Vent de panique chez Daisy – Avis +

Présentation de l’éditeur

Une pittoresque auberge nichée dans la campagne du Gloucestershire… Mais pas l’ombre d’une mémé en tailleur de tweed sirotant du thé. Oh non ! Colworth Manor a beau être un joyau architectural pétri de traditions et planté de cèdres centenaires, il s’en passe des vertes et des pas mûres entre ses vénérables murs.

Daisy Mac Lean, la jeune veuve qui dirige l’hôtel familial, en sait quelque chose… Il y a d’abord son père, Hector, gentleman-farmer fripon ; Tara, la pulpeuse et too much femme de chambre ; Mel, la jeune mère célibataire qui cache le nom du père de son enfant ; Maggie, obligée de monnayer ses faveurs à l’homme qu’elle aime ; Barney, qui doit la vie à un salaud ; Josh, le vieux copain toujours amoureux ; et Dev Tyzack…

Mélangez tout ce petit monde, saupoudrez d’une pincée de secret, ajoutez une goutte d’extravagance, un zeste de polissonnerie, une bonne dose d’humour, et vous obtiendrez un cocktail… détonnant !

Avis de Marnie

Comédie anglaise dit…. énième variante poussive de Bridget Jones ? Heureusement, non ! Si j’ai retrouvé le côté déjanté de ce style de romance anglaise, l’histoire, ou plutôt les intrigues amoureuses enchevêtrées n’ont ici rien à voir avec les aventures tragicomiques de la célèbre héroïne d’outre-Manche. Ce n’est pas mieux, c’est sympathiquement différent, c’est du pur Jill Mansell, et en fait, pour moi, à ce jour, le meilleur livre de cet auteur.

Autour du personnage central de Daisy, gravitent quatre couples hauts en couleurs, personnages secondaires dont les histoires imbriquées de péripéties en rebondissements le plus souvent humoristiques, vont permettre par des voies plus ou moins détournées à chacun des intervenants de surmonter ses difficultés sentimentales.

Dans ce roman, Jill Mansell semble avoir évolué en créant un personnage féminin blessé par la vie, humoristique, certes, mais profond. Daisy est, en tout cas, moins égoïste, moins fofolle, moins insouciante que ses héroïnes habituelles. Divers personnages vont la croiser, l’entraîner dans leurs relations complexes, provoquer sa séparation avec certains, et des rencontres avec d’autres, la forcer à réfléchir sur ses besoins, ses aspirations, ses sentiments… ainsi nous avons une mariée naïve et riche, sa vipère de sœur, le fiancé étrangement attiré par d’autres femmes, son témoin un rugbyman à la retraite, le propriétaire de l’auberge et père de Daisy qui entretient une femme, elle-même peut-être plus éprise de son amant qu’elle ne voudrait le faire croire, la maîtresse du défunt mari de Daisy rongée par l’amertume, une femme de chambre impudique et provoquante dont l’égoïsme risque de la mener à sa perte, et tous les habitants de ce petit village pittoresque se mêlant joyeusement de la vie de leurs voisins.

Cependant, toutes ces petites histoires sentimentales touchent avec humour et légèreté des sujets nettement plus graves, l’infidélité, le deuil, la reconstruction de sa personnalité après une trahison… ou, encore, peut-on être vraiment apprécié pour soi-même et non pour l’aide financière ou autre que l’on apporte à la personne aimée ? Certains aspects sont gentiment amoraux, presque tabous, et Jill Mansell transforme avec brio, par petite saynètes piquantes et joliment enlevées ce qui aurait pu être une comédie de boulevard vulgaire, racoleuse traversée par des personnages caricaturaux. Les caractères sont affirmés, les échanges joyeux, percutants, ou explosifs, les personnages tour à tour malheureux, heureux, en continuelle évolution…

Jill Mansell montre ici qu’elle a gagné en maturité, en évitant les scènes volontairement hilarantes et les gaffes monumentales, ressorts habituels de ses précédentes comédies romantiques, en créant une mise en scène très travaillée dans sa construction théâtrale mais dans le bon sens du terme, en nuançant les caractères de ses personnages, pour les rendre attachants et proches de nous-mêmes.

Ce livre n’est pas inoubliable, il n’a rien de transcendant, c’est simplement une comédie sur l’évolution des sentiments humains, sur la difficulté des relations hommes et femmes, le type même de roman que je conseille à toutes celles qui ont un coup de blues. Lorsque je l’ai refermé, j’avais repris un tiers de positivisme, un tiers d’enthousiasme, et enfin un tiers de joie de vivre : le meilleur des cocktails possibles !

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 444
Editeur : J’ai Lu
Sortie : 9 janvier 2004
Prix : 7,30 €
Genre : comédie romantique