Les secrets d’une femme au foyer (pas) désespérée – Avis –

Présentation de l’éditeur

Prenez un chef de pub de quarante ans, Guy.

Faites-le mariner avec sa femme Alice, jambes poilues et libido en berne, et ses deux enfants. Ajoutez une pincée de pin-up, beaucoup plus jeune, beaucoup mieux roulée et laissez reposer un peu. Puis projetez d’ennuyeuses vacances en famille. Guy considérera que ce sont les dernières et Alice, que c’est là l’occasion rêvée de concevoir un nouveau bébé. Dans un autre plat, disposez une tranche de Joe, qui vient de quitter sa femme pour sa jeune maîtresse enceinte, et une tranche de Nina, ladite maîtresse.

Faites accoucher cette dernière en vous assurant bien qu’elle regrette aussitôt les nuits de fête entre copines. Dès que le ton commence à monter dans le couple, programmez des vacances de réconciliation. Vous aurez soin d’y adjoindre les deux premiers enfants de Joe afin que Nina le prenne mal. Vous n’avez plus qu’à mélanger le tout dans un hôtel-club en Italie. Laissez cuire huit jours à feu vif et vous obtiendrez un plat unique où les crises de nerfs le disputeront aux caprices des gamins sur fond de doutes existentiels. C’est prêt. Bon appétit. Et surtout, bonne chance…

Avis de Marnie :

Et bien justement de la chance, je n’en ai pas eu. Avez-vous déjà détesté un livre, avez-vous été dégoûté jusqu’à la nausée ? Moi, très rarement, et la dernière fois, c’est justement pour ce livre ci.

Il arrive de penser au lecteur lambda qu’un roman n’est pas bon, qu’il n’a pas accroché au récit ou bien que l’histoire lui est totalement passée au-dessus. Le problème, c’est que l’on ne peut haïr un livre, sans chercher à comprendre la raison d’un sentiment aussi fort. Il me faut donc essayer d’argumenter, d’analyser pour savoir pourquoi je l’ai détesté.

Jenny Eclair est célèbre en Grande Bretagne pour son côté excentrique, son éclectisme, son humour déjanté et son côté poétesse punk des années 80. Adepte de l’humour noir et du style décalé, c’est donc avec un a priori favorable que j’ai abordé ce roman, où les personnages de la middle class britannique se croisent et s’entrecroisent en montrant à un lecteur radieux leurs côtés les plus sombres. En fait, j’ai cru que j’allais tomber sur un «bûcher des vanités» à la mode anglaise.

Absolument pas. Tout d’abord, voici un extrait pour donner le ton du livre, le “héros” parle pour la première de son épouse :

«L’évidence parle d’elle-même. Ses jambes ne sont pas rasées; sa jupe n’est guère plus qu’un morceau de tissu entortillé autour de ses hanches; ses chaussures sont d’un marron peu ragoûtant et elle porte une des vieilles chemises de Guy – autrefois blanche, avant de passer à la machine avec de la couleur. Salut, grosse dondon, je n’ai plus envie de te baiser dit la voix dans la tête de Guy»

Le ton est cynique, acide, féroce, méchant même cruel. Le style est cru, les propos sont vulgaires, ils ne couchent pas, ils baisent… Dans une même page, le héros «lâche un pet», il dit «qu’il se branle» en pensant à une jeune femme… Pas un des personnages ne vaut mieux que l’autre, aucun n’échappe à ce rouleau compresseur qui assassine tous ceux qui ont le malheur d’être ébauchés dans cette histoire. Pas un ne sortira indemne. Jenny Eclair va jusqu’au bout de ses idées du « tous pourris ». Toutes leurs actions et leurs envies font appel aux plus bas instincts de l’homme. Plus de limites, plus de tabous… la fange absolue.

Je pense que c’est cette accumulation qui a provoqué une sorte d’overdose de noirceur. Si un auteur n’a pas la plus petite tendresse pour ses personnages, la moindre compassion pour eux… en fait, si on ne s’attache à personne et que tous provoquent la nausée, j’avoue avoir du mal à comprendre ce que l’on peut retirer d’un tel roman.

Mais si vous appréciez ce style jusqu’au boutiste, que vous trouvez jubilatoire cette noirceur destructrice, en fait si vous êtes amateur du cynisme le plus absolu, peut-être que vous adhérerez à ce roman ! Pour ma part, je dois être encore un peu trop romantique pour cela…

Fiche Technique

Format : broché
Editeur : Fleuve Noir
Pages : 393
Sortie : 14 septembre 2006
Genre : comédie noire
Dimensions : 14 x 3 x 23
Prix : 19 €