Tous les membres de ma famille ont déjà tué quelqu’un – Avis +

Éditeur : ‎10/18

roman de Benjamin Stevenson

Présentation de l’éditeur

Vous aimez Agatha Christie et À couteaux tirés ? Découvrez le thriller australien, hommage aux chefs-d’œuvre du roman à énigme, version contemporaine, grinçante et désopilante du whodunit !

Je redoutais cette réunion de famille des Cunningham avant même le premier meurtre. À peine la tempête s’est-elle abattue sur notre hôtel perdu au milieu des montagnes que déjà la neige – et les cadavres – s’amoncelait. Il faut dire que nous, les Cunningham, on a du mal à se supporter les uns les autres. Je crois que nous n’avons qu’une seule chose en commun : chacun de nous a déjà tué quelqu’un.

Avis de Thérèse

Voilà un roman fort troublant dès les premières pages. Après le texte du serment du Detection Club signé en 1930 par un certain nombre d’auteurs de romans à mystère -dont Agatha Christie, Chesterton et Dorothy Sayers – la page suivante porte l’indication « à corner » et liste les dix commandements pour l’écriture d’un roman policier édictés par Ronald Knox en 1929. Puis, dans le prologue, le narrateur explique qu’il s’agit d’une histoire vraie, s’engage à ne raconter que la vérité et indique à l’avance les pages où quelqu’un va mourir !

Ce narrateur, c’est Ernest Cunningham, auteur de livres sur la façon d’écrire des livres et membre d’une famille pour le moins complexe. Il prévient tout de même que, s’il se trouve être le personnage principal de ce roman policier, ce n’est pas dû à un don particulier pour les enquêtes mais simplement au fait que c’est lui qui le raconte, qu’il n’est pas forcément doué, qu’il lui arrive de se tromper et que ce qu’il va décrire au fil des pages est ce qu’il estimait être la vérité à ce moment-là mais qu’il a pu découvrir d’autres éléments plus tard qui révèlent la « vraie vérité ».

Benjamin Stevenson nous plonge à partir de là dans l’histoire de la famille Cunningham réunie de façon tout à fait exceptionnelle dans un hôtel de montagne. Le texte est découpé en une dizaine de parties consacrées chacune à un membre de la famille, parties de longueurs très variables, allant d’une seule ligne à une cinquantaine de pages.

Evidemment, il y a des meurtres, certains au cours de cet épisode où ils se trouvent isolés en montagne par une tempête de neige, d’autres plus anciens. Evidemment, il y a des meurtriers dans la famille Cunningham, comme l’indique le titre. Mais attention, avec Benjamin Stevenson chaque mot est à examiner avec la plus grande attention, chaque phrase peut arriver à piéger le lecteur qui fait parfois des suppositions logiques mais erronées. Ne pas mentir ne signifie pas forcément ne dire que la vérité ou dire toute la vérité. Les mots, les expressions, les tournures de phrase, les sous-entendus, tout a son importance.

Le narrateur dialogue en permanence avec le lecteur, attirant son attention sur tel détail, lui conseillant de se méfier de tel épisode ou indiquant, comme à la page 69 : « si vous suivez correctement les numéros de pages, vous savez que quelqu’un vient de mourir. Moi, je n’en savais encore rien« .

Bravo à Benjamin Stevenson pour ce roman policier réjouissant, le premier traduit en français mais certainement pas le dernier, dans lequel il crée un dialogue et une complicité permanents entre le narrateur et le lecteur qui ne peut se retourner que contre lui-même s’il a fait de fausses suppositions puisque le narrateur/l’auteur, lui, n’a jamais menti.

Si Ernest Cunningham cite régulièrement des commentaires de sa relectrice, il faut également féliciter la traductrice, Cindy Colin-Kapen, face à la portée de chaque mot.

Coup de cœur absolu pour ce roman envoûtant et jubilatoire !


Fiche technique

Format : poche
Pages‏ : ‎480
Éditeur : ‎10/18
Sortie : 6 juin 2024
Prix : 9,60 €