Séduire un séducteur – Avis +

Présentation de l’éditeur

Lord Vale vient à peine d’apprendre que sa fiancée en aime un autre qu’une quasi-inconnue le supplie de l’épouser ! Curieuse personne que cette Melisande Fleming, banale au premier abord, mais finalement assez audacieuse. Elle lui propose un échange de bons procédés : il lui offre la respectabilité, elle lui donnera une descendance.

Marché conclu. Timide et réservée le jour, la jeune femme se révèle une amante effrontée la nuit, offrant son corps mais jamais son coeur. Lord Vale, le séducteur impénitent, l’homme tourmenté depuis la tragédie de Spinner’s Falls où son régiment a été massacré, décide alors de séduire sa propre femme.

Avis de Marnie

Incontestablement cette série se situe un cran au-dessus de la précédente d’Elizabeth Hoyt. Peut-être est-ce la dimension tragique dessinée en arrière-plan en est la cause directe ? Nos quatre « soldats » sont revenus de la guerre traumatisés, pour une raison personnelle à chacun, dont les conséquences seront tout aussi différentes.

Si notre précédent héros ne pouvait s’empêcher de courir la nuit, allant jusqu’à se culpabiliser en se remémorant qu’il avait fui la scène de bataille pour aller chercher du secours, voici Lord Vale, un être ouvert, noceur et séducteur recherché pour son humour très british (les répliques qui flirtent du côté du « mari idéal » d’Oscar Wilde sont légion ici !). Il vient pourtant de subir deux déconvenues matrimoniales coup sur coup. Le jour où sa seconde fiancée le rejette au pied de l’hôtel, pour cause de béguin pour un vicaire, Melisande, une terne laissée pour compte de 27 ans, dont il ne se souvient même pas du nom, lui demande de l’épouser, ce qu’il accepte avec le sourire.

Bien sûr, derrière cette façade joviale et ce charme déployé, se cache un militaire traumatisé qui ne peut arriver à surmonter la peur, la culpabilité du survivant, qui l’accompagne. Notre héros, Jasper Renshaw, vicomte de Vale, va peu à peu tenter de découvrir les secrets que dissimule sa douce, taciturne et très obligeante épouse. Nous suivons les réflexions de l’un et de l’autre, leurs malentendus, leurs tentatives d’approches, les échecs, les peurs plus ou moins dissimulées, mais aussi la relation sensuelle qui va bientôt se nouer. C’est cela qui fait la force de ce roman et qui est formidablement bien pensé et écrit.

Le talent d’Elizabeth Hoyt n’est pas seulement de savoir s’amuser et nous divertir avec des dialogues drôles et piquants, un chien gâté et hargneux, d’ardentes scènes de sexe, mais aussi de créer avec une fausse légèreté et une aisance déconcertante l’évolution presque timide et pudique de la relation amoureuse.

Excellent !

Avis de Valérie

Elizabeth Hoyt nous relate dans le second tome de sa série de la Légende des quatre soldats, la difficile remontée des enfers de Jasper, lord Vale, personnage paraissant pourtant léger et jouisseur des plaisirs de la vie ; qui, dans le premier tome, prenait plutôt bien le fait que sa fiancée, Emeline, puisse le trahir pratiquement sous son nez, et rompre leur fiançailles, comme si rien n’avait vraiment d’importance…

Dès le début de ce deuxième récit, l’aventure se renouvelle pour Jasper. Alors qu’il est sur le point de convoler en justes noces, à quelques minutes de la cérémonie, la promise se dédit de son engagement ou du moins supplie notre malheureux – mais pourtant bon – parti de lui rendre sa liberté. En effet, elle est tombé amoureuse d’un vicaire, et le préfère à notre fortuné et titré héros. Bien qu’il puisse prendre ça avec le flegme typiquement britannique qu’on était en droit de s’attendre de sa part, Jasper commence à douter de ses possibilités d’union.

Toujours installé dans le presbytère alors que l’on s’organise pour annuler la cérémonie, Melisandre, meilleure amie de Emeline, lui propose de reprendre la place laisser vacante. Intrigué par l’apparente timidité de la jeune femme et sa proposition audacieuse, il accepte, sentant confusément qu’il vaudrait mieux formaliser au plus vite le sacrement, à la vitesse où les bruits courent, on pourrait le soupçonner de posséder quelques tares rédhibitoires…

Comme dans le précédent opus, l’auteur va suivre son fil rouge (démasquer le traître qui a vendu la position de la garnison alors en déplacement dans la forêt américaine, près de Spinner Fall) tout en s’attachant à montrer les conséquences des traumatismes profonds liés à la guerre, ce que l’on appelle de nos jours le stress post-traumatique. Alors que le précédent héros, Sam Hartley, portait sa singularité sur lui, Jasper cache ses ruptures psychologiques derrière cette désinvolture contrôlée, toute britannique, qui lui permet de garder la face, tout en l’enfonçant d’autant plus derrières ses terreurs, son incapacité à dormir, sa frayeur absolue de la nuit réparatrice…

Nous allons en apprendre un peu plus sur ce qui s’est passé notamment dans le camp des Indiens Wyandots, connus pour leurs méthodes de tortures inhumaines et leur absence de conscience. Le lecteur pouvait s’imaginer beaucoup de choses, mais ce qu’ont subit Jasper et ses camarades s’avèrent particulièrement horrible et ne pourra que marquer les esprits. Tout autant que la confrontation avec Alistair Munroe, le personnage principal du troisième tome, que Jasper et Melisandre rencontre en Ecosse et qui a gardé de sa captivité des cicatrices défigurantes. Bien que nous soyons dans un environnement romanesque, Elizabeth Hoyt ne prend pas à la légère son contexte et nous le restitue d’une manière crue.

Autour du couple, l’auteur dépeint de nombreux personnages de second plan, dont la chambrière de la jeune mariée, Sally, et le valet de Jasper, Monsieur Stych, qui noueront une jolie relation. Autre personnage secondaire pourtant capital, c’est le chien de Mélisandre, Mouse, un terrier possessif et quelques peu revendicatif qui devra être maté par son nouveau maître. Maté, certes, mais qui lui aussi séduira ce charmant aristocrate, contre son gré…

On peut souligner la qualité esthétique de la couverture qui transcende cette jolie romance, même si elle s’avère moins agréable, plus dure, à découvrir. Comme d’habitude, chaque chapitre est débuté par une partie d’un conte de fées (celui que traduit de l’allemand Melisandre pour son amie Emeline), qui est joliment philosophique, et chose inhabituelle, c’est la fin de l’historiette qui clôt le roman.

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 313
Editeur : J’ai lu
Collection : Aventures et Passion
Sortie : 21 avril 2010
Prix : 6,50 €