Captive – Avis +

Résumé de l’éditeur

La guerre fait rage aux alentours de Fort-Cascade. Le roi Xymund a bien du mal à protéger sa citadelle contre l’invasion des Firelandais, de féroces cavaliers. Menés par leur chef, le redoutable Tigre, ils pillent, tuent et poussent à l’exode les paysans. À l’intérieur des murs où la surpopulation menace, la princesse Xylara, demi soeur du roi, est aussi guérisseuse. Elle soigne les blesses d’où q’ils viennent et n’hésite pas à braver l’interdiction royale en se rendant incognito au chevet des guerrier ennemis. Jusqu’au jour où Xymund négocie enfin la paix. Il obtient de rester…

Avis de Domino

Pas facile de faire son trou dans le monde encombré du fantastique et de la fantasy, surtout lorsque son cycle n’appartient ni à l’un ni à l’autre ! En effet, L’épopée de Xylara n’appartient ni au genre fantastique car on n’y rencontre ni créature de la nuit genre vampire ou loup-garous, ni créature surnaturelle genre licorne ou dragon, ni à celui de la fantasy, le roman manquant cruellement de faes en tout genre !

Et pourtant, difficile de classer L’épopée de Xylara dans la case du roman historique, l’histoire mêlant joyeusement des bribes de réalité historique à la fiction la plus débridée qui soit. Les Firelandais rappellent furieusement les hordes de barbares qui ont déferlées sur l’Europe au cours des siècles. Ces guerriers qui vivent à cheval font penser irrésistiblement à Attila ou bien encore à Gengis Khan et sa Horde d’Or. Mais bien malin celui qui trouvera quel royaume a pu servir de modèle à celui de Xy…

Non, Elizabeth Vaughan, à l’instar des plus grandes, créée un monde parfaitement ancré dans sa réalité avec son histoire, sa religion, ses craintes et ses codes. Deux mondes s’affrontent, celui des sédentaires représenté par Xy et ses habitants et celui des nomades incarné par les Firelandais. Deux mondes, deux cultures se percutent et s’affrontent avant d’essayer de s’épouser et se fondre dans un ensemble plus ou moins harmonieux.

Xylara est le pont tendu entre ces deux mondes, celle par laquelle la paix doit passer mais cela ne se fera pas sans douleur. Au centre du roman, l’incompréhension née de malentendus pour certains savamment orchestrés. Le cœur du roman est la découverte de l’autre, de son monde, de sa civilisation et surtout que le seul « péché » est l’ignorance. Méconnaître l’autre c’est ouvrir la porte à la haine tandis que la connaissance de l’autre est porteuse de richesse et de joie.

Le roman d’Elizabeth Vaughan dans un style très simple, dénué de toute fioriture est puissant, car il oblige à s’interroger, à remettre en cause ses propres certitudes. Et cela est la marque d’un grand roman. Alors qu’importe que L’épopée de Xylara soit inclassable, l’important est de le lire. Et si vous l’emportiez durant vos vacances ?

Avis de Callixta

Elizabeth Vaughan, avec son style simple et tranquille, a sans doute signé l’un des meilleurs romans de fantasy romantique de ces dernières années. Introduction à sa trilogie de l’Epopée de Xylara, c’est un superbe roman initiatique qui voit l’émergence d’une femme et d’une nouvelle ère pour son peuple.

Xylara est une fille de Xy, un royaume imaginaire. Son frère en est le roi et elle mène une vie simple au milieu des siens se consacrant à sa passion, la médecine. Pourtant, la guerre a déchiré les terres de Xy et les Firelandais campent sous les murailles de la ville. Leur chef est en pleine négociation avec Xymund, le frère de Lara et va faire une proposition terrible. Il souhaite que la jeune femme lui soit confiée et devienne son esclave. Elle n’a pas alors tellement le choix. Un refus de sa part entraînerait un nouveau conflit et la paix importe plus que tout. Lara va donc accepter. Commence alors le chemin difficile vers la paix entre les deux peuples mais aussi leur découverte mutuelle.

Comme beaucoup de romans fantasy, Captive créé un monde original complet et va bien au-delà de l’histoire de quelques personnages. C’est aussi un roman qui brasse des idées philosophiques et surtout une certaine idée de la tolérance et de la paix. Elizabeth Vaughan , par le récit d’épisodes de la vie des Firelandais ou des Xyans, véritables paraboles , construit son monde et développe ses idées. Au centre de tout est le personnage de Lara, une sorte d’emblème pacifiste. Cette jeune femme, écartée de toute fonction par son frère jaloux s’épanouit dans son travail de guérisseuse. Par éthique personnelle, elle soigne tout le monde et son premier réflexe est celui d’aider les autres quelque soit son camp. C’est tellement naturel que cela en est désarmant mais absolument pas naïf. Il y a la même tranquille évidence pour elle à devenir la garantie d’une paix durable pour les deux peuples. Face à elle, Keir est aussi remarquable. Chef de guerre des Firelandais, c’est un guerrier mais aussi un politique. Avec finesse et intelligence, il veut dépasser la guerre et faire évoluer son peuple qui passe pour barbare.

Tout le roman est centré sur la découverte mutuelle des deux peuples et Lara est comme le lien entre eux. Sa fonction, sa personnalité le permettent. Peu à peu sa conception évolue, s’élabore et c’est une réflexion passionnante sur l’ignorance, vectrice de toutes les haines qui est alors proposée. A travers la découverte de ce qu’elle est auprès de Keir mais aussi de l’amour qui nait entre eux, c’est un pan entier de méconnaissance qui tombe. La fin du roman est alors lumineuse et évidente.

La relation amoureuse entre Keir et Lara est superbe. Comme le roman est écrit à la première personne, c’est la jeune femme qui nous fait découvrir cet homme qui la séduit et l’intrigue. Jamais, elle n’a vraiment peur mais elle peine à savoir ce qui lui plaît tant. L’attitude de Keir auprès de la jeune femme est parfois désarmante, mais là aussi, le roman offre une explication lumineuse et démontre encore une fois combien la parole, l’explication sont importants. Certaines scènes, pourtant très simples, sont profondément touchantes et révèlent beaucoup sur la profondeur de l’amour entre eux, bien avant qu’ils ne se l’avouent. Au fil des pages, Lara prend une dimension exceptionnelle et totalement originale. Rarement une héroïne aura autant changé tout en conservant ce qui est le fond de sa personnalité. En totale cohérence avec elle-même, elle trouve enfin sa vraie place dans le monde et auprès des siens. L’impression donnée est alors qu’une clé de voute a été trouvée et que le monde tournera mieux.

Evidemment, rien n’est si simple. Et le prochain tome le montrera amplement. Mais qu’Elizabeth Vaughan a du talent pour pousser ainsi à la réflexion avec des propos très simples, un style lumineux. Nous pouvons juste déplorer la relative lenteur du début de l’intrigue où quelques scènes pourtant très utiles à l’histoire sont peut-être moins convaincantes. C’est sans doute le temps que le lecteur prend pour s’installer dans l’œuvre d’Elizabeth Vaughan.

La suite de la trilogie promet d’être aussi passionnante avec Xylara confrontée à la maladie et aux difficultés de dépasser les différences. C’est en tous cas, une trilogie à découvrir très vite et qui peut séduire bien au-delà du public habituel de la fantasy.

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 507
Editeur : J’ai Lu
Sortie : 22 septembre 2008
Prix : 8 €