L’enterrement de Serge – Avis +

Editeur : Pocket

roman de Stéphane Carlier

Présentation de l’éditeur

Vous n’aurez jamais autant ri à des funérailles…

Dans une petite église de Saône-et-Loire, on enterre Serge Blondeau et ils ne sont pas nombreux à avoir fait le déplacement. Il y a Gilberte, sa mère, qui s’apprête à faire une annonce importante, Brigitte, sa sœur, qui compte les heures avant son retour en région parisienne, Bernard, son beau-frère, qui aimerait récupérer les quatre cents francs qu’il a prêtés au défunt en 1998, et une poignée d’autres. Il faut dire que Serge n’avait rien d’inspirant. Un homme qui habite un mobile home et gagne sa vie en conduisant le minibus d’un Ehpad ne peut pas espérer des obsèques grandioses. Celles-ci seront pourtant inoubliables…

Avis de Thérèse

L’enterrement de Serge Blondeau a lieu en l’église Sainte-Clotilde du Creusot, devant une assistance très parsemée : douze personnes au total. Il est vrai qu’une grève a empêché la parution de l’annonce dans le journal local, tandis qu’une autre grève n’a pas permis la distribution des faire-part envoyés par courrier. Même le prêtre est un remplaçant et ne connaissait pas du tout Serge. De toute façon, qui pouvait bien s’intéresser à lui ? Ancien taulard, vivant dans un mobil-home, en couple avec une femme de ménage, conducteur du minibus d’un EHPAD… décidément un personnage sans intérêt.

Voilà la situation au début de ce roman choral. A partir de là, Stéphane Carlier dresse une galerie de portraits de chacun des protagonistes, la famille, les amis, le prêtre, les employés des pompes funèbres, et reconstitue la vie de Serge à travers les souvenirs de certains.

Sa sœur Brigitte n’est là que par convenance et parce qu’elle attend la déclaration que leur mère doit faire à l’issue de l’enterrement : elle espère bien récupérer la maison de celle-ci, même si elle n’en a pas besoin. Son mari, lui, se demande si c’est le bon moment pour réclamer les 400 francs qu’il avait prêtés à Serge en 1998.

La cérémonie a lieu au Creusot mais l’enterrement doit avoir lieu dans le cimetière d’un petit village à 80 kilomètres de là. Et voilà tout ce petit monde parti sur les routes de campagne, corbillard en tête. Mais rien ne va se passer comme prévu. Les personnages ne sont pas des héros beaux, élégants, intelligents et aimables. Ce sont des personnes ordinaires. Comme nous, quoi.

Alors Serge était peut-être un être insignifiant, sans intérêt, mais peu à peu on va en apprendre plus sur lui, sur sa vie chaotique. C’est vrai qu’il n’a pas réussi grand-chose, mais il a essayé, il a même enregistré un disque, il a failli faire carrière. Mais il était un bon fils pour sa mère Gilberte. Sa compagne Arlette est au désespoir, tant ils s’aimaient et étaient heureux dans leur petite vie. Sa nièce Garance l’adorait, au grand désarroi de ses parents. Ses amis l’aimaient. Ses voisins aussi. Et les personnes âgées de l’EHPAD pour lequel il travaillait aussi.

A partir de l’enterrement raté d’un personnage apparemment sans intérêt, Stéphane Carlier réussit un roman drôle et touchant à la fois, entre éclats de rire et frissons d’émotion, mêlant délicatement humour, légèreté et tendresse (celle de Daniel Guichard était la chanson préférée de Serge).

Attention, la lecture – totalement recommandée – de ce livre n’est pas sans risques. Le premier est évidemment d’y repenser au cours d’un enterrement et de ne pouvoir réfréner un fou rire bien malvenu. Le deuxième, c’est de se souvenir que chacun a une vie, de commencer à se demander à quoi pense le conducteur de bus, la boulangère, le passant, le serveur… et de se dire que les rêves du SDF assis sur le trottoir sont peut-être plus grands et plus beaux que ceux de cette femme si élégante qui passe devant lui en l’ignorant.

Fiche technique

Format : poche ‏
Pages : ‎224
Éditeur ‏: Pocket
Sortie : 19 octobre 2023
Prix : 7,70 €