Shadows of the night – Avis +

Présentation de l’auteur

Fern and Colin Radcliffe had a conventional courtship and expected a conventional marriage. But Fern’s wedding night leaves her shaken — and reborn. Driven by a desire to control her own destiny, she strikes out at her new husband in a passionate assertion of independence. In doing so, she awakens a secret craving in the recently bound couple — an exquisite erotic delight that ignites their love and creates an insatiable hunger for more.

To encourage this new, forbidden love, they spend their honeymoon alone at Colin’s isolated estate — the perfect setting to explore a world of pain, pleasure, and power. But their exploration is interrupted by a devastating secret from Colin’s past — a secret that threatens their future together…and their very lives.

Avis de Callixta

Lydia Joyce est une auteur rare au style très personnel qui s’affirme à chaque livre. Le tout dernier Shadows of the night est encore une réussite entre romantisme gothique et réalisme assez froid .

Fern et Colin doivent se marier. Il s’agit d’un mariage parfaitement réaliste pour cette période victorienne : Colin a choisi Fern pour sa simplicité, son évident bon caractère et le fait qu’elle a été préparée à être une bonne épouse. Il la connaît depuis longtemps puisque leurs deux familles se fréquentent. Il a abandonné une plaisante liaison avec une femme mariée, par respect pour sa jeune épouse. Quant à elle, elle ne voyait pas pourquoi elle aurait refusé un prétendant titré, bien fait de sa personne et qui lui permettait d’entrer dans le cercle envié des femmes mariées. Seulement voilà…Fern se découvre une personnalité moins accommodante lors de sa nuit de noces. Et la relation entre les deux époux va complètement basculer.

Cet aspect du roman est particulièrement original. Si de nombreuses romances s’intéressent au mariage et à la nuit de noces, c’est souvent une apothéose et le début du nirvana marital de nos héros. Ici, nous sommes plongés dans les débuts hésitants d’un couple qui ne se connaît pas. Comment accepter l’idée de partager son corps (notamment pour Fern, qui est vierge), alors qu’on ne sait même pas quelle est la couleur préférée de son époux ? Et Colin est d’autant plus inquiétant qu’il est d’une froideur totale qu’il assume d’ailleurs ; lui-même se définit comme mort à l’intérieur. Ce passage est délicat mais magnifiquement bien vu et bien décrit par l’auteur.

L’évolution du couple va alors commencer sur à peine une semaine. C’est parfaitement crédible parce qu’ils vont se retirer pour une lune de miel improbable dans un manoir délabré, possession personnelle de Colin qu’il a décidé de visiter contre tout bon sens. Cette maison, isolée, inquiétante et sans confort va devenir une sorte de matrice pour le couple et va agir comme un révélateur de ce qu’ils sont. Le lieu, les inquiétants domestiques chargés de son entretien, les lettres d’ancêtres de Colin jouent tous un rôle dans la révolution qui se fait dans la tête de Colin et de Fern. C’est pourquoi, on croît à cette formation du couple en une petite semaine.

Pour faire évoluer les jeunes épousés, il fallait aussi un terrain d’entente. Le lit conjugal semble une très bonne idée, mais Lydia Joyce ne considère pas cela comme une évidence et les débuts sont difficiles. Ce qui va river les deux héros l’un à l’autre, c’est leur curiosité mutuelle et la découverte qu’ils peuvent s’entendre sur ce plan en infligeant de la douleur (pour Fern) et en la recevant (pour Colin). Là aussi, ce passage est délicat mais finement amené par l’auteur. Il ne s’agit pas de pratiques sado-masochistes mais de jeux de morsures et de griffures appuyés. Lydia Joyce renouvelle l’un des passages imposés de la romance qui est l’attirance sexuelle irrépressible des deux protagonistes, mais en créant un réel fondement et en montrant comment elle naît et s’installe. Elle n’hésite pas à mener le lecteur de romance historique dans des chemins rarement empruntés, celui de pratiques sexuelles un peu différentes. Et, là aussi, c’est une vraie réussite.

L’atmosphère rappelle celle de nombreux livres de Lydia Joyce. Le manoir en ruine de Colin est inquiétant, ouvert à tous les vents et visiblement marqués par des évènements dramatiques. Il imprègne tout le livre d’odeurs et de bruits qui rappellent les romans gothiques. Les personnages sont très précisément définis avec une sorte de froideur distante qui peut déconcerter mais qui est très original.

La fin est plutôt surprenante mettant un point final à un très bon roman qui a plusieurs niveaux de lecture. Il y a bien sûr l’histoire d’amour et de réveil à la vie des deux héros mais aussi toute l’époque victorienne avec les mœurs de la haute société engoncée dans ses traditions et ses règles, thème cher à Lydia Joyce.

Ce roman constitue une partie d’une sorte de série dont les livres sont très indépendants. Certains membres des familles de Fern et de Colin apparaissent ainsi et auront ou ont eu leur histoire, mais ils ne jouent aucun rôle dans celle-ci. Un prochain livre est déjà annoncé et apportera sans aucun doute d’autres éléments à ce portrait doux-amer de la société victorienne que trace Lydia Joyce.

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 304
Editeur : Signet Book
Sortie : mars 2008
Langue : anglais
Prix : 4,48 €