Monsieur Deligny, vagabond efficace – Avis +

Présentation officielle

La vie de Fernand Deligny, éducateur célèbre, et son désir de cinéma croisent son accueil d’enfants autistes.
De l’hôpital d’Armentières en 1940 au hameau de Graniers, Deligny invente des lieux de vie qui permettent aux enfants et adolescents d’échapper à l’enfermement. Il crée du collectif et du réseau ; il invente un atelier permanent de recherche sur ce qui fait l’humain au–delà du langage.
On le connaît pour 2 films « Le Moindre Geste » et « Ce Gamin là ». Mais il n’a cessé pendant 40 ans d’articuler ses expériences de vie avec des essais cinématographiques. Truffaut sera un de ses compagnons de route.

Avis de Marielle

Monsieur Deligny retrace l’itinéraire d’un pionnier du traitement humain et humaniste des jeunes marginaux, délinquants et psychotiques et par la suite des autistes mutiques.

Fernand Deligny débute en 1938 comme instituteur à l’hôpital psychiatrique d’Armentieres. En 1948 il crée la Grande Cordée, un mouvement pour les jeunes en très grande difficulté qui leur donne une chance de reprendre leur vie en mains par une forme de cure libre. Un des outils centraux pour changer le cours de la vie de ces jeunes est une caméra. Par ce biais celui qui le désire peut mettre sa vie en image, et ainsi lui permettre d’exister aux yeux des autres, de retrouver une dignité.

Pour ce qui est de son approche de l’autisme, l’originalité de la démarche de Deligny est d’inventer une vie dans la nature où des autistes mutiques partagent leur quotidien avec des « parlants ». Lui qui a tant écrit, inventé des mots, va au delà du langage pour communiquer avec ces autistes et leur rendre la vie possible.

Les images remplacent les mots. Deligny a beaucoup écrit, mais aussi réalisé et produit des films tels Le moindre geste, Ce gamin-là, Projet N, À propos etc. Ces documentaires sur la vie des jeunes dont il s’occupe ont pu exister en partie grâce à Francois Truffaut qui a apporté un soutien financier et logistique à leur réalisation. La rencontre de ces deux personnalités date du film Les 400 coups. Truffaut avait demandé conseil à Deligny pour la scène finale. La course de JP Léaud sur la plage est une idée de Deligny. Ils n’ont depuis jamais cessé d’être en relation.

Le fil rouge de ce film est Gilou, un autiste qui vit depuis 1972 dans la maison créée par Deligny dans les Cévennes et que l’on voit de nos jours à l’âge adulte. Un mot n’est jamais prononcé dans ce film, alors qu’il est très présent, c’est le mot amour.

Richard Copans, le réalisateur de ce documentaire, a bien connu Fernand Deligny et nous raconte cette vie exceptionnelle par des extraits des films de Deligny, les lieux où il a mis en place ses projets pour les adolescents, et la lecture par JP Darroussin d’extraits de ses livres et articles.
Comme pour coller à l’inventivité de F. Deligny, Copans a choisi une forme de récit biographique originale, un peu décousue, qui a du mal à capter l’attention avec les voix off et le manque de continuité dans le récit.

Malgré ces quelques défauts, l’intérêt du sujet demeure.

Étant donné les circonstances actuelles, le film ne sortira pas en salle mais est accessible en TVOD. Pour 4 euros ne vous en privez pas.

Fiche technique

Sortie : 25 mars 2020 en ligne exclusivement
Site d’accès : www.shellacfilms.com et plateforme www.la-toile-vod.com
Tarif : 4€
Durée : 100 minutes
Genre : documentaire sociétal