Ne dis pas un mot – Avis +

Présentation de l’éditeur

A 28 ans, Julia DeMarco pensait savoir qui elle était. Jusqu’au jour où, dans une exposition à San Francisco, elle tombe sur la photo d’une petite orpheline russe qui porte un pendentif identique au sien. Mêmes cheveux blonds, mêmes yeux bleus, même grain de beauté… Julia s’interroge. Elle sait qu’elle a été adoptée, mais se pourrait-il qu’on lui ait menti sur ses origines ?

Le photographe est décédé, et Julia retrouve son fils, le reporter Alex Manning. Ce baroudeur plein de charme lui apprend que c’est en fait lui qui a pris la photo alors qu’il était un jeune garçon. Juste avant de mourir, son père lui a fait jurer de n’en parler à personne. Pourquoi ? Quel mystère entoure cette petite fille ? Qui, vingt-cinq ans plus tard, a intérêt à la faire disparaître ?

Avis de Marnie

Si l’on accepte l’énorme coïncidence, point de départ de cette histoire, on est très vite emporté par ce récit, somme toute, plein de suspense et d’interrogations. On ne peut nier l’originalité du thème qui retient l’attention du lecteur, de bout en bout.

L’aspect vraiment positif de cette histoire, ce sont les péripéties, et coups de théâtre abracadabrantesques, certes, mais totalement inattendus. Ils s’enchaînent avec un vrai sens du récit, impressionnants aussi bien les héros que le lecteur qui retient son souffle. Pourtant, à posteriori, ce n’est rien d’autre qu’une honnête série B qui ne restera pas dans les annales de la romance, et l’on doit au talent de création de Barbara Freethy, de ne pas pouvoir lâcher le livre avant d’en connaître l’épilogue.

Le seul point quelque peu agaçant est l’héroïne même. Il est vrai que l’histoire débute alors qu’elle est fragilisée par la lente agonie et la mort de sa mère, et par des traumatismes dont elle ignore elle-même l’existence. Partagée entre l’insécurité qui l’a poussée à s’appuyer sur Michael qui lui offre une stabilité à toute épreuve, et le rêve d’une existence de voyages et d’aventures auquel elle aspire loin d’une famille étouffante, ses atermoiements (pour ne pas écrire passivité) bien que compréhensibles et logiques, nous donnent envie de la secouer et non de la plaindre. Elle donne l’impression en partie vraie que son obstination soudaine à retrouver ses origines n’est qu’une fuite en avant pour échapper au piège d’un mariage non souhaité mais qu’elle a elle-même contribué à créer. Sa soudaine attirance pour Alex la rend insensible au désarroi de ses proches, sentiment qu’elle aurait pu leur éviter…

Alex, lui est un homme empli de certitudes. Alors qu’il a depuis longtemps rejeté sa mère, il a l’impression de bien se connaître, marche sur les pas de son père, qu’il idéalise. Il se juge responsable de sa mort et sa longue fuite en avant, ainsi que son refus des responsabilités sont nés de cette culpabilité qu’il éprouve. Ce photographe du jusqu’auboutisme se cache derrière un cynisme de façade entretenu par les dangers qu’il a côtoyé en couvrant les guerres et conflits de la planète. Les questions de Julia le ramènent soudain au cœur de ce qu’il a fui. L’énigme de la photographie intriguante est le point de départ de ses propres remises en cause personnelles, même si lorsqu’elle sera résolue, d’autres problèmes apparus peu à peu, ne trouveront pas de solutions.

A se demander même si tant de questions laissées sans réponse ne laissent pas penser qu’une suite est parue aux Etats-Unis. Ainsi, la sœur de Julia, Liz, dont la vie est entre parenthèses depuis la mort de leur mère, est attirée par son futur beau-frère, ce dernier plus amoureux de l’idée du mariage que de sa fiancée. Il s’aveugle sur ce qu’il souhaite vraiment. Rien n’aboutit. Ou encore le personnage d’Elena, énigmatique et assez froid, que l’on aimerait connaître mieux. Ou le dernier chapitre plus qu’expéditif est bâclé, à se demander si l’auteur a prévu une suite mettant en lumière les personnages secondaires, pourtant intéressants mais vraiment trop peu exploités.

En tout cas, Barbara Freethy, totalement inconnue en France est à suivre tant son sens du récit et de l’énigme apporte une relative nouveauté à la romance, assez loin des sentiers convenus. Dans la présentation de l’auteur, l’éditeur nous précise que Karen Robards, elle-même bien connue des lecteurs français est une de ses admiratrices. On peut dire qu’elles ont en commun ce ton original, le style alerte et vif qui fait que l’on se demande sans cesse ce qui va se passer en acceptant même des énormités qui nous feraient sourciller en temps normal, cependant, on peut un tout petit peu déplorer que Barbara Freethy ait oublié d’y glisser l’humour ravageur de Karen Robards qui rend certains de ses romans inoubliables.

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 344
Editeur : J’ai Lu
Collection : Romance d’aujourd’hui
Sortie : 15 novembre 2006
Prix : 6,50 €