TCM Cinéma – Les Sentiers de la gloire

Lundi 6 novembre 2023 à 20H50

film américain de Stanley Kubrick (1957)

– Ordre aux 75 d’ouvrir le feu sur nos propres positions !

1916, en France la guerre de mouvement n’est plus qu’un lointain souvenir. Les deux camps se sont enterrés dans des tranchées. C’est dans le luxueux château qui lui sert de quartier général que le général Mireau (George Macready) reçoit la visite de son supérieur le général Broulard (Adolphe Manjou). Celui-ci lui demande un service : attaquer la cote 110. Or, ce point stratégique de la défense allemande est aussi le plus défendu. Aucun renfort n’est disponible. 

C’est donc avec ce qui lui reste de troupes que Mireau doit attaquer. Réaliste, ce dernier estime que l’attaque ne peut qu’échouer. Broulard évoque alors une future promotion et soudainement Mireau estime que l’attaque ne peut que réussir. Chargé de l’attaque, le colonel Dax (Kirk Douglas) prend connaissance des faits :

– peu de préparation d’artillerie
– pas de renfort
– trop peu d’hommes pour espérer pouvoir tenir la position au cas où elle serait prise.

L’attaque est donc lancée et échoue. Lorsqu’il s’aperçoit qu’une partie des hommes n’a pas quitté les tranchées (1), Mireau ordonne à sa propre artillerie d’ouvrir le feu sur eux. L’officier commandant l’artillerie refuse sans un ordre écrit qui ne viendra pas.

Afin de reporter la faute sur quelqu’un d’autre, Mireau décide d’organiser une cour martiale devant juger et condamner à mort trois soldats (2). Ces derniers sont soit désignés par leurs chefs de compagnie, soit tirés au sort. Dax, qui fut avocat dans le civil, cherche alors à sauver ses hommes en s’appuyant sur la logique, la notion de justice et l’humanité. Lorsque tout échoue, il ne reste que le chantage.

Le roman original Paths of Glory d’Humphrey Cobb est inspiré par l’attitude du général Réveilhac qui ordonna à l’artillerie de tirer sur les troupes françaises et fit fusiller pour l’exemple quatre caporaux. Le noir & blanc accentue l’effet dramatique particulièrement durant la scène de la patrouille de nuit. Interdit en Espagne sous la dictature du général Francisco Franco pour son message antimilitaire, il n’est sorti qu’en 1986, 11 ans après la mort de Franco.

La plus grande menace pour les soldats français vient de leurs supérieurs. Aussi, on ne voit jamais l’ennemi. Le seul personnage allemand est la chanteuse (Christiane Harlan) à la fin du film (3). Ce film a été interdit en France jusqu’en 1975. La Suisse a également interdit le film (jusqu’en 1978), l’accusant d’être une « propagande subversive dirigée contre la France« . Cependant, il était possible de le voir en Belgique. Mais une préface y avait été ajoutée indiquant que l’histoire représentait un cas isolé qui ne reflétait pas la « galanterie des soldats français« .


(1) Les tranchées du film étaient 50 % plus larges que les tranchées historiques afin de permettre le travelling.

(2) Pendant le tournage, Timothy Carey (qui joue le rôle du soldat Maurice Ferol) a simulé son propre enlèvement à des fins de publicité personnelle, ce qui a amené Stanley Kubrick et le producteur James B. Harris à le licencier. Pour cette raison, ils n’ont pas pu montrer les trois soldats accusés pendant la scène de bataille, et un double a été utilisé pour une scène.

(3) Elle deviendra la seconde épouse de Stanley Kubrick.