Présentation de l’éditeur
Ceci est un livre sur la première génération d’enfants uniques en Chine, ceux nés entre 1979 et 1984. Ils ont profité seuls de tous les cadeaux matériels, de l’amour et de l’attention qu’ils auraient dû partager avec une fratrie. Pour cette raison, ils ont manqué de pratique dans tout ce qui touche à la communication, au partage, à l’entraide, à la tolérance. C’était comme si le monde n’appartenait qu’à eux.
En même temps, quand je regarde leurs croyances, leurs valeurs, leurs techniques de survie, les mots même qu’ils utilisent, je m’étonne de voir à quel point ils sont différents les uns des autres. Je crois qu’arrivés à la fin de ce livre, vous aurez peut-être, comme moi, été émus par chacun d’eux. Et vous vous apercevrez aussi que leur histoire retrace le cours des transformations rapides qui se sont produites dans la société chinoise.
Comprendre les enfants uniques d’aujourd’hui en Chine constitue une ressource inestimable pour comprendre non seulement l’avenir de la Chine, mais aussi sa manière d’interagir avec le reste du monde. Pourquoi devrions-nous écouter et essayer de comprendre la voix de cette génération ? Parce que l’avenir que nous partageons avec eux est aussi précieux que le ciel bleu.
Avis d’Emilie
On connait Xinran pour son regard critique et pourtant plein d’amour sur son pays d’origine, la Chine. L’auteur, qui habite désormais en Grande-Bretagne, se tient pourtant très au courant de l’actualité et des révolutions sociales qui ont lieu dans l’Empire du Milieu. Après avoir plusieurs fois, et avec brio, parlé des conditions de vie des Chinoises, elle s’attarde cette fois sur le devenir des enfants uniques de la première génération.
Le prologue, qui traite d’une affaire judiciaire qui a divisé la Chine, est un peu rébarbatif. Toutefois, cette affaire sert de fil rouge tout au long de l’essai, aussi vaut-il mieux se forcer un peu, même si au bout du compte, on a du mal à comprendre son intérêt. Les témoignages sont nettement plus parlants.
Xinran a, au fil du temps, rencontré plusieurs jeunes chinois chez elle, en Grande-Bretagne. Il s’agissait pour certains d’étudiants qui venaient apprendre l’anglais, d’expatriés… Avec chacun, elle a réussi à nouer le dialogue afin de les faire parler de leur condition. Surprotégés, couvés, épargnés, ce sont pour beaucoup des poussins ahuris tombés du nid. Ils ne savent absolument rien faire. Que ce soit éplucher une pomme de terre, commander au restaurant ou ranger du linge, chez eux, leur mère faisait tout pour eux, aussi sont-ils absolument démunis devant la vie courante, y compris pour les tâches les plus simples.
Xinran se propose de les aider, et cherche à connaître les pensées de ces jeunes. C’est ainsi qu’une jeune fille va lui avouer détester sa mère, qui l’a éduquée comme un animal de compagnie et non comme un enfant. À force de dialogue, souvent, mais pas toujours, Xinran parvient à compenser ces opinions tranchées. Elle-même est mère d’un enfant unique, aussi offre-t-elle un point de vue différent.
Un grand intérêt de ce livre consiste justement à entendre l’avis des mères. Elles sont très présentes dans la vie des enfants, pas forcément en réalité, mais elles se font entendre à travers le livre. Car les parents ont aussi subi cette injonction de l’enfant unique et on entend assez peu leur avis.
Comme à son habitude, Xiran nous offre un regard éclairé, partagé entre l’amour de son pays et les critiques qu’elle peut en faire. Ce livre est un très bon reflet de la société chinoise contemporaine.
Fiche technique
Format : broché
Pages : 440
Éditeur : Philippe Picquier
Collection : Grand format
Sortie : 7 janvier 2016
Prix : 23 €