Le Bal des ombres – Avis +

Présentation de l’éditeur

Joseph O’Connor rejoint le catalogue des Editions Rivages après de longues années passées chez Phébus, où il était l’un des auteurs emblématiques.

Grand romancier irlandais, il revient à la veine historique qui a fait son succès avec ce roman malicieux sur la vie de Bram Stoker, le créateur du mythique Dracula. Mais il refuse toute biographie romancée trop linéaire et se lance dans une fiction inventive, surprenante, qui évoque aussi une figure légendaire du théâtre anglais, l’actrice Ellen Terry, sorte de Sarah Bernhardt londonienne, figure féministe et puissante.

Roman d’amour, roman sur les mystères et les errances de la création, ce texte est une célébration de l’Art de raconter et de vivre des histoires.

Avis de Claire

Quand un écrivain irlandais décide de faire revivre un écrivain irlandais… Joseph O’Connor a choisi de se pencher sur l’origine de Dracula (1897), rien que cela. Dans son oeuvre tentaculaire, le modèle n’est jamais loin. Comme dans le roman de Bram Stoker, le récit n’est jamais linéaire, même s’il est scrupuleusement chronologique. On passe de lettres à articles de journaux, entretiens enregistrés, poèmes, documents divers pas toujours très précis et parfois raturés, des mots moquent, car le mystère doit demeurer.

Au coeur du roman, un trio infernal et ô combien charismatique : sir Henry Irving (1838-1905), acteur-star de l’époque victorienne, la belle Ellen Terry (1847-1928), son alter-ego féminin, d’une grande lignée de comédiens, et donc Bram Stoker, qui fut tout à la fois le bras droit de Irving, mais aussi bien son souffre-douleur, son meilleur ami, et l’administrateur du théâtre Le Lyceum, pendant 30 ans. Il se murmure que c’est Henry Irving lui-même qui a servi de modèle pour le personnage du comte maléfique. Personnalité gargantuesque, le comédien n’a eu de cesse de rabaisser Stoker l’auteur, le voulant tout à lui au service du théâtre.

Ironie du sort, comme bien d’autres avant lui, Bram Stoker ne connaîtra jamais le succès incroyable de son personnage. A chaque étape de sa création, ce monstre dévorant semble voué à l’échec, laissant Stoker aussi désemparé qu’épuisé. Il trouve l’inspiration dans ce qui l’entoure, dans ceux qu’il croise. Entre son oeuvre en souffrance et sa dévotion au théâtre, il sacrifie tout, y compris sa femme, Florence et son fils Noël, repartis en Irlande.

Parallèlement à cette quête du roman parfait, Joseph O’Connor fait revivre l’Angleterre victorienne, celle de Jack l’éventreur, celle du retentissant procès d’Oscar Wilde, celle des débuts de l’électricité et ses possibilités infinies sur la scène d’un théâtre. Entre fiction et réalité, ce récit de création littéraire s’avère passionnant à lire et l’on se délecte à retrouver des références au roman de Bram Stoker.

Fiche technique

Format : broché
Pages : 550
Éditeur : Rivages
Sortie : 8 janvier 2020
Prix : 23 €