Présentation de l’éditeur
Cet hiver, sur les routes de la Beauce, des voitures sont retrouvées. Vides. Leurs conductrices évaporées dans la nature. Personne n’a jamais vu le prédateur qui guette les femmes seules à l’aube et au crépuscule. Nul ne sait non plus quel sort il réserve à ses victimes. Et son territoire de chasse est vaste : une plaine qui s’étend sur plusieurs départements, des labours à perte de vue. Dans cet océan d’incertitudes, on devine seulement que le « Tueur de la Beauce », comme l’ont surnommé les journaux, est un monstre calculateur, prudent et patient.
Mais pour sortir la bête de sa tanière, le commissaire Lediacre dispose d’un appât de choc : sa jeune adjointe, le capitaine Hélène Vermeulen. Et la patience de Lediacre est infinie…
Avis de Marnie
Il n’existe rien de plus terne que cette recherche d’un serial killer à la française, où il ne se passe strictement rien, sauf une longue attente et une piste qui se resserre patiemment au bout de longs mois d’enquête. Et pourtant, on ne peut qu’adhérer totalement à cette histoire. Honnêtement, nous avons l’impression de retrouver Jean Rochefort dans la série les « Boeufs-carottes« , le ton, l’humour, les fausses références existentielles qui n’engagent que lui… tout y est et le résultat est franchement jubilatoire.
L’histoire est écrite à la première personne, par l’adjointe du commissaire Lediacre (que l’on peut retrouver dans d’autres affaires criminelles du même auteur). Hélène n’a pas spécialement de vie autre que son existence professionnelle qui la passionne. Nous ne saurons jamais rien de sa vie privée ou de celle de ses collègues sauf le strict minimum, la seule existence qui la fascine, c’est celle du commissaire Lediacre et elle observe sa vie familiale avec avidité engrangeant un maximum d’informations précieusement…
Méthodiquement, Hélène nous raconte la longue enquête d’une banalité affligeante qui va l’occuper pendant de longs mois, sillonner les routes de la Beauce qui n’ont jamais paru aussi peu attrayantes que dans ce roman. Observatrice attentive et passionnée, la voici qui décortique les relations entre l’électron libre effacé jusqu’à l’invisible que représente le commissaire Lediacre avec tous les rangs de sa hiérarchie, le pouvoir, la justice et surtout… la gendarmerie. Comme chacun sait le ministère de l’intérieur et celui des armées a toujours été en conflit territorial. Rien n’est plus vrai ici ! Chacun essaye de tirer la couverture à soit quand il ne prend pas le mors aux dents, outré de se voir dessaisi de ses prérogatives.
Totalement basé sur la psychologie d’un hypothétique tueur, le commissaire Lediacre se lance dans une traque réfléchie, basée sur des faits et des probabilités qu’il prend la peine d’étudier et de reconstituer pour éprouver la véracité. Tout cela pourrait paraître d’une banalité affligeante, d’un ennui profond à mille lieux des polars nerveux à l’américaine ou désespérés à l’image de la production britannique. Mais ce ton moqueur du genre « il vaut mieux en rire qu’en pleurer » où la bureaucratie est au coeur de l’intrigue, où les mesquineries des uns et des autres rythment de rares interrogatoires, où les réflexions pendant les planques font passer le temps nous captive, avec un petit plus jubilatoire comme si l’on se moquait du ton assez niais de certains téléfilms qui se veulent « de suspense » de TF1… et bien le résultat est tonifiant et enthousiasmant.
Une excellente surprise dans l’univers du polar… très loin de ce qui est à la mode, mais qui utilise tous les codes les plus ringards pour mieux s’amuser avec. Un second degré évident, des personnages en forme de clin d’oeil !
Revigorant !
Fiche Technique
Format : poche
Pages : 244
Editeur : Pocket
Collection : Pocket Policier
Sortie :15 janvier 2009
Prix : 6,40 €