Résumé de l’éditeur
Avis de Callixta
Voici déjà le troisième tome de la série de Lynn Viehl et l’enthousiasme grandit encore ! Le troisième volet est parfois critique dans une série qui va comporter de nombreux titres à n’en pas douter. En effet, si le premier installe le monde paranormal, les personnages et ouvre déjà des pistes, le second élargit le champ d’investigation fait souvent prendre le véritable envol à la série. Le troisième est délicat : il ne faudrait pas décevoir en se répétant en oubliant de dynamiser les personnages ou pire encore en perdant le sens de son travail.
Rien de tout cela, ici. Lynn Viehl explore deux personnages nouveaux dont le héros a déjà été entrevu dans le début de la série. Lucan est l’assassin du Darkyn. Dans un monde qui s’est construit laborieusement, secrètement et contre le Brethen (un ordre de faux moines chargés d’éliminer les vampires), il fallait essayer de maintenir l’ordre. C’est Lucan, le fils spirituel du roi Darkyn, Richard qui a récupéré cette tâche ingrate et qui l’a isolé. Lucan est devenu ainsi Le Prince Noir de la Mort alors que l’autre fils spirituel, Michaël était le Prince rouge du Sang. La lutte entre eux était inévitable et ils sont devenus des frères ennemis, sans haine particulière mais avec la conviction que l’un est de trop. Lucan a toujours été seul. Ce superbe vampire blond aux yeux très clairs n’a aimé qu’une seule fois vraiment : Frances, une jeune anglaise qui l’a délaissé pour un autre. Il a poursuivi depuis une vie éternelle consacrée à la mort et à la solitude. Depuis peu, il a obtenu un repos bien mérité et est devenu suzerain d’un des jardins des États-Unis : la Floride. Il a ouvert une boîte de nuit gothique mais il est évident qu’il a encore des comptes à régler. Au moins avec Michaël.
Samantha Brown, l’héroïne est flic à Fort Lauderdale. C’est une solitaire elle aussi. En équipe avec un vieux policier asthmatique, elle s’investit totalement dans son travail et a une vie personnelle réduite à néant. Leur rencontre très chaude a lieu lors de l’enquête qu’elle mène lorsqu’on retrouve assassinée une jeune femme qui a eu des relations (forcément sexuelles) avec Lucan. Celui-ci est médusé et violemment attiré lorsqu’il remarque la ressemblance de Samantha avec Frances.
La relation entre ces deux héros est beaucoup plus romantique que celles que les autres héros ont eues. La solitude terrible de Lucan apparaît rarement mais quand on découvre les abîmes dans lesquels il vit, cela devient poignant. Ce qui l’unit à Samantha le surprend et l’effraye. Il est dangereux pour elle : ses mains peuvent tuer par simple contact et il a une âme plus noire que les enfers. Mais Samantha, d’abord déstabilisée (on le serait à moins) va peu à peu se laisser séduire par ce spécimen superbe, dangereux mais terriblement protecteur avec elle. Certaines phrases qu’ils prononcent pour parler de leur amour sont superbes. Attention, si je parle de romantisme, ne vous attendez à rien de rose bonbon, le roman garde le ton de la série : noir, violent, flirtant avec le cauchemar parfois ! Les scènes d’amour entre eux sont très sensuelles, directes et évocatrices (comme celles qui unissent d’autres personnages d’ailleurs.).
L’intrigue ou les intrigues devrais-je dire sont remarquables. C’est la grande qualité de Lynn Viehl. Elle résout dans ce roman le mystère des meurtres qui impliquent Lucan et qui ont commencé avec la jeune femme du début. Mais elle poursuit aussi la description du monde Darkyn et cette société féodale devient complexe avec des hiérarchies internes contestées, un chef (Richard) qui devient un monstre peu à peu et dont les motivations sont assez obscures. Elle s’intéresse tout particulièrement à ce qui a créé cette race Darkyn au Moyen Age. Il semble bien que ce soit une maladie (peste ?) qui a fait mourir puis renaître vampire les héros au quatorzième siècle. Elle soulève des pistes, des hypothèses sur les soins qui pourraient être donnés. Cette idée de vampires, êtres mutants dont le statut est peut être réversible, est originale et très intéressante. Pour faire avancer cette thèse, Lynn Viehl révèle que ceux qui se nourrissent de sang d’animaux deviennent ce qu’ils consomment. C’est passionnant et le mystère demeure entier.
Le rôle d’Alexandra Keller devient de plus en plus central : elle est le médecin capable de comprendre le problème et elle est elle-même un mystère puisqu’elle est la seule humaine qui a pu muter depuis de longs siècles. Alexandra et Michaël deviennent des héros récurrents à qui de longs passages du roman sont consacrés. Il en est de même pour le frère d’Alexandra, John, toujours aux prises avec ses contradictions personnelles. Je terminerai par un petit reproche et une mise en garde : Lynn Viehl a tendance à reprendre le même schéma pour situer les méchants de son histoire : souvent, les héros devraient regarder auprès plus près d’eux… Dommage qu’elle utilise à chaque fois ce même ressort parce qu’on finit par s’en douter un peu ! Cela n’enlève rien au roman suffisamment riche et complexe pour ça, heureusement. La mise en grade est qu’il faut lire ces romans dans l’ordre. Il serait vraiment dommage de découvrir la série en cours, elle forme un tout.
La fin du roman ouvre autant de perspectives qu’elle en referme. Des questions restent en suspens…Et on se réjouit que Lynn Viehl ait déjà publié deux et bientôt trois autres tomes à cette série au ton si personnel. Le prochain livre est consacré à un autre ami de Michaël et Thierry Durand (héros du tome précédent et absent dans celui-ci mais peut être pas définitivement) : Gabriel Seran. Son histoire sera sans aucun doute une nouvelle plongée dans le monde Darkyn et une avancée dans les révélations du mystère qu’il constitue.
Fiche Technique
Format : poche
Pages : 304
Editeur : Signet Book
Sortie : juin 2006
Langue : anglais
Prix : 4,48 €