Le monde est fait pour deux catégories de personnes. Les hommes. Les femmes riches. Les autres se retirent sur la pointe des pieds en riant doucement, et en s’excusant.
Elle se retrouve de nouveau célibataire. Il suffit de contacter l’avocat, régler les formalités du divorce, finir sa thèse, monter une pièce de théâtre, et trouver un boulot. Elle n’a rien oublié ? Ah si, il faut s’occuper de ‘Petit Chose’. Cette créature que son ex lui a laissé vient de prononcer sa première phrase « Parti papa. ». Bon, il lui faut donc se mettre en quête d’une garderie hypothétique et entrer en guerre contre l’administration. La narratrice constate : « Béatrice Dalle avait raison. Avoir un enfant, c’est prendre perpète. »
Bien que son existence doive désormais évoluer à une vitesse supersonique, l’héroïne se permet quelques réflexions politico-philosophique. Ainsi, elle envisage un futur utopique où deux amoureux se pointeront devant le notaire pour rédiger un accord contractuel sur la répartition des charges ménagères (« ce jour-là l’assermenté fera la gueule mais l’humanité, elle, un pas de géante »).
Ce portrait de femme moderne ne néglige pas les anciennes générations, comme sa mère qui n’a jamais voulu apprendre à conduire, transformant son époux (le père de l’héroïne) en esclave. Et voici en coup de vent la grand-mère paternelle du Petit Chose. Celle-ci ayant connu la révolution sexuelle s’est assagie en devenant une parfaite femme au foyer… (selon elle, c’est pour cela que son mari l’a quitté).
Le discours quelque peu sarcastique se fait avec entrain. On peut s’interroger sur quelques ellipses, par exemple pourquoi le Petit Chose n’avait pas encore été présenté à sa grand-mère maternelle. Mais c’est évident, pas le temps ! Lorsqu’on évolue à Mach 1 on n’a que le temps d’observer ce qui se présente brièvement dans le décor.
Vite, quel est le prochain livre de Samira El Ayachi ?
Fiche technique
Format : broché
Pages : 248
Auteur : Samira El Ayachi
Editeur : Éditions de L’Aube
Sortie : 5 septembre 2019
Prix : 20 €