Les amis d’Emma – Avis +

Présentation de l’éditeur

Les amis d’Emma ont quatre pattes, un groin et une queue en tire-bouchon. Et malgré toute leur affectueuse volonté, ces bons cochons ne suffisent pas à lui assurer un revenu. Désormais, la petite ferme qu’elle exploite en célibataire endurcie semble bel et bien promise aux huissiers.

Max, quant à lui, se contenterait bien de cette réconfortante présence animale, car des amis, il n’en a aucun. Personne pour le soutenir dans la terrible épreuve qui s’abat sur lui : atteint d’une maladie incurable, ce timide amateur de musique classique à l’existence bien ordonnée apprend soudain qu’il ne lui reste que quelques mois à vivre. Le destin, ce sacré cochon, va alors se charger de réunir ces deux solitaires en leur offrant, pour corser leur rencontre, un gros paquet de dollars…

Avis de Marnie

Cette fable est réjouissante à plus d’un titre. En effet, ce roman peut sembler une jolie histoire sur la campagne et la nature, l’amour fou ou encore la solitude… mais en fait, le message toujours présent est le carpe diem bien connu. Profitez du temps présent !

Emma se délecte de sa vie bordélique, vivant parmi ses cochons et autres animaux, autant qu’elle le peut se cachant de la réalité, car la la saisie de ses biens est devenue plus que menaçante. Max, lui, maniaque appliqué et réfléchi, a passé son existence à se protéger de tout et surtout de vivre par peur de ce qui pourrait lui arriver, sauf qu’il apprend qu’il est condamné à brève échéance et soudain décide de profiter des derniers moments… De cette rencontre plus qu’improbable entre deux êtres seuls et qui étrangement, se suffisaient à eux-mêmes, aux antipodes l’un de l’autre tant par l’éducation que les goûts et la façon de vivre, va se créer une relation pleine d’amour, de tendresse et surtout de compréhension alors que tout les sépare.

Sur un mode jubilatoire, ou la drôlerie est présente pour éviter le mélodrame, la ferme d’Emma va devenir le centre du monde, un croisement pour certains personnages, secondaires tous savoureux et très présents qui évoluent autour des deux héros qui eux, tentent de retarder le plus possible l’avance inexorable du temps. Nous assistons à ces relations manquées, vestiges d’amitiés passées, intérêts présents, tout se commence, se transforme et se termine…

Nos deux héros n’avaient rien en commun : ils trouveront chacun grâce à l’autre la force d’évoluer et dire adieu à son passé. C’est l’aspect le plus sympathique et émouvant de cette histoire, qui se dévore d’une traite, petit récit fluide au langage mi-terre à terre, mi-poétique. Découvrons cette écriture chaleureuse et si gaie, pour nous empêcher de pleurer ! Une réussite…

Avis d’Enora

La ferme d’Emma se situe au cœur de l’Allemagne dans une région appelée la Sibérie hessoise, une région où personne ne s’arrête de son plein gré, où les hommes passent leurs journées à méditer au dessus de leurs bières, où on mange de la viande et de la charcuterie à tous les repas (on ne mange du poisson que si l’on a cassé son dentier) et où règne le matriarcat (l’insigne de pouvoir des femmes étaient la taille des robes qui commençait au 50 et pouvait sans problèmes aller jusqu’au 64). C’est là qu’Emma a grandi. Enfant maltraitée, elle a toujours dû se débrouiller seule et n’a trouvé d’affection qu’auprès de la vieille truie qui lui léchait les larmes. Elle rêve de partager sa vie avec un homme mais le seul qui s’intéresse à elle, le policier Henner, est impuissant et incapable de se détacher des jupons de sa mère. Alors quand la nature la titille trop, Emma enfourche la vieille Zündapp jusqu’à ce que les vibrations de la mobylette lui procurent de douces sensations. Or un jour, une Ferrari atterrit littéralement dans son jardin. Au volant Max, un solitaire élevé par des parents traumatisés par la guerre et qui n’a jamais connu la tendresse d’une femme, Max qui vient de faire une folie en apprenant qu’il est atteint d’un cancer du pancréas.

Ces deux êtres que tout sépare à priori, vont se reconnaître dans leur solitude et vont apprendre au contact l’un de l’autre à dialoguer, à demander et à donner. Max, l’obsédé de la propreté va permettre à Emma de se détacher de la pellicule de saleté qui la protégeait, la réchauffait et au contact de la jeune femme, il va s’autoriser à extérioriser ses émotions. Avec cette paysanne qu’en d’autres circonstances, il n’aurait même pas remarquée, il passera les jours les plus heureux de son existence.

Les amis d’Emma ce sont les cochons, ces petits compagnons de sa vie, elle les aime, ils la font vivre. Il y a un très beau passage ou elle explique à Max que le pire dans la mort, ce n’est pas la mort elle-même mais la peur de mourir, alors elle abuse de leur confiance, les prend dans ses bras et leur tranche la gorge avant qu’ils ne se doutent de ce qui va leur arriver. Seulement voilà, Max s’attachent aussi à ces « petites » bêtes, il les connaît tous, celui avec des tâches noires, celui avec un pli à l’oreille… Si bien qu’un jour Emma ne réussira plus à lever son couteau sur eux et se rendra compte qu’elle va devoir changer sa vie.

Claudia Schreiber aborde par le biais de la comédie et de l’humour, le grave sujet de la mort et de la maladie et réussit la gageure de le faire en parlant d’amour de la vie. Tous les personnages sont abordés avec une grande tendresse, que ce soit Emma ou Max mais aussi son ami Hans, le garagiste ou Henner le policier introverti. Émouvant et drôle, ce livre est une vraie réussite.

A propos de l’auteur

Née en 1958, Claudia Schreiber est journaliste pour différentes publications allemandes. Son deuxième roman, Les Amis d’Emma, déjà traduit en plusieurs langues. Le travail à la ferme, l’amitié avec les animaux, la liberté que l’on y éprouve, l’auteur connait bien pour les avoir vécus dans son enfance. Le livre a été adapté à l’écran sous le titre « Le bonheur d’Emma » par Sven Taddicken sorti en juin 2007.

Fiche Technique

Format : broché
Pages : 207
Editeur : Pocket
Sortie : 22 décembre 2006
Prix : 6,20 €