De battre mon coeur s’est arrêté – Avis +

Résumé

Tom aide son père Robert dans des transactions immobilières louches. Avec ses potes Fabrice et Sami, il pénètre la nuit dans les logements anciens pour les rendre insalubres. Mais quand son père lui présente sa future femme Chris (Emmanuelle Devos), il traite celle-ci de pute et le quitte, écoeuré. Il rencontre alors un ancien ami de sa mère, décédée, ancienne grande pianiste. C’est la révélation. Il veut reprendre la pratique du piano. Avec la chinoise Miao-Lin, il répète inlassablement des morceaux de Bach au piano pour devenir concertiste. Mais son lourd passé le rattrape par l’intermédiaire du chef de la mafia russe, Minskov.

Avis de Luc

Jacques Audiard (fils de Michel), est pécialiste à dépeindre les destins qui s’effondrent (Regarde les hommes tomber, son premier film, est particulièrement cafardeux) signe avec De battre mon coeur s’est arrêté un film nettement plus optimiste. Le héros, ou plutôt l’anti-héros (superbement incarné par Romain Duris dans son meilleur rôle) est au début odieux et cynique. Il trouve la rédemption à travers l’apprentissage de Bach au piano.

Cet apprentissage, douloureux pour lui, est la partie la plus intéressante du film. Les cours de piano sont enseignés par une chinoise de Paris qui ne parle pas un mot de français (merveilleuse Linh-Dan Pham, héroïne de Indochine de régis Wargnier). Elle lui apprend surtout la décontraction, de jouer avec son âme et ces scènes sont une petite merveille. Il n’est pas nécessaire de parler la même langue pour partager l’amour de la musique. Le message est beau.

Beau à l’image de ce film, fort, violent, sensible… comme la vie !

On comprend qu’il ait été couvert de récompenses, il y a deux ans. Le seul mystère est que celui de l’interprétation masculine ait échappé à Romain Duris qui porte littéralement le film sur ses épaules. Son jeu physique et fébrile rappelle celui de Patrick Dewaere dans Série noire d’Alain Corneau.

L’explication vient du fait que, il y a deux ans, Romain Duris était en concurrence avec le grand, l’immense Michel Bouquet, inoubliable en François Mitterrand dans Le promeneur du champ de Mars de Robert Guédiguian. Le pauvre Romain Duris n’avait aucune chance face à ce monument du théâtre et du cinéma.

La concurrence entre films français de qualité était rude en 2006. En sera-t’il de même cette année ?

Fiche technique

Scénario : Tonino Benacquista d’après Fingers de James Toback

Genre : drame

Durée : 107 minutes

Sortie en salle : 16 mars 2005

Avec Romain Duris, Niels Arestrup, Aure Atika, Jonathan Zaccaï, Gilles Cohen, Linh Dan Pham, Emmanuelle Devos, Anton Yakovlev et Mélanie Laurent