Les Tueuses- Avis +

Éditeur ‏: ‎Privat

de Minou Azoulai et Véronique Timsit

Ces femmes complices de la cruauté nazie

Présentation de l’éditeur

Ilse, Irma, Juana, Erna, Magda, Elisabeth, Pauline. Leur point commun : elles adhèrent au parti de la cruauté. Ce livre nous emmène sur les traces de femmes criminelles de guerre, ou criminelles elles mêmes, sous le régime nazi. Certaines d’entre elles ont tué de leurs propres mains, d’autres ont participé et veillé au bon fonctionnement de l’extermination des populations. Oui, les femmes aussi peuvent être des tueuses sadiques, des « meurtrières de bureau », sous couvert de leurs fonctions de mères idéales, infirmières zélées, surveillantes soumises, épouses parfaites…

De Berlin, à Vienne, en passant par la Pologne, la Lituanie, la Biélorussie, la Hongrie, l’Ukraine et plus tard New York, leur quotidien oscille entre crimes et débauche. Elles ont prêté serment au Führer, par idéologie, pour l’appât du gain, du pouvoir, du sexe pour un meilleur quotidien, et pour certaines afin de devenir les égales des hommes. Mais ces femmes ont une particularité, elles sont restées fidèles à leur idéologie jusqu’à leur mort et n’ont jamais rien renié de leurs actes.

Avis de Valérie

Les autrices ont voulu s’attaquer à un totem immuable : la femme est incapable de cruauté. Alors certes, nous vivons dans une époque où l’accès à l’information constant permet de se rendre compte qu’il existe des exceptions, beaucoup d’exceptions. C’est une norme sociale de considérer que la femme est une pauvre petite chose aimante et douce, on parle d’ailleurs de sexe faible. Pourtant, les faits divers nous le montrent et il serait temps de l’accepter. Par permission, par complicité ou par action, les femmes sont tout aussi capable d’atrocité.

Il est bon de prévenir que Les Tueuses, Ces femmes complices de la cruauté nazie n’est pas un travail d’historiennes, mais celui de journalistes qui ont étudié le sujet et l’ont digéré. Le ton est donc plus celui du reportage, avec sobriété et sans voyeurisme, mais avec des émotions face à l’innommable. De fait, il peut manquer quelques sources ou données chiffrées pour étayer l’angle choisi, cela peut être frustrant. Néanmoins, par le biais de leurs regards, on peut prendre un recul salvateur sur les faits énoncés.

Après une introduction d’importance, treize chapitres présentent dix-huit femmes (dont deux ne concernant pas les nazis, une au Rwanda et l’autre en Serbie) exposent des faits confirmés sur non pas des crimes de guerre, mais réellement la pire inhumanité. Si l’on admet que le principe est de faire mourir toute la population, on les assassine par différents moyens et on mate durement toute velléité de rébellion. C’est inhumain, mais acceptons. Toute autre action violente n’a aucune justification (pour peu que le reste en ait, bien sûr) et c’est à partir de ce point que se distinguent les créatures nommées dans ce volume.

Elles n’ont pas obéit aux ordres (comme se défend la majorité), elles ont été au-delà sans aucun scrupules ou sens moral. Certaines y ont pris beaucoup de plaisir, une jouissance insupportable. On note que pour les exemples choisis, ce sont souvent des femmes cherchant à s’élever socialement, ayant aucun mal à accepter la doctrine de race supérieure (même pour les bourreaux serbes et rwandais) et la nécessité de pureté raciale. C’est tellement idiot que l’on peut se demander comment une telle idéologie peut exister.

Quoi qu’il en soit, et même si on aurait aimé avoir plus de données et sources, c’est un travail édifiant de la part de Minou Azoulai et Véronique Timsit. Cela met sur un pied d’égalité hommes et femmes, même si on aurait souhaité que ce ne soit pas du point de vue de la barbarie.


Fiche technique

Format : broché ‏
Pages : ‎ 234
Éditeur ‏: ‎Privat
Sortie : 21 mars 2024
Prix : 19,90 €