The secret pearl – Avis +

Résumé de l’éditeur

Mary Balogh has no equal when it comes to capturing the complex, irresistible passions between men and women. Her classic novel, The Secret Pearl, is one of the New York Times bestselling author’s finest–a tale of temptation and seduction, of guarded hearts and raw emotion…and of a love so powerful it will take your breath away….

He first spies her in the shadows outside a London theatre, a ravishing creature forced to barter her body to survive.

To the woman known simply as Fleur, the well-dressed gentleman with the mesmerizing eyes is an unlikely savior. And when she takes the stranger to her bed, she never expects to see him again. But then Fleur accepts a position as governess to a young girl…and is stunned to discover that her midnight lover is a powerful nobleman. As two wary hearts ignite–and the threat of scandal hovers over them–one question remains: will she be mistress or wife?

Avis de Marnie

Ce qui nous retient de nous jeter dessus quand un roman fait l’unanimité pour lui, c’est justement cet enthousiasme délirant qui nous fait appréhender la déception de le trouver seulement “bien”. Les romans inoubliables sont rares, et quand certains vous poussent à lire absolument leur fameux chef d’œuvre de l’année, on recule le plus souvent. C’est ce que j’ai fait pendant de longs mois pour celui-ci. The secret pearl est considéré comme le meilleur roman de Mary Balogh pour beaucoup, et j’ai profité d’un instant de calme pour vérifier si ces 400 pages en version originale tenaient toutes leurs promesses.

Or, j’ai dévoré ce livre. Il existe des romans qui, dès la deuxième page, vous savez tout de suite s’ils sont bons ou mauvais, celui-ci en fait partie. A n’en pas douter, j’ai rarement lu une aussi excellente introduction. Sans connaître les protagonistes, on assiste à leur rencontre qui projette une certaine image des deux héros, et provoque chez le lecteur un jugement sans appel. Cette scène dure, froide et violente à la fois, et franchement peu classique pour un roman sentimental, sera déterminante jusqu’à la dernière page. En fait, le lecteur va, par petites touches de réflexion d’une part, et par le récit des mésaventures passées de chacun des deux héros d’autre part, voir ses certitudes remises en question.

Comme toujours chez Mary Balogh, l’élément essentiel de sa réussite, c’est la qualité exceptionnelle de l’introspection. Torturés aussi bien par leurs traumatismes de leur passé, que par leurs obligations sociales, ils sont tous les deux prisonniers de leurs seules pensées, et donc d’une profonde solitude. L’hypocrisie de l’aristocratie ou seul un visage figé d’un sourire constitue la règle d’or, étouffe tous les drames familiaux, mésententes ou scandales, alors que les personnages passent de bals en futilités, de jeux en pique-niques où les couples adultères se font et se défont plus ou moins secrètement, sous le regard du mari ou de l’épouse trompée qui se détourne avec plus ou moins d’indifférence.

C’est lors d’une semaine de ce genre de festivités dans une magnifique propriété à la campagne, que le Duc de Ridgeway, Adam Kent, et Fleur Hamilton, la mystérieuse gouvernante de sa fille, lady Pamela Kent, petite fille surprotégée mais souvent négligée, vont apprendre à se connaître. Le duc semble avoir tout pour lui : une femme superbe admirée par tous, une adorable petite fille, un château et des moyens faramineux, des amis et une vie de privilèges et d’amusements. Mais les apparences sont trompeuses. Blessé gravement à la bataille de Waterloo six ans auparavant, le retour inespéré après une disparition de un an de l’héritier des Ridgeway a contribué à enfermer tous les secrets de famille dans une boite de Pandore qui ne demande qu’à s’ouvrir. Les responsabilités écrasantes qui reposent sur les épaules d’Adam, l’empêchent de mener la vie à laquelle il aspire. La conscience qu’il prend peu à peu des manques de son existence et son désarroi pour ne pas écrire désespoir en font un des héros les plus réussis jamais lus dans un roman Régence. On ne peut être que touché par cet homme défiguré, blessé surtout moralement qui place l’honneur et le devoir avant toute chose.

Si Fleur n’a aucune blessure visible, son désespoir atteint la même profondeur. Traumatisée par la mort de ses parents, à la merci et même menacée par ceux qui devaient la protéger, la jeune femme n’a plus confiance qu’en elle-même. Malheureusement, elle va avoir le sentiment de s’être trahie. Confrontée à la dure réalité de la vie, elle va faire un choix qui l’amènera à s’interroger sur les fondements mêmes de ses principes moraux et religieux. Ce qui survit en fait, c’est le sentiment que la jeune femme a tout perdu, et se retrouve seule face à l’adversité. Il n’y a que la musique qui l’apaise quelques instants, lui faisant oublier que son existence ne sera plus jamais la même.

Je m’attarderai sur le style délicat, tout en finesse de Mary Balogh. L’écriture est imprégnée de passion retenue ou les quelques dialogues, souvent tendus, maladroits, ou encore froids et superficiels, sont à l’opposé de l’intense réflexion des protagonistes, faite d’attente, de rejet et de doute. Il faut un rare talent pour harmoniser et rendre délectable la visite d’un parc ou de la galerie de portraits des ancêtres du château, alors que sous des propos anodins et pleins d’humour léger, les héros sont submergés de pensées tour à tour violentes ou pleines de ferveur. On ne peut qu’apprécier l’hommage évident au chef d’œuvre de Jane Austen, Orgueil et Préjugés et notamment à la fameuse visite de l’héroïne du château de Pemberley, où soudain les yeux d’Elizabeth perçoivent l’homme véritable qui se cache derrière le très orgueilleux Darcy. De même, la scène finale toute en hésitation, embarras et gêne s’imprègne allégrement et pour notre plus grand plaisir, de l’émotion retenue contenue dans celle du même roman Orgueil et Préjugés. Pour ma part, je n’hésite pas à affirmer que Mary Balogh est le seul auteur contemporain dont le style s’apparente à celui de Jane Austen, tant par la profondeur et la complexité des sentiments des héros, que par la description des us et coutumes d’une Angleterre cloisonnée et sectaire, tout en modernisant les scènes sensuelles essentielles au déroulement du récit.

Mais les références ne s’arrêtent pas là. La trame est la même (très peu reprise compte tenu de la difficulté du sujet) que celle de l’histoire de Quand l’ouragan s’apaise de Kathleen Woodiwiss, considérée par beaucoup (et par moi) comme le meilleur roman sentimental contemporain. Par ailleurs, les quelques scènes de tension sensuelle, autour du piano, font irrésistiblement penser au film romantique La leçon de piano de Jane Campion. Indispensables et romanesques par leur essence même, elles contribuent de manière flagrante et passionnées à transformer les sentiments des deux héros. Mary Balogh utilise ces idées évoquées pour mieux se les approprier, dans un récit fluide, romanesque à souhait, dont l’intensité et l’émotion progressent à chaque page.

Reste enfin, la thème classique du choix déchirant entre l’amour et le devoir, et des transgressions que certains hésitent ou non à se permettre ; tout d’abord, les héros, mais aussi les personnages secondaires sur lesquels on s’attarde avec intérêt et qui par leurs choix et décisions offriront aux lecteurs d’autres alternatives. Ainsi, nous avons Sybil, la duchesse de Ridgeway, dont la dimension tragique prend de plus en plus d’ampleur, ou Thomas, le frère d’Adam qui dissimule sous des dehors séduisants, un tempérament d’enfant qui n’a jamais grandi, ou encore Matthew, qui n’hésite pas à utiliser son pouvoir dans la société à des fins personnelles, oubliant honneur et honnêteté dans son obsession. Le récit sera encore plus dense grâce au regard de ceux qui ne sont pas issus de l’aristocratie : le secrétaire du duc, qui connaît les secrets les plus noirs de ceux qui l’entourent, le valet et homme à tout faire du duc qui se permet insolences et remarques désobligeantes sans crainte, la nounou de Sybil devenue celle de Pamela, dont l’influence sur sa maîtresse transgresse les usages, ou encore Daniel le pasteur qui a une haute idée des devoirs des personnes qui l’entourent.

Au final, quel ne fut pas ma tristesse de refermer ce roman riche en émotions que je vais résumer d’un mot : inoubliable !

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 432
Editeur : Dell Publishing Company
Sortie réédition : 3 février 2006
Langue : anglais
Prix : 5,54 €