Le venin – Avis +

Présentation de l’éditeur

Depuis l’enfance, Julianna a mené une vie chaotique, traitée comme un animal de compagnie par une mère prostituée de luxe, et comme un jouet sexuel par John Powers, l’un des amants de sa mère. Adolescente et enceinte de cet homme violent et pervers, elle réussit à échapper à cet enfer et, seule et sans argent, échoue à La Nouvelle-Orléans. Contrainte d’abandonner son enfant, elle réussit à connaître l’identité des parents adoptifs, Kate et Richard Ryan, un couple idéal, mais découvre aussi en Richard l’homme dont elle rêve depuis toujours, celui que le destin a placé sur son chemin.

Tel un serpent lové sur lui-même, elle prépare à l’insu du couple une machination diabolique : en épiant Kate, elle va lui ressembler, devenir Kate. Lui prendre son identité et sa place dans le cœur de Richard pour se livrer totalement à lui et l’enchaîner à elle. Richard aime tout de Kate. Il aimera tout de Julianna. Mais alors que le piège maléfique se met en place, distillé goutte à goutte comme un venin invisible, le passé de Julianna la rattrape, déclenchant un engrenage fatal…

Avis de Marnie

De mon point de vue, cet auteur est capable du pire comme du meilleur. Or, ici, le résultat est vraiment réussi. L’histoire est franchement originale et passionnante. L’intérêt est constant du début jusqu’à la fin. On peut dire une chose de Erica Spindler, lorsqu’elle parvient à nous faire entrer dans son monde, ses romans atteignent un niveau d’excellence !

Commençons par les personnages :

– Si l’héroïne, Kate semble tout d’abord parfaite, forte, volontaire, intelligente, cultivée, à la tête de sa petite entreprise qu’elle mène d’une main de fer dans un gant de velours, artiste à ses heures, séduisante sans être belle, aimante et chaleureuse, elle révèle peu à peu des fêlures, et des aspects moins positifs de sa personnalité, qu’elle se cachait à elle-même.

– Richard, son mari, est un avocat, un gagneur, très amoureux de son épouse qu’il a arraché de haute lutte à son meilleur ami, dix ans auparavant. Beau et talentueux, tout lui sourit, sauf qu’il ne peut avoir un enfant. Ce qu’il estime être une infériorité, il ne peut l’assumer et cette faiblesse va soudain prendre une dimension disproportionnée, l’amenant peu à peu à tenter par tous les moyens mêmes les plus mesquins de recouvrer sa confiance en lui.

– Julianna est de loin le personnage le plus original et le plus intéressant du roman. Cette femme enfant de 19 ans totalement perdue, est formidablement bien rendue. Fantasmant plutôt qu’elle ne vit, son instabilité mêlée d’un égocentrisme nés de son terrifiant passé, lui font commettre des actes irréparables. Manipulatrice, mais enfant manipulée, d’une part, par son beau-père qui a abusé d’elle, et d’autre part, par une mère individualiste, cynique et mercantile, Julianna ne s’est pas construite. Elle a des sentiments ambivalents, ambigus, envers son amant qu’elle redoute et regrette tout à la fois, s’empêchant elle-même d’analyser ce qu’elle ressent évitant de s’attarder sur le côté monstrueux de cet homme qu’elle n’a entraperçu qu’une seule fois. Bien qu’elle soit une destructrice sans scrupule, le lecteur ne peut jamais la détester, seulement en avoir pitié, tout en comprenant, grâce au talent de Erica Spindler, les méandres de ses pensées poignantes, capricieuses et chaotiques.

Honnêtement, Luke, que l’on pourrait considérer comme le héros, est en fait un personnage secondaire. Peut-être est-il trop lisse, sans grande aspérité… Là, c’est un peu dommage. Kate le connaissant depuis une douzaine d’années, elle ne le découvre pas et donc nous non plus. Auteur de best-sellers, courageux, opiniâtre, cinglant, intelligent et compatissant, il montre plusieurs aspects, soit, très agréables, mais qui ne sont pas à la hauteur des autres personnages.

Enfin, nous avons ceux qui enrichissent le roman, soit de façon très inquiétante (le méchant, John est terrifiant mais nuancé, ou encore les membres de la CIA), soit en ajoutant des aspects ludiques et amusants (le personnel du café, le voisin). Tout cela apporte un solide contexte, du contenu, des péripéties et les commentaires des évènements dramatiques qui se succèdent, bien plus flamboyants que l’histoire sentimentale, qui n’est passionnante que pour les questions qui se posent sur la longévité des sentiments, et sur le propre aveuglement des héros sur leur ressenti.

Mais si j’ai vraiment apprécié ce roman, c’est surtout pour la façon dont il évolue. C’est exceptionnel que je préfère un titre français à la version originale, Cause for alarm, mais Le venin est une parfaite définition de la progression du récit, du suspense et de l’angoisse. Les choses se mettent peu à peu en place comme un plan de bataille, complot ourdi par Julianna, venin qui se distille peu à peu empoisonnant tout sur son passage. Pourtant naïve, la jeune femme a compris les dysfonctionnements du couple, mieux que Kate et Richard, eux-mêmes.

Donc, un solide et très bon roman, très bien construit, parfaitement maîtrisé, dramatique et foisonnant à souhait ! A ne pas manquer…

Fiche Technique

Format : moyen
Pages : 517
Editeur : Harlequin

Collection : Jade
Sortie : 1 juin 2007
Prix : 10,95 €