Portrait Chti pour le 3e Salon Envie de livres : Emmanuel Prost

En attendant, on vous tease avec non pas un portrait chinois, mais Chti, bien sûr. Le sixième questionnaire a été rempli par Emmanuel Prost.

Cet auteur français est un chti d’adoption, mais qui est si amoureux du Nord qu’il a voué sa vie à l’écrire dans ses romans historiques. Ses réponses au portrait chti vont vous donner encore plus envie de le rencontrer le 4 juin et de goûter cette ambiance décomplexée entre auteurs et lecteurs.

Si certaines réponses vous semblent sibyllines, n’hésitez pas à lui demander des précisions lorsque vous le rencontrerez !


Portrait Chti de Emmanuel Prost

Si j’étais un objet du Nord ?

Emmanuel Prost: Une wassingue. Parce que c’est bien là la preuve qu’on peut être très moche et avoir une indéniable utilité dans ce vaste univers. Laver ce(ux) que l’on touche et le(s) faire briller, ce n’est pas négligeable. Ah oui, au fait, une wassingue, c’est ce que tisaut’ dans le reste de la France vous appelez une serpillère.

Si j’étais un animal du Nord ?

Emmanuel Prost: Ben, un cat (un chat en chti). Parce que depuis que je suis tout petit, on me dit : « Toi, t’es un cas ! »

Si j’étais un spécimen de la flore du Nord ?

Emmanuel Prost: Un oyat du littoral de la Côte d’Opale. Toujours le cul dans le sable, avec la mer du Nord pour dernier terrain vague, et des vagues de dunes pour arrêter les vagues… Tiens, c’est pas mal, ça. On pourrait en faire une chouette chanson.

Si j’étais un plat du Nord ? 
 
Emmanuel Prost: Le Potdjevleesch, rien que pour me marrer à entendre tout le monde écorcher mon nom.


Si j’étais un dessert du Nord ?

Emmanuel Prost: Le Pain d’Alouette. C’était un vulgaire quignon de pain rassis que le mineur gardait dans sa besace pour le partager à ses enfants lorsqu’il rentrait à la maison, après sa journée de travail. Comme quoi, nul besoin de faire dans le sophistiqué. Voilà une tradition qui n’a pas manqué pour beaucoup de fabriquer de fabuleux et émouvants souvenirs. Parce que bien souvent, il s’agissait-là du seul moment de partage que les enfants (plutôt éduqués par la mère) arrivaient à avoir avec leur père.


Si j’étais un lieu touristique du Nord ?

Emmanuel Prost: Indéniablement, le Cap-Blanc-Nez. Je l’ai découvert il y a très peu de temps, c’est, je pense, un des sites les plus merveilleux qu’il m’ait été donné de voir.

Si j’étais un lieu de rencontre du Nord ?

Emmanuel Prost: La ducasse (ce qu’on appelle ailleurs la fête foraine, la foire ou la vogue). À la base, la fête annuelle pour honorer le saint-patron d’un village ou d’une ville, qu’on appelait donc « dédicace » parce que dédiée à la gloire de ce protecteur (ce qui, dans les Hauts-de-France, par déformation, est très vite devenu « ducasse »). In’a eu des belles rincont’es dins ches fêtes…

Si j’étais une qualité des gens du Nord ?

Emmanuel Prost: Avoir dans leurs yeux le bleu qui manque à leur décor… Tiens, ça aussi, ça serait pas mal pour une chanson. Non, sérieusement, trop cliché, ça. Je serais plutôt cette capacité qu’ils ont à pouvoir être reconnus immédiatement, sans analyse très poussée, où qu’ils se trouvent. Poussant invariablement tout autre Ch’ti qui les croise à s’exclamer: « J’t’arconnos, ti ! T’es d’min coin ! ». Ce qui est fort sympathique. Vive les Ch’tis !

Si j’étais un défaut des gens du Nord ?

Emmanuel Prost: Je serais toujours cette capacité qu’ils ont à pouvoir être reconnus immédiatement, sans analyse très poussée, où qu’ils se trouvent. Poussant invariablement tout autre Ch’ti qui les croise à s’exclamer: « J’t’arconnos, ti ! T’es d’min coin ! ». Ce qui finit vraiment par être gonflant. Au secours, ils sont partout ces Ch’tis !

Si j’étais un livre ou un auteur du Nord (ou qui a écrit en rapport au Nord) ?

Emmanuel Prost: Sans hésiter, Annie Degroote, ma marraine littéraire. Une romancière sans laquelle je ne serais très certainement pas là où j’en suis aujourd’hui. Parce que c’est elle qui m’a vraiment donné l’envie d’écrire des romans autour des gens du Nord-Pas de Calais du début du XXème siècle, de mêler la fiction à l’Histoire. Elle, elle raconte (avec maestria) sa Flandre natale, moi, j’ai choisi l’ancien bassin minier. Mais nous formons une vraie famille littéraire, avec une sensibilité commune, et le même amour des personnages que nous créons l’un et l’autre.

Si j’étais un film ou un acteur du Nord ?

Emmanuel Prost: Ah, eh bien un film que je n’ai pas revu depuis longtemps : Karnaval de Thomas Vincent (sorti au cinéma en 1999). Une histoire autour du carnaval de Dunkerque, avec les fabuleux Clovis Cornillac et Sylvie Testud.

Avez-vous envie d’adresser un petit message aux festivaliers du salon Envie de livres ?  

Emmanuel Prost: Oui, je terminerai en disant que j’ai depuis trois ans la chance d’aller présenter mes romans dans les plus grands salons du calendrier national littéraire (Brive, Nancy, St Etienne). Mais s’il y a un mot, un seul, qui qualifie généralement les salons de la région des Hauts-de-France, c’est : convivialité. Il y règne une ambiance sans pareille.

Il n’y a aucune concurrence entre les auteurs et nous avons tous toujours grand plaisir à nous retrouver. Et ce salon « Envie de Livres » de Sailly-Labourse n’en est peut-être qu’à sa 3e édition, mais il a su dès le départ se démarquer avec un concept simple, mais original et fabuleux : celui de permettre aux visiteurs de prendre sur place leur déjeuner en compagnie des auteurs présents.

Alors qu’ailleurs on instaure une hiérarchie au sein des auteurs pour définir qui va manger dans le grand salon, qui dans la cantine, là, c’est tout l’inverse. Visiteurs, organisateurs, auteurs et autorités se rassemblent autour des mêmes tables, ce qui crée inévitablement de très belles rencontres… Et alors ça, c’est le top du top.

Plus convivial que cela, ça n’existe pas.