Persuasion – Avis +

Présentation de l’éditeur

Sous le vernis d’un genre, chacune des phrases de Jane Austen attaque les conventions, traque les ridicules, et finit avec une grâce exquise par pulvériser la morale bourgeoise, sans avoir l’air d’y toucher. Les héroïnes de Jane Austen lui ressemblent, elles aiment les potins mais détestent bavardages, grossièreté et vulgarité. La pudeur, le tact, la discrétion, l’humour sont les seules convenances qu’elles reconnaissent… Et si Jane Austen mène les jeunes filles au mariage, c’est fortes d’une telle indépendance qu’il faut souhaiter au mari d’être à la hauteur ! A lire yeux baissés et genoux serrés pour goûter en secret le délicieux plaisir de la transgression des interdits.

Avis d’Enora

Persuasion est le denier roman complet qu’a écrit Jane Austen. L’écrivain était déjà très malade, sûrement de la maladie d’Addison et s’est éteinte avant la publication de ce livre. C’est son frère Henry qui transformera le titre provisoire choisi par Jane « Anne Elliott ou l’Ancienne inclination« , en Persuasion.

Anne Elliot est la deuxième fille d’un baronnet veuf et imbu de son titre. Acculé à la faillite, ce dernier doit louer sa propriété de Kellynch à l’amiral Croft et à sa femme. Pendant que Mr. Elliot et sa fille préférée Elizabeth partent pour Bath, Anne s’installe un temps chez sa sœur Mary et son mari, non loin de Kellynch. C’est alors que réapparaît le Capitaine Wentworth, le frère de Mrs. Croft, qui fut fiancé à Anne, huit ans plus tôt. Lady Russell, la protectrice et marraine d’Anne, lui avait déconseillé cette union avec un officier de marine pauvre qui n’était pas de même rang qu’elle. Elle l’avait ainsi persuadée de rompre ses fiançailles. Mais les choses ont changé, Frederick Wentworth est devenu riche, et il cherche à se marier… Son attention semble se porter vers les demoiselles Musgrove, les belles-sœurs de Mary, tandis qu’il feint d’ignorer Anne.

Anne est un personnage plus complexe qu’il n’y parait. Au premier abord, c’est le type même, de la jeune fille fade, soumise à la volonté des autres. Mais huit ans se sont écoulés depuis la rupture imposée de ses fiançailles, Anne a pris du recul pour analyser l’attitude prétentieuse et ridicule de son père et de sa sœur ainée, ainsi que le mariage engourdi dans la médiocrité de sa sœur Mary. Elle est prête à se battre pour son bonheur, quitte à aller contre les codes de la morale bourgeoise.

Frederick Wenworth est un homme dans toute sa splendeur ! Atteint dans son amour comme dans son orgueil par la rupture d’Anne, quand il la retrouve, la première chose qu’il pense c’est qu’elle a bien vieillie et a perdu l’éclat de sa jeunesse. Aussi va-t-il courtiser la jeune et fraîche Louise. Il lui faudra un peu de temps et un peu de jalousie aussi, pour se rendre compte qu’il aime toujours Anne. Il y a une scène très belle ou impulsivement il lui écrit une lettre dans laquelle il confie tous les sentiments qui l’ont traversé.

Si le couple Anne/ Frederick n’a pas au premier abord la même saveur que celui d’Elisabeth/Darcy, c’est peut-être parce qu’il s’ancre plus dans la réalité. Ici la critique contre la bonne société et la place des femmes est beaucoup plus marquée. Jane Austen a voulu faire une fin heureuse à son roman mais on peut sans peine imaginer ce qu’aurait été la vie d’Anne si Wenworth s’était retrouvé obligé moralement d’épouser Louise ou si l’ambition l’avait gagné à son tour : celle qu’a vécu Jane.

Roman plus nostalgique, plus mature, plus amer aussi, il excelle dans la description fine et caustique des mœurs de la bonne société anglaise du XIXe siècle avec comme toujours des personnages marquants et émouvants.

Fiche technique

Format : poche
Pages : 316
Editeur : 10/18
Collection : Domaine étranger
Sortie : 30 mai 1996
Prix : 7 €