L’exploration d’un lourd secret de famille et l’histoire d’une passion, à travers le voyage intérieur de François, un enfant solitaire qui s’invente un frère et imagine le passé de ses parents. Le jour de ses quinze ans, une amie de la famille révèle au jeune François une vérité bouleversante, mais qui lui permet enfin de se construire.
Avis d’Enora
Ce film est tiré du roman éponyme dans lequel Philippe Grimbert raconte sa propre histoire, celle d’un enfant écrasé par le poids d’un secret familial. Cette œuvre se présente comme une enquête au cours de laquelle François, va chercher les causes de son rapport difficile avec Maxime, son père.
La culpabilité du père ressurgit chez l’enfant qui à travers de vagues signes, va se reprocher de n’être pas conforme à l’idéal paternel. Il va alors s’inventer un frère, grand, fort, sportif, contre lequel il ne peut lutter. A quinze ans, lors de la diffusion d’un des premiers films sur la Shoah dans
Ici, l’Histoire est présente de façon indirecte et c’est sa rencontre avec l’histoire individuelle de chaque membre de cette famille qui crée l’intensité dramatique :
– Maxime, mal à l’aise dans son identité juive, est constamment à la recherche de la perfection et de la valorisation ; il choisit Tania parce qu’elle est grande et blonde, symbole de l’idéal selon Hitler. Apres la guerre il renie de plus en plus ses origines déplaçant sur elles et non sur le nazisme, la
– Tania est une femme superbe qui suscite chez les hommes un désir de possession. Des sa première apparition, Miller la désigne comme porteuse de malheur, sa robe noire tranchant sur les couleurs douces des invités de la noce.
– Louise incarne la sagesse, la compassion, c’est par elle que François connaîtra enfin le lourd secret de sa famille.
– Hannah est une héroïne de tragédie grecque, une sorte de Médée « qui sacrifie son enfant et sa propre vie sur l‘autel de son amour blessé ». Elle hantera la conscience familiale et surtout celle de Maxime qu’elle enchaîne ainsi à elle définitivement.
Pour construire ce récit, Miller a choisi d’alterner les épisodes du passé et du présent, du vécu et de l’imaginaire. Traditionnellement le passé est en noir et blanc et le présent en couleur, ici Miller traduit l’envahissement du présent par les événements antérieurs en inversant les codes habituels.
Chaque épisode du passé commence par une scène récurrente, celle de François se regardant dans un miroir qui renvoie l’image d’un petit garçon angoissé, perdu, qui semble être une énigme pour lui-même. La voix off du narrateur marque à chaque fois l’entrée dans l’imaginaire de François.
Cette histoire est magnifiquement portée par tous les acteurs, Bruel, Cécile de France (dont le réalisateur a visiblement pris beaucoup de plaisir à filmer sa superbe plastique!). Mais, pour moi, deux actrices se distinguent : Ludivine Sagnier et Julie Depardieu que Miller avait déjà fait tourner dans La petite Lili.
Ce film est une adaptation réussie du très beau roman autobiographique de Grimbert. Il nous renvoie à la part secrète héritée de notre histoire familiale dont nous sommes tous porteurs, mais il est aussi une volonté de rendre hommage et de transmettre. Il y a une scène bouleversante à la fin : François va voir Serge Klarsfeld pour mettre la photo d’un petit garçon dans le livre noir des disparus, acte symbolique qui lui donne enfin une sépulture ; une des actions les plus barbares du nazisme et de tous les auteurs de génocides étant de balayer la notion de sépulture, cet acte
En conclusion je citerai de mémoire une phrase du film qui m’a marquée : Ce sont les femmes qui souffrent le plus de la guerre, ce sont elles, le soldat inconnu.
Fiche technique
Sortie : 3 octobre 2007
Genre : drame
Durée : 1h40
Avec Cécile de France, Patrick Bruel, Julie Depardieu, Ludivine Sagnier, etc.