fait désordre, et la Special Branch exige que l’on étouffe l’affaire: le G8 doit être une réussite. Bien entendu, l’inspecteur Rebus ne l’entend pas de cette oreille. Au même moment, trois violeurs récemment sortis de prison sont sauvagement assassinés. Rebus et sa collègue Siobhan poursuivent l’enquête qu’on leur a pourtant enjoint de mettre entre parenthèses, le temps du sommet.

Décidément, plus il approche de la retraite, plus Rebus se montre intraitable. Alors que les premiers « Rebus » mettaient l’accent sur la ville et l’histoire d’Édimbourg, L’Appel des morts aborde ouvertement la question de la, mondialisation. Tout en faisant évoluer le personnage de Rebus, Rankin lui-même se lance dans une réflexion politique ancrée dans le siècle.

Avis de Marnie

Talentueux auteur de thrillers « écossais », Ian Rankin se penche ici sur la profonde évolution actuelle de notre société avec la mondialisation qui balaye tout sur son passage. Ecrit ainsi, cela semble au pire pompeux, au mieux ennuyeux, mais n’oublions pas qu’il s’agit d’une des enquêtes de l’inspecteur John Rebus, héros récurrent qui déambule dans les rues pas si tranquilles que ça d’Edimbourg, toujours considérée comme un gros village plutôt pittoresque…

Il est toujours passionnant de voir comment a été vécu et ressenti un événement vieux de quatre ans, déjà entré dans l’histoire, mais qui soudain sert de toile de fond, analysé, disséqué et raconté comme une suite d’images impressionnantes et dérangeantes, alors que sur le devant de la scène une intrigue fictive sert de fil conducteur. C’est exactement ce que réussit Ian Rankin en nous racontant le sommet du G8 d’Edimbourg de quatre jours de juillet 2005, alors que l’on annonce que Londres accueillera les jeux Olympiques de 2012 et que le dernier jour les attentats focaliseront tous les regards.

John Rebus est le flic type, alcoolique revenu de tout qui ne vit que pour son travail, ayant perdu toute vie sociale et qui, à un an de la retraite, alors qu’il enterre son frère dont il s’était éloigné, se demande ce qu’il va faire du reste de son existence… Tout ce qui lui reste, une adolescence bercée par les grands groupes britanniques des années 70, détails semés au gré des pages, qui apportent une sorte de nostalgie façon bien plus Rolling Stones que Beatles tout au long de ce récit à l’intrigue honnête sans grande surprise, mais qui possède une vraie épaisseur.

En effet, les meurtres auraient été très vite résolus s’il n’y avait en toile de fond des manœuvres politiques, des milliers de gens qui déferlent sur Edimbourg, pas loin de deux mille policiers que l’on fait venir de toute urgence de Londres, des manifestations, des rues barrées, des lieux proscrits, et l’interdiction d’enquêter pendant huit jours par une hiérarchie qui tente de ne pas faire de vague. Avec sa façon presque suicidaire d’aller chercher les ennuis, John Rebus entraîne sa jeune coéquipière tout aussi décidée que lui, Siobhan Clarke, dans des ennuis qui vont bientôt les dépasser. Comme si cela n’était pas suffisant, le vieil ennemi de Rebus, le mafieux Cafferty va leur mettre des bâtons dans les roues.

Ian Rankin dresse une oeuvre assez sombre mais avec une petite dose d’optimisme qui nous rend l’ensemble assez attachant. Adversaires ou supporters de la mondialisation, contestataires ou adeptes de l’ordre établi, il renvoie chacun à ses propres contradictions, les idéaux bafoués par une sordide réalité, et une réalité qui oublie de prendre en compte ceux qu’elle laisse sur le chemin. Manipulateurs manipulés, observateurs aveuglés… tout le monde joue son rôle ici dans cette fine analyse peut être un peu manichéenne mais qui possède une vraie profondeur. Un regard aussi humoristique que critique sur l’évènementiel qui joue sur l’émotion et l’immédiateté, oublié dès le lendemain, chassé par un autre fait divers !

Fiche Technique

Format : broché
Pages : 497
Editeur : Le masque
Sortie : 20 mai 2009
Prix : 22 €