Pourquoi j’ai pas mangé mon père – Avis +

Présentation Officielle

L’histoire trépidante d’Édouard, fils aîné du roi des simiens, qui, considéré à sa naissance comme trop malingre, est rejeté par sa tribu. Il grandit loin d’eux, auprès de son ami Ian, et, incroyablement ingénieux, il découvre le feu, la chasse, l’habitat moderne, l’amour et même… l’espoir.

Généreux, il veut tout partager, révolutionne l’ordre établi, et mène son peuple avec éclat et humour vers la véritable humanité… celle où on ne mange pas son père.

Avis de Valérie

Edouard est le maillon manquant, celui qui selon Darwin devrait faire le lien entre l’homme de Néandertal et l’homo-sapiens, qui a domestiqué le feu, a marché debout, donné des qualités ‘humaines’ à ses pensées et ses actions… Bref, un extra-terrestre aux yeux des siens.

Au point même, qu’au moment de sa naissance, trop rieur et pas assez simiesque, on préfère le faire disparaître au profit de son jumeau né après et bien plus dans les normes acceptables.

Par miracle, le nourrisson est récupéré par un autre rejeté car différent et ensemble ils vivent heureux, aux marges de la société des Simiens. Mais Edouard, très ingénieux et sociable, attire l’attention du roi et de son fils Vania. Si sa bonne nature attire la sympathie, ses trouvailles suscitent la peur de l’inconnu et la jalousie…

Ce projet, au départ, Jamel Debouzze a seulement accepté de faire la voix du personnage principal. Puis on lui a suggéré d’adapter les dialogues à son phrasé. Ceci fait, il a fallu tout réécrire, en devenant de plus en plus personnel, il devenait évident de lui confier la réalisation. Puis on lui a proposé la performance capture, au lieu de l’animation, et là, ce fut le moteur qui a tout rendu possible.

L’équipe a pris une année pour adapter le casque qui permet la capture des muscles faciaux en faisant par exemple passer son poids de 7 kg à moins de 500 g. Ça a modifié la donne et a permis aux acteurs de vraiment jouer un rôle. D’habitude, l’animation permet de suggérer les émotions, mais pas de les montrer.

Puis, n’oublions pas, cette technologie a permis à Louis de Funès de revenir sur le devant de la scène. C’est suffisamment impressionnant pour être noté, sans que ce soit trop présent à l’écran. Des scènes emblématiques sont insérées dans le scénario donnant un bel hommage à l’acteur comique qui a tant inspiré Jamel Debouzze.

Nous avons un scénario hyper construit, solide, et intelligent. C’est également très drôle, mais pas comme on se l’imaginait ! La sensibilité et la finesse de Jamel fait passer énormément de choses tout en évitant de masquer les belles idées par des rires faciles. Son abattage et sa manière de parler sont bien retranscrits à l’écran et sont touchants, émouvants, vivants. Ses interactions avec sa fiancée à l’écran (sa femme dans la vie) deviennent bien plus puissantes émotionnellement que l’animation numérique traditionnelle.

La technologie utilisée par l’équipe numérique est géniale ! C’est vraiment incroyablement fluide et beau. Les décors sont superbes, les mimiques des acteurs incroyables, offrant de vraies émotions. Seul souci, c’est que la capacité de Jamel Debbouze à plaire aux jeunes pourrait masquer la dureté de l’histoire qui n’épargne pas le cœur des spectateurs. Il est conseillé à partir de 6 ans, voire plus si l’enfant est sensible.

Néanmoins, tout n’est pas parfait, mais on peut dire que Jamel Debouzze a péché par générosité. Il est possible qu’un montage plus light rende le film plus accessible, mais il aurait fallu trancher un peu trop dans ce scénario riche et intelligent.

Le moyen choisi pour créer les images, soit l’animation, ne fait pas de Pourquoi j’ai pas mangé mon père un film pour enfants. C’est un superbe conte pour adultes – visible aussi par de plus jeunes – et qui dispense sans avoir l’air beaucoup de belles idées sur lesquelles réfléchir.

C’est le film à ne pas rater cette année !

Fiche Technique

Sortie : 8 avril 2015

Durée : 95 minutes

Avec Jamel Debbouze, Mélissa Theuriau, Arié Elmaleh, etc.

Genre : comédie