Maintenant ou jamais – Avis +

Présentation de l’éditeur

 » Le bébé que tu portes appartient à une autre…  » En découvrant ces mots qui s’en prennent si violemment à ce qu’elle a de plus cher, Maggie est bouleversée. Qui peut lui en vouloir au point de lui adresser une lettre anonyme ? Posant la main sur son ventre qui s’arrondit au fil des semaines en un geste spontané de protection, Maggie est sous le choc. Qui… sinon Nicki ? Des quatre amies qui se réunissent lors de rituels dîners, n’est-ce pas elle, sa meilleure amie, qui a réagi le plus étrangement, presque avec hostilité, lorsqu’elle a annoncé cette grossesse inespérée ? Car cet enfant est le fruit d’un miracle : sans l’assistance des médecins et de la science, Maggie n’aurait pu porter ce bébé. Il est aussi le fruit de la passion qui unit des amants scandaleux, car, de seize ans plus jeune que Maggie, Oliver paraît à certains trop beau, trop jeune, trop arrogant… Leur liaison a choqué. Et la naissance de cet enfant suscite une nouvelle onde de choc dans leur entourage. Toute à son bonheur, Maggie n’imagine pas encore ce que l’annonce de cet heureux événement fait résonner chez ses amies, et encore moins le drame secret et intime qu’il va révéler en chacune d’elles…

Avis de Marnie

Impossible de qualifier de romance, cette histoire totalement atypique dans la bibliographie de Penny Jordan. Déjà, les codes du genre ne sont pas respectés : nous n’avons pas une histoire d’amour centrale, ni même plusieurs… le seul thème qui prédomine ici c’est l’évolution de l’amitié et la crise personnelle traversée par six femmes. Quatre cinquantenaires se réunissent une fois par mois, depuis leur adolescence, Deux d’entre elles ont noué des liens personnels plus intimes, Maggie, à qui tout semble réussir, et Nicki, femme d’affaires avisée qui a traversé de douloureuses épreuves avant de trouver le bonheur. Les deux autres, soit Stella, femme active socialement, connue pour être terre à terre, et Alice, femme au foyer douce et effacée, complètent ce quatuor où complicité et souvenirs chaleureux et humoristiques laissent penser que cette amitié est indestructible.

Or, tout éclate soudain comme un feu d’artifice, lorsque Maggie, qui vit avec un homme de seize ans de moins qu’elle, annonce qu’elle s’est fait inséminée artificiellement, vu son âge… 52 ans ! Il faut avouer que c’est avec ce genre de roman que l’on s’aperçoit qu’il est très difficile d’écrire une critique « neutre » lorsque le personnage agit de manière si éloignée de « notre » façon de penser… Ainsi, le silence et les commentaires consternés qui accueillent l’annonce en fanfare de Maggie, trouvent des échos chez le lecteur. Seulement, voilà, ce dernier oublie vite ses préjugés, dès qu’il suit chacune des trois autres femmes, qui en fait, traversent toutes une crise difficile. Cette si solide amitié semble plutôt reposer sur une habitude et un passé commun mais n’a plus beaucoup de signification, tant ces quatre amies se sont peu à peu éloignées.

L’écriture est très britannique. Aux Etats-Unis, on verrait plutôt notre quatuor s’aider, trouver l’une chez l’autre, suivant les épreuves, par ci, par là, l’appui nécessaires ou les ressources pour affronter ses difficultés. Contrairement au mythe américain qui veut que l’amitié est au-dessus de tout et que l’on se raconte tout, ici, elles sont loin de révéler leurs fêlures et ce depuis des années, gardent pour elles opinions, certaines de leurs mauvaises actions ou même, pire : elles ne s’intéressent pas spécialement les unes aux autres. Ce qui plaît alors particulièrement au lecteur, c’est cette finesse de l’analyse, un petit aspect très vrai, acide et égoïste qui nous rend si humaines les quatre destinées.

Deux autres femmes viennent s’insérer comme des grains de sable qui vont faire déraper totalement une machine qui semblait si bien huilée : Zoé la fille d’Alice, qui se plaint ouvertement de ne pas être comprise ni aimée par ses proches, elle-même mère de deux enfants, et Laura, elle-aussi adulte, la fille du mari de Nickie qui voue une haine féroce à sa belle-mère. Or, bien évidemment, ces portraits stéréotypés découverts au début du roman, se révèlent nettement plus nuancés au fur et à mesure que le récit se déroule. Peut-être ont-elles raison ? Peut-être aussi ont-elles tort ?

Construit comme un thriller, les décisions ou les épreuves subies par les personnages, chacun de leur côté, vont tisser peu à peu une toile étouffante qui va culminer à une situation de crise dramatique aux répercussions plus ou moins tragiques. Si les hommes traversent l’histoire, ils ont juste assez de consistance pour permettre aux six héroïnes une introspection ou une remise en question personnelle. Là-encore, ce style et le ton aiguisé et même parfois cruel a une consonance bien plus anglaise qu’américaine. Nous reprocherons seulement un final accéléré, qui aurait mérité au moins deux chapitres supplémentaires, tant l’épilogue paraît abrupte.

Penny Jordan est un auteur prolifique, spécialisée dans les romances contemporaines de format court. Or, depuis cinq ans environ, elle s’amuse à changer de registre. Après s’être relancée dans les romances historiques, la voici qui s’est attaquée à des romans de plus de 500 pages, nettement plus sombres, aux dialogues plus durs et plus incisifs, avec des scènes plus tragiques ou plus difficiles, même la tension des passages sensuels est traitée de façon plus adulte, plus crue. Nous sentons un auteur qui domine complètement son sujet, mature, qui sait utiliser toutes ses ressources imaginatives et son sens du récit pour faire passer des idées qui chez tout autre, nous agacerait. Encore une très bonne réussite !

Fiche Technique

Format : broché
Pages : 426
diteur : Harlequin
Collection : Jade
Sortie : 1 août 2008
Prix : 10,95 €