Promets-moi d’avoir peur – Avis +

Editeur : Robert Laffont

roman de Frédéric Lepage

Présentation de l’éditeur

Au plus profond de son cerveau, Luna Ritter détient le secret de nos peurs…
Le nouveau roman noir de Frédéric Lepage, Prix Cognac 2021 du meilleur roman.

Soudain, Luna se demande qui est cette femme qui évalue, analyse, calcule… plutôt que de laisser la panique s’emparer d’elle et mourir de frousse ! Elle devrait hurler, blêmir, voir défiler sur sa rétine le film accéléré de sa vie. Au lieu de quoi elle n’est en proie ni à la peur ni à l’angoisse. Luna se sent déconnectée, séparée du reste de l’humanité – il lui semble qu’une partie de son cerveau n’assure plus l’une de ses fonctions fondamentales, faisant d’elle un monstre froid, indifférent à son propre destin.
La rarissime maladie d’Urbach-Wiethe provoque chez le sujet l’abolition du sentiment de peur. De quoi couler des jours paisibles… ou se mettre en danger de mort.
Dans un appartement de Chinatown, à New York, une jeune femme est victime de ce syndrome. Elle s’appelle Luna Ritter. Et elle va disparaître. Pourquoi ?

Avis de Thérèse

Après avoir lu ce nouveau thriller proposé par Frédéric Lepage, on peut avoir peur d’un jour ne plus avoir peur… Cette peur dont on aimerait parfois se débarrasser a pourtant un rôle, des fonctions, une utilité… D’ailleurs, si on ne la ressentait plus, prendrait-on toujours autant de plaisir à lire des thrillers ? Sans doute pas.

Le roman débute par la découverte d’un corps défiguré au sommet d’une tour new-yorkaise, rapidement identifié comme celui de Luna Ritter. Le récit nous transporte ensuite dans les semaines précédentes, en compagnie de Luna.

Vétérinaire, elle pratique le kendo, le parkour, le ski hors-pistes, activités la plaçant régulièrement dans des situations dangereuses. Elle s’étonne un jour de ne plus éprouver la moindre peur, même alors qu’elle se trouve en danger de mort. Plutôt satisfaite par la disparition de la peur mais inquiète à l’idée de risquer de perdre d’autres sensations plus positives, Luna consulte une neurologue qui identifie le syndrome dont elle souffre et lui propose un traitement.

Comme pour tous ses livres, Frédéric Lepage se base sur une riche documentation, il précise au début du livre que « l’arrière-plan scientifique de ce récit est inspiré de données, de recherches et syndromes réels. Les expériences décrites sont conformes à des protocoles existants« . Cela rend le roman encore plus passionnant et soulève nombre d’interrogations : que se passe-t-il si on perd le sentiment de la peur ? comment soigner les victimes de stress post-traumatique ? que se passerait-il si on supprimait volontairement la peur ?

On retrouve avec plaisir certains des policiers rencontrés dans Si la bête s’éveille (mais ne pas l’avoir lu ne nuit pas à la fluidité de la lecture), mais même si on est bien dans un polar, avec cadavre, meurtre et enquête, le récit est davantage centré sur Luna, ses expériences, son syndrome, les traitements envisageables, et sur la peur, ses manifestations, ses fonctions, son absence ou son omniprésence, les conséquences de sa disparition.

Dans ce thriller mené de main de maître jusqu’à la dernière page d’une écriture fluide, rapide et précise à la fois, sans mélo, Frédéric Lepage pose la question du rôle de la peur. Peut-on en être privé sans conséquences à la fois physiques et morales ? Un sujet qui mérite qu’on s’y attarde…


Fiche technique

Format : broché
Pages ‏ : ‎ 400
Éditeur : ‎ Robert Laffont
Sortie : 2 mars 2023
Prix : 22,50 €