Une séduisante espionne – Avis +

Résumé

Après avoir vécu une période sombre, Philippa Atwaters décide de se travestir en homme et de se faire embaucher comme précepteur dans la demeure de James Cunnington. Elle est convaincue qu’elle pourra soutirer auprès de ce dernier des informations sur son père mystérieusement disparu. Ce qu’elle ignore, c’est que James est un espion de la cour d’Angleterre et qu’il soupçonne le père de Philippa d’être un traître à la solde de Napoléon.

Avis de Marnie

Voici la troisième aventure de la série « le club des menteurs », ces espions qui luttent contre Napoléon. Ce roman n’est ni pire ni meilleur que les deux autres, mais d’égale qualité : un bon divertissement dans lequel nous pourrions souhaiter un zeste d’originalité !

D’un côté nous avons une héroïne, Philippa, qui nous joue une reprise du chevalier de Maupin : une femme qui se déguise en homme, et qui soudain s’aperçoit qu’il est enivrant d’être du sexe masculin, libéré des carcans dans lesquels les femmes de ce début du 19e siècle sont cantonnés. Interprétant à tort une phrase que son père lui a dite avant d’être enlevé par des français, Philippa se méfie de James Cunnington qu’elle prend pour un traître à la solde de Napoléon. Elle entre au service de ce riche noble et devient le précepteur de son petit protégé dont il veut faire son héritier. Mais toute médaille a son revers… donc franchement rien de nouveau dans cet apprentissage de la vie, et des jeux de l’amour et du hasard.

James Cunnington est lui, miné par le remords d’avoir révélé lorsqu’il était drogué par sa maîtresse, des renseignements qui ont coûté la vie à certains espions du Club des Menteurs. Il ne peut surmonter sa culpabilité, tente sans succès de faire avouer la femme qui l’a piégé, et surtout fuit toute compagnie féminine pour ne pas retomber dans ce qu’il appelle sa faiblesse. Son précepteur Philip accapare bientôt toute son attention. Il souhaite l’endurcir, en faire un homme, tout en admirant la fierté et le bon sens de celui qu’il prend pour un jeune frère qui doit mûrir.

L’aspect le plus plaisant du roman, est sans aucun doute, la relation qui se noue entre eux, de plus en plus forte, sincère, malgré l’énorme mensonge du départ. Philippa se défie de son employeur qui la terrifie en même temps qu’il la fascine. James ne sait pas communiquer avec Robbie, le petit garçon des rues devenu son fils et c’est la jeune femme qui le mettra sur la voix. Chacun va apprendre de l’autre à devenir adulte en trouvant les ressources en soi de lutter contre ses propres insuffisances. Nos héros, figés dans leurs certitudes, vont soudain se tromper, hésiter, se chercher, et cette évolution n’est pas sans émotion, exaltation ou douleur. Le lecteur éprouve une certaine empathie pour eux dans cette quête du bonheur.

Cependant, l’agacement vient des anachronismes qui, comme dans tous romans de Celeste Bradley, foisonnent. Bien évidemment, certains auteurs arrivent à nous faire avaler d’énormes couleuvres, sans que nos sourcils se froncent. Mais ici, ce n’est pas le cas, surtout parce que les anachronismes flirtent aussi avec les incohérences. Que dire d’un espion aguerri qui vient d’être trahi par une personne des plus proches, et qui fait entrer dans sa propre maison, un jeune homme inconnu à qui il fait confiance jusqu’à la bêtise, et dont il ne demande aucune référence ? Que penser aussi de cet espion expérimenté qui ne reconnaît pas une femme déguisée alors que deux personnes proches comprennent tout de suite le subterfuge ? Pendant ce temps, notre héroïne quelque peu naïve, oublie très vite qu’elle l’est pour se mettre à penser et à réfléchir comme une femme contemporaine et non comme une jeune fille de ce début du 19ème siècle ?

Mais bon, inutile de chercher une vraie profondeur dans ce type de roman qui se lit très facilement, les péripéties se succédant au rythme de joyeuses conversations plaisantes. Les romances de ce type sont formatées pour être lues et appréciées par celles qui se plongent de gentilles aventures quelque peu trépidantes, un peu osées, un peu humoristique, un peu tragique, avec un peu de suspense pour pimenter le tout. Dommage pour celles qui ont envie de profondeur, de rigueur, de qualité et d’un vrai talent d’auteur pour constituer une histoire inoubliable et enrichissante. De sympathique, je préférerais que ce récit soit passionnant !

Avis de Francesca

Après L’espion de la couronne et Un imposteur à la cour, Une séduisante espionne est le troisième tome de la série Le club des menteurs qui désigne une réunion secrète d’espions anglais au service de la famille royale d’Angleterre. Si la trame est classique et déjà vue dans nombre de romans de la collection Aventures et passions à laquelle ce livre appartient, il est toujours plaisant de lire une histoire simple et fluide.

Philippa est une jeune femme à qui il ne reste que son père dans la vie et qui souhaite absolument le trouver. Partant d’un nom écrit par son père sur un papier, elle tombe sur James et décide de s’infiltrer chez lui afin de trouver des informations sur son père. Déguisé en homme, elle réussit à être engagée comme précepteur du protégé de James. Bien évidemment, la transformation passe totalement inaperçue au regard de James, qui se flatte pourtant d’être un espion hors pair, mais on peut passer rapidement sur cette incohérence qui n’a pas d’impact si on veut se laisser entraîner dans l’histoire. Passé ce test, elle subira toutes les épreuves classiques du genre, comme la soirée dans une maison close ou alors la première gorgée d’alcool fort. Rien de bien original mais rien d’ennuyeux non plus, l’auteur mettant un style dynamique et léger dans le récit. Lorsqu’elle tombe inévitablement amoureuse de James, elle sera prise au piège dans ses mensonges.

James, de son côté, a un cœur généreux et souhaite aider certaines jeunes nécessiteux, comme son protégé ou le précepteur qu’il vient d’engager. Considéré comme un véritable héros national lors du tome précédent, il est en vérité rongé par la culpabilité, persuadé qu’il a trahi ses compagnons sous l’influence d’une drogue, entraînant ainsi leur perte. Ce lourd fardeau qu’il porte seul le tient isolé de tout le monde et le fait douter de lui-même. Il n’aura pas un seul instant le moindre doute de la personnalité réelle de Philippa.

Toute l’histoire repose sur ce jeu de dupe initié par Philippa qui se retourne contre elle au fur et à mesure qu’elle éprouvera des sentiments pour James. N’ayant pas lu les 2 livres précédents, je n’ai pas du tout été perdue dans la trame qui s’est construite, certains rappels et certains personnages étant placés de manière astucieuse tout au long du livre. Les péripéties, drôles ou palpitantes, menaçant à tout moment de révéler la vérité sur Philippa, s’enchaînent les unes après les autres, laissant un sentiment léger et facilement oubliable.

La suite paraîtra en octobre dans la même collection sous le titre Une charmante espionne.

Fiche technique

Format : poche
Pages : 315
Editeur : J’ai Lu
Collection : Aventures et passions
Sortie : 4 juillet 2007
Prix : 6,50€