La demande en mariage – Avis +

Présentation de l’éditeur

Angleterre, Régence.
Depuis longtemps, il a été convenu que le comte de Rule épouserait un jour l’une des trois demoiselles Winwood. Et, le moment venu, c’est tout naturellement que le comte fait sa demande à Elizabeth, la plus jolie des sœurs. Pour cette dernière, amoureuse d’un autre homme, c’est la consternation. Mais comment refuser une union qui permettrait à sa famille, criblée de dettes, d’échapper à la ruine ? C’est alors qu’Horatia, la benjamine, a une idée : elle va se rendre en cachette chez le comte et le persuader de la prendre elle pour épouse. Oh, bien sûr, elle n’a que dix-sept ans et n’est pas une beauté, mais qu’importe après tout puisqu’il s’agit d’un mariage de convenance ?

Avis de Domino

Ce qui est merveilleux chez Georgette Heyer c’est qu’elle réussit là où bon nombre d’écrivains contemporains échouent, rendre sympathique une héroïne qui accumule les bévues, qui se trompe, qui ne voit ni ne devine rien et qui a un don rare pour tomber dans les traquenards et se lancer dans des aventures insensées. On a l’habitude de qualifier ce type de personnage de TSTL (Too Stupid To Live). En temps ordinaire, on fuit comme la peste ce genre d’héroïne car elle va souvent de pair avec une intrigue indigente ou rend la vie des autres protagonistes tellement infernale qu’on ne peut s’empêcher de la détester voire même de jubiler quand les catastrophes pleuvent sur elle.

Horatia est ce type d’héroïne. Ecervelée, futile, elle possède tous les défauts des jeunes femmes de l’époque Régence : tout comme celles-ci, elle adore bijoux et toilettes et est une joueuse invétérée. Cependant on lui pardonne son insouciance et même sa sottise. A sa décharge elle est très jeune, 17 ans, et Georgette Heyer ne commet pas l’erreur de lui donner la maturité d’une femme de 30 ans, ni même les réactions d’une femme moderne. Horatia a 17 ans et réagit comme une très jeune fille de son époque. C’est peut-être ce qui l’a rend aussi adorable. Malgré ses bévues on ne peut que l’aimer.

Pour lui donner la réplique, Marcus, comte de Rule n’est pas en reste. Tout aussi futile et excentrique que son épouse, sous son flegme on devine un être plus profond que l’image qu’il donne de lui-même. Tout comme Horatia incarne à merveille la lady de la régence, Marcus est l’archétype du noble de cette époque et il est le digne pendant d’Horatia. A la fois flegmatique (rien ne l’étonne vraiment) et excentrique, Marcus apparaît surtout comme un personnage énigmatique. Il semble blasé et seule Horatia lui permet d’échapper à l’ennui de sa vie.

Tous les ingrédients sont là pour créer un roman banal ou même raté : une héroïne TSTL, un héros beaucoup plus âgé, une intrigue délirante avec des développements totalement improbables animée par une galerie de personnages tout aussi excentriques qu’Horatia (vous n’oublierez pas de sitôt Pelham le frère d’Horatia, ni même Pommeroy son ami !) et cependant, on marche et on avale tout sans sourciller, et même on en redemande !

Le roman est conduit à toute allure, à la manière des phaétons de cette époque. L’intrigue est menée à bride abattue avec des virages pris sur deux roues, on frôle la catastrophe à plusieurs reprises et on ressort de l’aventure échevelé, les joues roses d’excitation et le sourire aux lèvres. On a survécu et on s’est bien amusé. On a frémi juste un peu, on a joué à se faire peur mais à la fin tout est rentré dans l’ordre et on est arrivé à bon port.

Comme à son habitude, Georgette Heyer livre un roman brillant, enlevé, très drôle qui accumule péripéties et dialogues étincelants. Ca fuse, ça pétille comme du champagne, ça en a la légèreté, l’élégance mais aussi l’évanescence. Une fois refermé le roman il ne reste plus que le souvenir d’un charmant moment et c’est bien ainsi qu’il faut prendre les romans de cet auteur, comme une parenthèse enchantée dans un monde brutal et grossier !

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 343
Editeur : Harlequin
Collection : Les historiques
Sortie : 1 août 2008
Prix : 5.80 €
Titre original : The Convenient Marriage (1934)