Cambodge et Khmers rouges : Une tragédie oubliée 1975-1979 – Avis +

Présentation de l’éditeur

Un des plus grands drames que le monde ait connu… Du 17 avril 1975 au 7 janvier 1979, en trois ans, huit mois et vingt jours, les Khmers rouges ont provoqué, au Cambodge, la mort d’environ deux millions de leurs compatriotes, soit par élimination directe (tortures, exécutions, combats), soit indirectement (épuisement, maladie, malnutrition). Le Cambodge comptait alors environ huit millions d’habitants. C’est donc près d’un quart de la population qui a été décimé.

L’ouvrage donne un aperçu de ce qu’une jeune cambodgienne – Méas Pech-Métral – a vécu sous le régime des Khmers rouges, avec sa famille et son peuple, et ce qu’il advint d’eux par la suite. Le parcours de Méas Pech-Métral, au travers de ce livre-témoignage, est ainsi mis en perspective avec la chronologie des événements dans leur résonance historique et humaine. De nombreux documents et photographies, accompagnés d’extraits de carnets de route et de poèmes, permettent une approche intime de l’histoire.

Avis de Valérie

Il est inutile de lister quelques dates pour situer ce livre, car le titre se suffit à lui-même : une tragédie oubliée. Effectivement, on connaît bien le Vietnam sûrement à cause du cinéma, la Corée du Nord et du Sud, puisque dernièrement il était question que W les envahissent, mais le Cambodge ?

Alors, « heureusement » que Hollywood a scénarisé l’horreur de l’année zéro, avec un film coup de poing, La Déchirure, long métrage datant de 1984 et interprété par Sam Waterson et Haing S Ngor, lui même rescapé de la purge Khmers.

L’ouvrage publié par les éditions de l’Astronome, développe son sujet autour du témoignage de Méas Pech-Métral, jeune femme ayant vécue les atrocités des Khmers rouges. Elle étaye son éventuelle subjectivité [[le témoignage, par définition, est l’observation par une personne d’un événement et est donc sujet à caution s’il n’est pas corroboré par d’autres témoignages ou par des faits]] par une première partie où sont relatés les faits historiques depuis la création du royaume. C’est clair, illustré et documenté.

Viennent ensuite des poèmes de toute beauté, chacun est illustré par une photographie prenant en quelque sorte le contrepied des mots en offrant une vision d’espoir face à la fatalité des événements. Ils sont d’une intensité telle, qu’il ne peuvent que toucher très profondément chaque lecteur. De plus, la prose permet de ne pas être détournée par des phrases en vers qui pourraient insulter, par leur préciosité, l’âpreté des mots.

Suit l’entretien. Dirigé par Georges Bogey, il permet à Méas de raconter directement ce qu’elle a vécu. Les questions ne sont pas innocentes ou candides, mais précises, à charge et à décharge. C’est plutôt rare et permet aux réponses d’éviter toute langue de bois, d’être empreintes du coeur de l’auteur.

Le livre est véritablement le meilleur moyen de connaître, comprendre et s’éveiller à cette tragédie oubliée. De plus, les déclarations de Méas Pech-Métral à la fois tendres, sincères, violentes et vindicatives ouvrent les portes de notre intelligence émotionnelle et nous permet alors de digérer les faits froids et statistiques, mais aussi la souffrance humaine, personnelle, de quelqu’un que nous ne pouvons ignorer.

Fiche Technique

Format : broché
Prix : 175
Editeur : Editions de l’Astronome
Collection : Témoignages
Sortie : 6 mai 2008
Prix : 18 €

Biographie de l’auteur

Née en 1965 au Cambodge, Méas Pech-Métral a dix ans lorsque sa famille est chassée de son village et dispersée. Pendant quatre ans, elle sera envoyée dans plusieurs camps de travail avant de fuir en Thaïlande où elle connaîtra les camps de réfugiés. En 1983, elle part pour la France en tant que réfugiée politique. Elle est l’auteur de plusieurs ouvrages de témoignage et de poésie. Pour écrire, Georges Bogey se sert du savoir qu’il appréhende, de la poésie qu’il ressent, de son prochain qu’il écoute et observe. L’enseignement du judo, l’a amené à l’étude des philosophies et des arts de l’Extrême-Orient. Ce chemin l’a conduit jusqu’au mode d’expression poétique qu’est le haïku.