The party – Avis +

Synopsis

Un figurant « hindou » (Peter Sellers), renvoyé des plateaux, est invité par erreur à une réception hollywoodienne donnée par un riche producteur. Malchanceux et maladroit, par sa simple présence, il va provoquer une cascade de catastrophes, tout en tombant amoureux d’une jeune française (Claudine Longet) qui va croiser son chemin…

Avis de Marnie

Certains à qui j’ai conseillé The party se sont montrés assez déçus, me précisant au passage qu’ils n’avaient pas tant ri que cela… Je l’ai visionné plusieurs fois, et j’ai réalisé qu’en fait, d’une certaine façon, il fallait être cinéphile quelque peu acharné pour apprécier le deuxième, troisième ou dixième degré de ce formidable film d’un non moins remarquable réalisateur, dont on ne retient souvent que le côté superficiel de son talent.

Dans un premier temps, on peut être totalement bluffé par l’inoubliable Peter Sellers qui campe ici un indien dont la culture “exotique” (dans le bon sens du terme) est en contradiction avec le milieu superficiel et assez vulgaire du cinéma hollywoodien. Son innocence attendrissante, sa grande réserve, son attention envers les autres, caractérisent un grand sens de la dignité individuelle et sociale. Beaucoup plus touchant que l’inspecteur Clouseau, on lui pardonne tout… même ses gaffes insupportables !

Bien évidemment, il semble au spectateur néophyte que les gags peinent à aboutir, qu’au début, les déambulations du personnage principal (dans une ambiance musicale assez lenifiante) parmi une assemblée quelque peu clairsemée manquent de rythme et paraissent inutiles… En fait, tout est formidablement écrit, calculé et mis en scène pour exploser finalement dans un feu d’artifices, aussi bien sonore que visuel. Certains ont vu dans The party un pastiche de «la nuit» d’Antonioni, dont Edwards reprendrait le décor géométrique et glacial, et surtout l’ennui se dégageant des joies artificielles. En fait, ainsi que l’écrit le réalisateur Bertrand Tavernier dans son célèbre «50 ans de cinéma», ce film est un «chef d’œuvre de la collaboration Edwards-Sellers et une fructueuse expérience de comique minimaliste». Très peu de dialogues pour un crescendo de gags.

Pour moi, ce film reste un hommage au film muet burlesque du début du 20ème siècle (principalement Laurel et Hardy), avec une première scène extérieure (comme à l’ancienne) avec un désopilant clin d’œil totalement assumé au célèbre mélo Gunga Din. Puis, l’histoire (s’il en existe une !!!) se centre sur la soirée. Notre héros arrive trop à l’avance, erre de riches invités en acteurs, de réalisateurs en starlettes, ses rencontres provoquant de mini désastres qui en fait, seront le moteur de la catastrophe finale. C’est ici qu’interviennent les “seconds rôles” chers à Blake Edwards, cinéaste qui dans chacune de ses œuvres soigne ses acteurs de second plan (très souvent les mêmes repris dans plusieurs de ses films) en leur offrant des dialogues, des répliques et des scènes comiques dignes des personnages principaux. N’oublions pas que l’inspecteur Clouseau joué par Peter Sellers dans le premier Panthère rose n’est en fait qu’un second rôle qui s’est littéralement emparé de la place de David Niven, le premier rôle…

L’action est malicieusement soulignée par un Henry Mancini, compositeur attitré de Blake Edwards, qui joue le jeu en lui créant d’abord une musique d’ascenseur sans âme, jusqu’à la chanson Nothing to lose sussurée par une actrice française retombée depuis dans l’oubli, Claudine Longet (alors que Peter Sellers est partagé entre une envie horriblement pressante, et un attendrissement quelque peu amoureux). C’est le tournant de la party, où la situation va basculer. La musique devient alors beaucoup plus rythmée “années 60”, sans compter l’intervention de l’orchestre russe sous les yeux désapprobateurs du producteur hollywoodien, encore un énième clin d’œil !

Si j’adore le final totalement déjanté et hors de contrôle, le fabuleux ballet visuel du repas qui dure environ onze minutes est un véritable grand moment de cinéma, où le maître d’hôtel et le serveur ivre entrent en conflit en arrière plan dans la cuisine, les incidents fusent autour de la table, jusqu’à l’énervement final, sous les yeux médusés de Peter Sellers qui ne comprend rien à ce qui vient de se passer, ignorant qu’il est le moteur central du dérapage… C’est ici qu’on retrouve certains des thèmes chers à Blake Edwards dont surtout l’alcoolisme (thème central du drame Days of wine and roses mais aussi de ses comédies comme Boire et déboires, L’amour est une grande aventure et une dizaine d’autres… )

Je maintiens, c’est un chef d’œuvre !!!!

Fiche Technique

Date de sortie : 13 août 1969

Avec Peter Sellers, Claudine Longet

Genre : comédie burlesque

Durée : 99 minutes

Année de production : 1968