Entretien avec William Hugues

Entretien mené à l’occasion d’Encre de sang 2, au musée des vampires, samedi 28 avril 2007, traduit de l’Anglais par Cécilia.

William Hugues est un homme charmant, difficilement contrôlable lorsqu’il commence à parler.

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Je suis le premier et unique professeur d’études gothiques. J’enseigne à l’université de Bath depuis 1993. Mon intérêt pour cette mythologie est apparu en 1983 alors que j’étais encore étudiant. J’ai commencé à travailler sur les héros gothiques et écrit une thèse su Carmilla, la nouvelle de Sheridan Le Fanu ainsi que sur Bram Stocker.

D’où vient votre intérêt pour les vampires ?

Quand j’étais jeune, je lisais Dany’s weekly. Or la littérature fantastique n’était pas considérée comme sérieuse alors qu’elle est beaucoup plus profonde qu’on ne le croit. Je me suis entêté. C’est pourquoi je suis arrivé là où je suis actuellement.

Quels sont vos projets ?

Je rédige une étude sur le christianisme à travers l’œuvre de Bram Stocker. Ce travail principalement destiné à mes étudiants abordera divers thèmes (médicales, psychologiques, historiques…). Sa publication est prévue courant 2008.

J’ai également prévu d’écrire Queering the gothic. Il s’agit d’une fiction vampirique très sérieuse qui se situe à Singapour. Elle évoquera, comme son titre l’indique clairement, l’homosexualité dans le milieu de ces créatures de la nuit. Andrew Smith est mon co-auteur sur cette entreprise.

Ce genre de recherches doit être pris très au sérieux. Car, le vampire est un monstre qui a toujours effrayé à travers les âges. Historiquement, le vampire est la figure démoniaque qui provoque la peur et la fascination. Pour la peur, on retrouve aujourd’hui le sida et l’homosexualité par exemple. Le vampire, c’est aussi l’incarnation des maladies qu’on ne connaît pas. Au Moyen-Âge, on enterrait des gens plongés dans un coma profond car on les croyait morts.

Aujourd’hui, la littérature vampirique tient du grand guignol. Le très célèbre entretien avec un vampire d’Anne Rice est bon mais loin d’être brillant. La distribution de l’adaptation cinématographique est loin d’être excellente. Tom Cruise n’est pas assez sombre pour jouer Lestat. Parallèlement, le grand public connaît peu Poppy Z. Brite.

Quelle est votre définition du vampirisme ?

C’est le moment d’hésitation entre la peur et l’amour, l’attirance et la répulsion, le choc avant l’action.