Coincé entre une progéniture ingrate et un talent de plus en plus incertain, le personnage principal de Mon chien stupide oscille entre un cynisme salvateur et des envies de fuite. Fils d’immigrés italiens, il caresse le rêve d’un retour à ses racines, fantasmant sur une vie paisible aux terrasses des cafés de la Piazza Navona à Rome. Mais pour l’heure, il faut courir le cachet, écrire des scénarios médiocres pour des séries télé affligeantes… ou le plus souvent aller encaisser un chèque des allocations de chômage.
L’existence tumultueuse de la famille est bouleversée lorsqu’un gigantesque chien décide de s’installer dans la maison, pour le plus grand bonheur de l’auteur raté mais au grand dam du reste de sa tribu. Mon chien stupide est une tragicomédie de la crise individuelle : crises d’adolescence à retardement, démon de midi, couple en déliquescence. John Fante signe ici un roman touchant, débordant de compassion et d’acide lucidité. –Lenaïc Gravis et Jocelyn Blériot
Avis de Valérie
John Fante a inspiré de nombreux écrivains, bien plus connus que lui comme Charles Bukowski ou Jack Kerouac, notamment car cet homme qui a vécu la grande dépression était un visionnaire et a insufflé dans ces romans, souvent autobiographiques, ou ses scénarios, ce besoin de s’affranchir du carcan moral et social Wasp, lui ce catholique d’origine italienne, jouisseur de la vie comme on la pratique en Europe du sud. Il avait 55 ans au milieu des années 60, et malgré la naissance de la beat generation, il était toujours en avance sur la pensée de ses contemporains.
Mon chien Stupide est un récit accessible à ceux qui n’ont pas apprécié La route de Kerouac ou les écrits du même type. Il nous montre avec humour, acidité, et cynisme que le protagoniste principal qui se sent étranger à la vie qu’il s’est construit, est puissamment encouragé par l’arrivée d’un énorme chien dans son jardin par un jour de pluie. Il le venge des nombreuses vexations qu’il subit.
Cet animal symbolise celui qu’il serait s’il n’était pas pétri par son éducation, ses obligations sociales. Il tient là sa revanche sur sa famille, ses voisins, son propre égo. C’est à la fois jouissif, tout en étant teintée d’une ambiance désabusée qui change de cet esprit juif-américain que l’on connait bien.
L’écriture est datée, les idées véhiculées peuvent choquer nos esprits politiquement corrects, mais tout cela reste une expérience nouvelle et plaisante. Ne pas hésiter à s’y plonger, dépaysement et ouverture d’esprit garantis.
Il est à noter que cette réédition est réalisée dans un format poche de qualité avec notamment une couverture rigide et une surcouverture esthétique même si l’illustration ne correspond pas au chien décrit dans le roman (il s’agit d’un Akita, un chien japonais).
Fiche Technique
Format : poche
Pages : 154
Editeur : 10/18
Collection : Domaine étranger
Sortie : 20 novembre 2008
Prix : 9 €