L’inconnue du théâtre – Avis +

Présentation de l’éditeur

Angleterre, 1817.
Pour sortir la nuit à sa guise sans risquer sa réputation, lady Eleanor Sinclair a mis au point un plan ingénieux : coiffée d’une perruque et vêtue d’une austère robe grise, elle se fait passer pour une gouvernante.

Un soir où elle s’est ainsi esquivée en cachette pour assister à une pièce de théâtre, elle rencontre le séduisant James Bentley, fils cadet d’un aristocrate, qui lui fait une cour assidue. Séduite, elle accepte de le revoir, et, dans le feu de la passion, lui cède avant de s’enfuir au petit matin…

Avis de Valérie

Sarah Eliott signe ici son deuxième roman, suite du premier précédemment édité dans la même collection en 2007 et nommé Le marquis libertin. Il s’agit d’une oeuvre étonnamment aboutie, que ce soit par son intrigue construite et fouillée, par une écriture toute en joliesse et légèreté, ou par l’attrait de ses personnages principaux et, de plus, le texte a bénéficié du talent d’un très bon traducteur.

La trame frise en permanence avec l’anachronisme (comment expliquer qu’une jeune débutante puisse sortir seule le soir, déguisée en gouvernante, pour assister à une pièce de théâtre, lieu où les seules femmes qui y étaient vues avaient de toutes petites vertus) mais sans jamais y tomber. Pourtant, Eleanor a quelque chose de moderne. Elle va là où ses envies la poussent sans perdre sa bonne éducation et ses bonnes manières, mais sans vraiment s’inquiéter des conséquences. Pourtant, elle est en adéquation avec son époque et elle en subira les règles, le moment venu.

James Bentley est lui plus en phase avec son temps. Benjamin d’une fratrie de trois, il est orphelin de père et mère. A la mort de ses parents, c’est son frère aîné, Richard, qui a été nommé tuteur. Il a alors torturé le garçonnet, jusqu’à ses 16 ans. James s’est ensuite enfui et n’est revenu dans le château familial qu’à la mort de son bourreau. Sa psyché est profondément perturbée même si cela n’apparait pas durant les deux tiers du roman où nous évoluons dans une comédie délicate et délicieuse. Le dernier tiers ressemble étrangement au roman de Daphné du Maurier, Rebecca, mais le fantôme qui habite les lieux n’est pas une première femme décédée, mais les démons de James qui se mettent résolument entre lui et son aimée.

A ce moment là, nous assistons à un changement radical de style, qui s’enchaîne pourtant bien avec ce qui précède, en entrons dans une ambiance gothique qui ne possède heureusement pas une trop grande noirceur. On pourra éventuellement reprocher un manque d’introspection des personnages, mais en toute honnêteté, nous n’en sommes plus là ! Le plaisir de la lecture a déjà tout emporté sur son passage.

Le troisième tome de la famille de Eleanor est écrit, vivement que Harlequin France le traduise !

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 342
Editeur : Harlequin
Collection : Les historiques
Sortie : 1 février 2009
Prix : 5,95 €